[FILM] « L’Ordre et la Morale »

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[FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par zoby_Zoba » 15 Sep 2011, 09:21

Le film sortira mi-novembre. Mathieu Kassovitz, dans le rôle du capitaine Philippe Legorjus du GIGN, nous entraîne dans les méandres politico-militaires de ce qui se terminera en un sanglant assaut. Souvenons-nous, avril 1988, des indépendantistes kanaks prennent 30 gendarmes en otage. Paris dépêche le GIGN avec, à sa tête, le capitaine Legorjus. La suite, on la connaît, une médiation qui échoue, la mort de deux gendarmes, dix-neufs Kanaks et cinq « morts tardives » de kanaks réputés avoir été tués après l’assaut.
« L’Ordre et la Morale », c’est le titre du film, c’est aussi les dissensions au sein d’un pouvoir partagé entre un président en quête de réélection et un premier ministre cohabitant.
Sur le terrain, à 30 heures de Paris, les tensions politiques sont palpables et les militaires en saisissent les enjeux. Une mission pourrie et dangereuse pour le GIGN qui, au-delà des vertus guerrières d’une armée de terre, sur place, prête à en découdre, recherche à tout prix une solution négociée préservant la vie de leurs camarades et la stabilité dans une région qui n’a vraiment pas besoin de s’enflammer davantage. On se souvient que la nasse se referme sur Legorjus et six de ses gendarmes, capturés par les Kanaks révoltés. C’est l’occasion inespérée de négocier et de mettre en confiance les preneurs d’otages dont leur chef Alphonse Dianou – qui, in fine et malgré la confiance établie fera les frais de l’opération.
L’armée, sollicitée pour le tournage, a décliné son aide. Regrettable ? La plaie est peut être encore trop vive, et non refermée, pour certains des aspects de cette opération pour y participer sereinement. Dommage en tout cas. Le film a été tourné ailleurs qu’en Nouvelle Calédonie, pour des raisons évidentes de sécurité, sur un atoll du Pacifique. L’environnement a été reconstitué, le plus fidèlement possible et les matériels militaires lourds reconstitués par des maquettes en carton pâte, et contre plaqué puisque l’armée a refusé son concours.
Philippe Legorjus juge le film « très beau » : "il reflète bien la réalité. Attendons de voir le film pour porter un avis sur un sujet encore brûlant dont on comprend a priori l’éloignement de l’armée…

AAC

Rappel des évènements :

Le 22 avril 1988, en réaction à la répression forcenée du mouvemeny indépendantiste par Bernard Pons, alors ministre des DOM-TOM, des indépendantistes kanak attaquèrent la gendarmerie de Faouyé sur l’île d’Ouvéa, tuant 4 gendarmes et en capturant 27 autres.
Le 5 mai, les troupes d’élite de l’armée française et le GIGN prirent d’assaut la grotte de Gossanah pour délivrer les otages, causant la mort de 2 militaires et de 19 indépendantistes kanak. Michel Rocard, nouveau Premier ministre, envoya alors une “mission du dialogue” en Nouvelle-Calédonie.
Les Accords de Matignon seront signés le 26 juin de la même année et seront suivis dix ans après par l’Accord de Nouméa.


Bande-annonce:




Source: armees.com
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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par zoby_Zoba » 20 Oct 2011, 21:50

Lors de son passage à Nantes, le réalisateur Mathieu Kassovitz a annoncé que son film "L'ordre et la morale",qui traite de la prise d'otage d'Ouvea en 1988, ne serait finalement pas distribué en Nouvelle-Calédonie.


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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par Charlie Bravo » 08 Nov 2011, 10:34

Les avant-premières se poursuivent, il y en a une ce soir à l'UGC Champs-Elysées en présence de Michel Rocard (qui a pris position pour défendre le film), les acteurs kanaks, l'équipe de prod, Legorjus, etc.

Le film reçoit de très bonnes critiques dans la presse, un succès quasi-assuré maintenant à mon avis...
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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par Animal Mother » 12 Nov 2011, 15:07

Ce film ne cesse apparemment de faire des remous:

http://www.lefigaro.fr/cinema/2011/11/1 ... sovitz.php

Ouvéa : les mensonges de Kassovitz

L'Ordre et la Morale, le film de Mathieu Kassovitz sur la prise d'otages d'Ouvéa, en avril-mai 1988, sort mercredi sur les écrans. En choisissant jusqu'à l'exaltation le point de vue unique de Philippe Legorjus, ex-patron du GIGN, il tourne résolument le dos à la réalité historique. La preuve en six contre-vérités criantes.


