" ...C'est le 4 en chantant qui s'avance qui s'avance, laissez le passez..." Chant 4èmeRE
A la "ferme", on prépare activement le futur légionnaire à la mkb (marche képi blanc) et les les marches vont se succéder durant le mois (enfin 6 semaines).
Première marche: 8kms
Deuxième marche: 15 kms
Troisième marche: 20 kms
Quatrième marche : 30 kms
Marche Képi Blanc: 60 kms pour notre section sans oublier la marche de 150 kms en fin d'instruction.
La "marche" est donc une discipline à part et pour celui qui n'à jamais marcher de telles distances surtout lesté de son paquetage et de ses armes, cela représente un véritable défi.
Le plus dur, c'est de gérer le mal de pied et les blessures en tut genre car pour nous, pansement et compagnie sont interdits: motif il n'y en a pas !
Alors on improvise avec des bouts de tissus...
Le froid génère d'autres types de blessures: les tendinites car après l'effort ou mêmes régulièrement vous ne pensez pas à vous hydrater chose qu'il faut impérativement fare.
Les gelures aussi sont très fréquentes, j'avais des entailles entre tous les doigts et un camarades avaient de telles crevasse qu'ils ont du lui bander la main, la peau s'ouvrant toute seule sous l'action du froid.
Faites un "tap-rac" en hiver, sans les gants...héhé :p (tap-rac= méthode pour résoudre un incident de tir simple)
Je prenais le beurre de mon ptit dej pour en mettre sur les doigts, sur les lèvres pour me protéger du froid...
J'ai beaucoup de souvenirs sur cette période de mon instruction, l'hiver ayant été rude. Finir son boulot puis prendre une douche à 8 °C ça calme mais pas le choix, les capos nous controllaient pour qu'on prennent bien les douches.
Remarque, l'eau du lac était meilleur: 9°C.
Le froid était notre principale ennemie, on mettais même le fameux "pull atomique" pendant les marches...les rangers étaient dures mais le temps passait et ça c'est inévitable, il y a une fin à tout un jour...
J'adorais les gardes, famas à la main, je me disais que c'étais un moment à moi, un moment ou je levais la tête vers le ciel et je me demandais pourquoi j'étais ici, pourquoi je voulais devenir légionnaire mais surtout je me disais que j'allais devenir un soldat d'élite, respecté dans le milieux militaire. J'étais fier à 18 ans et 1 mois de devenir " un homme "...
Je pensais au lycée que j'avais quitté, à mes amis que j'avais laissé, aux cours qu'autrefois je loupais pour allez faire des pompes dans un petit recoin de la cour, aux heures de colles passées à dessiner des chars, à lire " Terre magazine" plutôt que "Candide de Voltaire"...
Je n'avais jamais rencontré de personnes de mon âge aux lycée partageant la même passion que moi si ce n'est un camarade de longue date, et pour fois je n' étais pas seul, j'étais avec MA SECTION, avec mes frères d'armes.
Dès fois notre sergent sortait le soir pour vérifier que nous ne dormions pas car nous dormions régulièrement dans des trous de combat, sur le piton "Anne Marie".
Sans duvets, une petite bâche au dessus de nous, sérrés avec son binôme je vous assure que la nuit était longue, très longue et le réveil généralement très brutal avec un tour des pitons en treillis rangers comme footing matinal.
La première marche de 8 quilles, je l'ai senti passer, dès les premiers 200 mètres, et ***** ça me tire au niveau des chevilles. Le sergent voit que je boîte, il accélère le rytme. Je sers les dents, mes camarades ont l'air de mieux résister que moi oui mais un va rapidement lacher prise: Chong, mon binôme ancien sauveteur de la marine à Hong Kong s'écroule!
On le relève, il dit: "moi beaucoup mal genoux..." J'ai appris par la suite qu'il avait caché lors du recrutement qu'il avait eu un accident de voiture et les deux jambes fracturées.
On ne prend pas son sac, le sergent refuse, marche ou crève loin des clichés "camaraderie"...mais ce comportement diffère suivant les chefs de groupes, les étrangers chefs de groupes sont plus dures que les francophones d'origines.
On continue, pas de p4 à l'horizon, ce qui semblait une marche de routine devînt un calvaire.
La douleur était insuportable, je sentais le cuir lacéré ma peau, je me frappais le genoux, pk ? je ne sais pas, d'énervement peut être, lorsque tu as mal, très mal et que ça dure, ca te torture l'esprit, tu as envie de tout arrêter.
Mais j'avais trouvé la solution: chanter
J'aime beaucoup les films de guerre et la à ce moment je me suis souvenue de la "chute du faucon noire"...j'ai eu comme un frisson, et je me souviens que j'ai crié: "En avant bordel de merde, plein les couilles! "
Le sergent me mis en tête du groupe, il voyait que je boitais mais j'avais la rage, je serais les dents plus fort que personne, mes autres camarades eux souffrais également et parlais de temps en temps dans la langue de leur pays, mais à mon avis on pouvait comprendre...
On arrive en vu de la ferme, le sergent nous dit: "Halte"
"Pour mon groupe, garde a vous. Pas de gymnastique, en avant marche!"
Et c'est partis pour trotiner pendant 500m
Le Lt donnait un cours à un autre groupe sur les méthodes de camouflage:
FOMEC BOT
(
Fond Ombre Mouvement Eclat Couleur Bruit Odeur Trace)=> méthode à respecter pour bien se camoubler
En arrivant, on pose les sacs, on monte le bivouac sur nos pitons dans nos trous de combats, on mange froid pas le temps...on se change rapidement et on se repose.
Bon je passe le moment ou j'enlève mes chaussettes....:p