«Si la vérité blesse, alors le mensonge tue.» Telle est la chute de L'Ordre et la Morale, signé Mathieu Kassovitz, l'homme qui filme gourdin à l'épaule (La Haine, Gothika, Babylon AD...) pour asséner sa vision du monde. A cette aune, c'est peu dire que son dernier opus «tue»: non que ce film manichéen ne puisse se regarder avec plaisir, mais parce qu'il prend délibérément le parti d'assassiner la vérité des faits qu'il prétend restituer.

Certes, du côté du chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, on préfère pour l'instant observer un prudent silence radio. Mais les principaux protagonistes, de l'affaire, eux, ne s'y sont pas trompés: dès le 3 novembre, Bernard Pons, ministre des Dom-Tom au moment des faits, le général Jacques Vidal, qui commandait l'opération «Victor» , le colonel de gendarmerie Alain Benson, chargé des opérations de police judiciaire après l'assaut, et le magistrat otage Jean Bianconi ont publié un communiqué commun. Ils y affirment qu'«ils n'ont eu ni les comportements, ni tenu les propos qui leur sont respectivement prêtés, lesquels relèvent d'une déformation de la réalité, voire de la pure désinformation». Bref, l'honnêteté intellectuelle et l'objectivité factuelle ne semblent guère compatibles avec la conception de la «morale» affichée par Mathieu Kassovitz et Philippe Legorjus. Revue de paquetage.

1 - La démocratie bafouée

Premier rappel historique : pour s'afficher (très) à gauche, Kassovitz et Legorjus ont visiblement un problème avec le suffrage universel et la démocratie. On ne comprend rien, en effet, au drame d'Ouvéa, du 22 avril au 5 mai 1988, entre les deux tours de l'élection présidentielle, si on ne le resitue pas dans son contexte politique local de l'époque, que le film se garde bien d'évoquer: sept mois plus tôt, le 13 septembre 1987, a eu lieu en Nouvelle-Calédonie le «référendum Pons» d'autodétermination, Jacques Chirac étant Premier ministre de la première cohabitation mitterrandienne. La question posée aux 150.000 habitants de la Grande Terre et des Iles Loyauté (Lifou, Maré et Ouvéa) est limpide comme les eaux du lagon: «Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à l'indépendance ou demeure au sein de la République française?» En dépit de l'appel au boycott du scrutin par le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), la réponse des urnes est dure comme un coco-fesse: 59 % de participation et 98,3 % en faveur de la France. Une large majorité absolue (58 % des inscrits !) s'est prononcée contre l'indépendance, faisant au passage voler en éclats le mythe d'une communauté mélanésienne entièrement acquise à la cause de « Kanaky ».

C'est à partir de cette formidable claque électorale que les «comités de lutte» - l'aile militaire du FLNKS - vont basculer dans les actions terroristes du type Ouvéa, ayant compris que leur succès ne sortirait jamais des urnes - ces urnes que fracassait à coups de tamioc, fin 1984, leur héros et martyr Eloi Machoro, avant d'être abattu à La Foa par un tir de précision au FR F1 du capitaine Jean-Pierre Picon (GIGN). De quoi relativiser, pour le moins, l'image idyllique des gentils Kanaks un peu paumés, à la culture coutumière pleine de courtoisie et cherchant à se libérer de «l'aliénation coloniale», telle qu'elle est présentée jusqu'au ridicule par Kassovitz et Legorjus.

2 - Gentils gendarmes contre militaires sadiques

Dans le film, dès l'arrivée du GIGN à Ouvéa, la cause est entendue : le fait que Philippe Legorjus soit placé sous l'autorité du général Jacques Vidal, commandant sur place le Régiment d'Infanterie de Marine du Pacifique (RIMaP), aboutit inéluctablement à une «algérisation» de la situation, avec tous les dérapages inhérents en termes de respect des droits de l'homme, dans une île coupée du monde et interdite à la presse. C'est ce que montrent à l'envi les scènes d'interrogatoires hypermusclées avec matraques électriques, assimilables à des scènes de torture, des populations locales pressées de dire où se sont réfugiés les preneurs d'otages. Là encore, le mensonge est patent: dans la réalité, seul le GIGN avait en dotation de telles matraques électriques, contrairement à l'armée de terre. La preuve: dans la grotte, quelques jours plus tard, deux vieux coutumiers accompagnant les « porteurs de thé » reconnurent deux otages fraîchement attrapés qui avaient utilisé ces instruments contre leurs familles. Il s'agissait de deux GIGN accompagnant Legorjus.

3 La schizophrénie de Legorjus

Comme il le revendique dans son dernier livre, Legorjus éprouve dans sa jeunesse «une fascination pour la révolution de 1968 et pour la "théologie de la libération"», cette dérive marxisante de l'Eglise catholique venue d'Amérique latine, qui a fait tant de mal à la foi chrétienne. Il est donc une proie facile pour ce que l'on nomme, sur le « Caillou », le «bouton canaque»: une séduction pour la culture mélanésienne qui s'empare souvent des petits Français de métropole fraîchement débarqués (les «zoreilles», dont Kassovitz est l'exemple parfait), impressionnés par ces langues où le verbe avoir n'existe pas, ces tribus où l'on est possédé collectivement par la terre nourricière, où le respect des anciens est sacré et dicte une vie collective qui fleure bon le communisme originel. «La place centrale de la nature, le rapport au temps, la structure sociale m'ont séduit, écrit Legorjus (...) C'est un monde de consensus qui garantit, à chacun, la sécurité économique et morale. Ni misère ni exclusion (...) C'est une société sans classe». Avec ce degré de sympathie objective pour les preneurs d'otages emmenés par Alphonse Dianou, on mesure le dilemme qu'a vécu l'ex-patron du GIGN, soixante-huitard dans l'âme. Mais alors, pourquoi ne s'est-il pas lui-même démis de son commandement ?

4 - Incapable de diriger l'assaut

Dans un entretien réalisé fin mai dernier avec le «Chef» Michel Lefèvre, ancien sous- officier au GIGN de 1981 à 1993, qui commandait l'assaut sur l'entrée de la grotte d'Ouvéa, celui-ci déclare à propos de son patron de l'époque: «Je suis curieux de voir ce film, car je pense que le capitaine Legorjus n'a pas assumé son rôle sur le terrain d'être à la tête de ses hommes. Il aurait dû obéir au général Vidal qui était son patron. Il n'a pas voulu en assumer les risques et les responsabilités. Les officiers du 11e Choc et du commando Hubert étaient bien là, eux, et je les en remercie encore. Suite à cette affaire, Legorjus a d'ailleurs perdu sa crédibilité au GIGN, qu'il a quitté peu après. Dans ce film, je pense qu'en se mettant en vedette, il cherchera à rattraper la mauvaise image qu'il a pu laisser lors de cette prise d'otages. La politique, j'en étais bien loin. Moi je voyais surtout mes camarades souffrir et comme l'assaut était décidé, il fallait y aller. La négociation ne nous a amenés qu'à avoir des otages en plus...» Le même Michel Lefèvre raconte en privé que dans l'avion du retour qui ramenait le GIGN a Paris, après le dénouement, tous les hommes «faisaient la gueule à Legorjus», isolé dans un coin de l'appareil. Etant le plus ancien du groupe, il est allé le voir et s'est entendu dire par l'intéressé : «Ne t'en fais pas, vous serez tous récompensés par des médailles!» Est-il besoin d'en rajouter?

5 - La multiplication des «corvées de bois»

À voir le film qui sort mercredi, l'armée s'est déshonorée : sur les dix-neuf preneurs d'otages indépendantistes tués à Ouvéa, cinq auraient été froidement exécutés à l'issue des combats, au mépris de toute éthique militaire. Si ces «corvées de bois» étaient avérées, elles seraient d'autant plus choquantes qu'elles émaneraient d'unités d'élite de l'armé française (11e Choc de la DGSE, commando Hubert de la marine, GIGN...). Or tous les participants de l'opération «Victor» que nous avons pu rencontrer et interviewer depuis, quelle que soit leur arme d'appartenance, sont formels sur un point : aucun coup de feu n'a été entendu sur zone après la fin de l'assaut et la libération des derniers otages. Il est en revanche établi que le décès d'Alphonse Dianou, blessé au genou puis victime de sévices, ainsi qu'un autre cas suspect ont été dénoncés par l'enquête de commandement qui a suivi. Et que l'officier de gendarmerie responsable a été durement sanctionné.

6 - Le baiser de Judas

Au générique du film, au chapitre des remerciements, on appréciera le soutien apporté - même symbolique financièrement - par la Province Nord et la Province des Iles, à majorité pro-indépendantiste. On ne peut s'empêcher de rappeler que début avril 1988, deux semaines avant l'attaque de la gendarmerie de Fayaoué, où quatre gendarmes sont froidement assassinés et un cinquième grièvement blessé par le commando, le numéro 2 du FLNKS Yeiwéné Yeiwéné, bras droit de Jean-Marie Tjibaou chargé d'animer les « comités de lutte », accompagné de Franck Wahuzue et d'Alphonse Dianou, le chef des preneurs d'otages, étaient venus à Ouvéa, depuis Nouméa, effectuer une reconnaissance de cette action coup de poing. Ils avaient voyagé sur un vol de la compagnie domestique Air Calédonie avec des billets d'avion aimablement réglés par la même Province Nord. Une vraie garantie d'objectivité et... d'indépendance.

* Rédacteur en chef des Nouvelles Calédoniennes Hebdo à Nouméa, au moment des faits, l'auteur de ces lignes était présent dans la grotte d'Ouvéa au lendemain de l'assaut, après avoir «dîné» la veille au soir côte à côte avec les capitaines Legorjus et Picon.
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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par Charlie Bravo » 12 Nov 2011, 16:25

Tiens c'est marrant le figaro qui cite un interview du Chef Michel Lefèvre paru il y a quelques mois sur gign.org..... PDT_Armataz_02_02
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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par Charlie Bravo » 14 Nov 2011, 12:29

"Legorjus affabule avec un aplomb incroyable"

L'ancien commandant des Forces armées de Nouvelle-Calédonie, qui a dirigé de bout en bout l'opération "Victor" de libération des otages d'Ouvéa, a vu en avant-première "L'Ordre et la Morale". Réactions... indignées.


Le Figaro Magazine Mon général, que pensez-vous du film de Mathieu Kassovitz sur Ouvéa?

Général Jacques VidalC'est un film partisan qui travestit les faits. Il y a d'un côté les bons, les Kanaks et Legorjus, et de l'autre les méchants, les politiques et les militaires. Kassovitz, qui prétend avoir fait une reconstitution historique des événements, n'a jamais consulté Bernard Pons, qui était localement le responsable politique de la crise, ni moi-même qui en étais le responsable militaire. Il a seulement écouté les Kanaks et surtout Legorjus, qui a réécrit l'histoire à sa gloire, soucieux de rétablir son image sérieusement ternie auprès de ceux qui l'avaient vu sur le terrain, notamment ses hommes du GIGN. Il a d'ailleurs dû quitter son unité peu après l'opération, faute de crédibilité auprès de ses subordonnés.

Legorjus prétend qu'il tenait en main une solution négociée et que les politiques, pour des raisons électorales, ont fait la sourde oreille.

Cette double assertion est totalement fausse. Legorjus affabule avec un aplomb incroyable. D'une part, les politiques, aidés par les militaires, ont tout fait pour négocier une sortie honorable avec les ravisseurs. Ils ont d'ailleurs partiellement réussi puisque les onze otages prisonniers dans le sud de l'île ont été libérés par la négociation, sans aucune violence, au bout de trois jours.

Malheureusement, le chef des ravisseurs, Alphonse Dianou, a constamment refusé de discuter et a déclaré jusqu'à la fin de l'assaut qu'il mourrait dans la grotte, et les otages avec lui. Si François Mitterrand, président de la République et chef des armées, a ordonné l'assaut, c'est qu'il avait la conviction que toutes les négociations avaient échoué et que la survie des otages, notamment celle du capitaine du GIGN Jean-Pierre Picon (auteur du tir contre Eloi Machoro trois ans plus tôt, et que les preneurs d'otages tentaient d'identifier, ndlr) était directement menacée.

D'autre part, Legorjus ment lorsqu'il prétend qu'il était en train de parvenir à un accord avec les ravisseurs kanaks. La seule chose qu'il soit parvenu à négocier, c'était sa propre sortie de la grotte pour aller directement contacter Franck Wahuzue, un leader du FLNKS. Mais cet intermédiaire s'est avéré inopérant. Après cette sortie, Legorjus n'est plus retourné dans la grotte et le seul contact qu'il a eu avec Dianou s'est fait par radio, pour lui proposer la venue d'une équipe de télévision. Hors ce bref contact, il n'a plus dialogué avec lui et n'a pu par c****équent trouver un accord. Dans le film, on a l'impression qu'il a passé beaucoup de temps dans la grotte alors qu'il y est resté en tout et pour tout une nuit et deux brèves journées.

Après le départ de la grotte de Legorjus, c'est le magistrat Jean Bianconi, toujours retenu en otage, qui a servi d'intermédiaire entre les ravisseurs et moi. C'est donc lui seul qui aurait pu trouver une solution si les ravisseurs s'étaient avérés moins fanatiques.

Le film évoque également des interrogatoires musclés et des exécutions sommaires après l'assaut. Que répondez-vous à cela?

Avant la découverte de la grotte, j'ai demandé au capitaine Legorjus d'interroger quelques suspects pour obtenir des informations sur le lieu de détention des otages, dans le but de négocier avec les ravisseurs leur libération, comme nous avions réussi à le faire dans le sud de l'île. J'estimais que la qualité de gendarme des membres du GIGN offrait des garanties suffisantes pour conduire, en présence d'officiers de police judiciaire, ce type d'investigation. Jamais les militaires de l'armée de terre n'y ont participé. Je suis resté trois jours sur la place de Gossanah avec le lieutenant-colonel de gendarmerie Alain Picard, qui avait de bons contacts avec la population, notamment avec le pasteur Tom Tchacko. Celui-ci n'est jamais venu dénoncer de mauvais traitements. C'est seulement après l'opération que l'on a parlé d'abus, qui n'ont jamais été prouvés.

Legorjus prétend que des exécutions sommaires ont eu lieu après l'assaut et que Jean Bianconi a dû intervenir pour arrêter le «massacre». C'est encore faux, comme Bianconi l'atteste. Le magistrat est sorti de la grotte en même temps que tous les otages à la fin de l'assaut. Plus aucun coup de feu n'a alors été tiré. Il a simplement aidé les gendarmes à distinguer, dans le groupe des prisonniers rassemblés, les ravisseurs des « porteurs de thé », parce qu'il les connaissait et offrait sa garantie juridique. S'il y avait eu des exécutions sommaires, Legorjus aurait dû les empêcher puisqu'il prétendait avoir dirigé le retrait des forces après l'opération. Et pourquoi n'a-t-il pas alors donné le nom des coupables, comme c'était son devoir ? En fait, c'est un mégalomane qui ne craint pas de se contredire. Ne déclarait-il pas à l'AFP, le 12 mai 1988 : «Affirmer aujourd'hui que des ravisseurs ont été exécutés est un mensonge pur et simple, et constitue une injure pour les morts kanaks, tous tombés les armes à la main»?

J'ajoute qu'il y a eu une enquête de commandement diligentée par Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense, et qu'elle a conclu effectivement à des sévices sur le blessé Alphonse Dianou, lors de son évacuation, qui ont pu provoquer sa mort. Tout le monde, moi le premier, l'a reconnu. Des sanctions ont été prises contre le coupable.

Qu'attendez-vous de ce film ?

Malheureusement, rien de bon. Je crains qu'à la veille d'un référendum primordial pour l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, il ne réveille là-bas les passions que les accords de Matignon et Nouméa avaient apaisées. Mathieu Kassovitz prétend avoir fait œuvre d'historien, il a au mieux réalisé une fiction militante autour des événements d'Ouvéa. Je rappelle qu'il n'y aurait pas eu toutes les victimes que l'on déplore encore aujourd'hui sans le lâche assassinat de quatre gendarmes et la blessure grave d'un cinquième, et si les ravisseurs avaient accepté de relâcher leurs otages comme je le leur avais instamment demandé pendant quatorze jours. Je rappelle également que cette opération a permis de libérer les 24 otages sains et saufs, fait rarissime dans les annales, que deux militaires du 11e Choc y ont laissé la vie, et que leurs familles, comme celles des quatre gendarmes, n'apprécieront pas de voir les assassins de leur père ou de leur mari érigés en héros par M. Kassovitz. Le nombre des ravisseurs tués a certes été élevé et je le déplore vivement. Mais comme je l'explique dans mon livre *, cela tenait à la végétation très dense et à la nature des combats, qui exigeaient un assaut violent et rapide pour éviter que les ravisseurs n'aient le temps d'exécuter leurs otages. Dans toutes les libérations d'otages réussies, par exemple Entebbe en 1976 et Marignane en 1994, tous les ravisseurs ont été abattus. A Ouvéa, un tiers d'entre eux a eu la vie sauve.

*Grotte d'Ouvéa. La libération des otages, Volum Editions (6, rue de Kerogan, 29000Quimper).


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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par Charlie Bravo » 17 Nov 2011, 10:11

Un ancien se lâche sur Legorjus : http://www.armees.com/ouvea-l-ordre-et- ... 55216.html

Signé " ADJ GIGN ER..."
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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par Charlie Bravo » 17 Nov 2011, 10:13

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L'ordre et la morale selon Mathieur Kassovitz (écrit par "bibi") : http://www.gign.org/groupe-intervention/?p=2958
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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par Animal Mother » 18 Nov 2011, 19:52

N'ayant pas vu le film (et je pense que je pourrai m'en passer), je ne suis cependant pas d'accord avec ton article, certes très intéressant et argumenté, sur le fait qu'il risque de creuser un fossé entre Gendarmes et Militaires... Il me paraît en effet difficile actuellement d'opposer Gendarmes et membres des trois autres Armes que sont la Marine, l'A.d.Terre et l'A.d.Air ne serais+ce que par le statut militaire des Gendarmes, par leur formation encore très axée Armée, et par le sentiment d'appartenance justement au corps Militaire, sentiment très fort que mes collègues gendarmes revendiquent et s'emploient à protéger malgrès un rapprochement avec la Police.
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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par Charlie Bravo » 19 Nov 2011, 10:36

Ouvéa : un ancien du GIGN raconte sa version

Le film "L'ordre et la morale" revisite la prise d'otages d'Ouvéa en 1988. Bernard Meunier y était. Voici son récit des événements. Âgé de 26 ans en 1988, Bernard Meunier faisait partie de la quinzaine de membres du GIGN envoyés sur place pour libérer les gendarmes pris en otages par des indépendantistes. Lui-même se retrouve otage avec cinq autres camarades et est retenu dans la grotte d'Ouvéa pendant huit jours. Son récit des événements diffère sensiblement de la version livrée par le film de Mathieu Kassovitz, et de celle du capitaine Legorjus, chargé des négociations.

Le Point.fr : Quand la prise d'otages éclate, vous êtes envoyé à l'autre bout du monde pour une mission inhabituelle. Comment se déroulent vos premiers pas sur l'île d'Ouvéa ?

Bernard Meunier : Nous sommes quinze hommes du GIGN fraîchement débarqués. Premier objectif : rechercher la grotte, via Gossanah. Un certain nombre de ravisseurs sont en effet originaires de ce village. Sur place, on interroge la population, mais les gens refusent de nous donner le moindre renseignement. Le troisième jour pourtant, un des vieux du village vient nous trouver : "On va vous emmener sur place, on fera coutume avec eux, et vous essaierez de leur parler. Il faudra de toute façon aller sur le terrain de la négociation." Eux aussi en avaient marre de cette histoire, des perturbations qu'elle occasionnait dans leur vie.

Vous vous mettez alors en marche dans la jungle pour entrer en contact avec les preneurs d'otages. Et au bout de plusieurs heures vous repérez leur planque. Comment êtes-vous accueillis ?

Par des coups de feu. Nous sommes en effet vite repérés par les gardes, qui blessent un des nôtres. Nous nous replions et décidons de revenir le lendemain, mieux équipés. Très vite nous sommes rejoints par Jean Bianconi, le substitut du procureur. Il a pu fixer un rendez-vous un peu plus tôt avec Dianou [le chef des preneurs d'otages, NDLR] par radio. Déterminé, il part à sa rencontre. Spontanément, le capitaine Legorjus court le rejoindre. Pendant deux heures, nous n'avons aucun contact avec eux, quand soudain on entend hurler. Samy, un gendarme mélanésien, nous rejoint et nous explique la situation : "Legorjus a dit qu'il était accompagné de six hommes. Les ravisseurs veulent voir six armes. En cas de refus, le militaire que vous avez entendu crier sera exécuté, suivi d'autres."

Que décidez-vous de faire ?

Nous possédions chacun trois armes : six sont rendues inutilisables et données à Samy, qui fait la navette. Puis les otages volontaires, dont je fais partie, s'avancent un par un à la rencontre des gardes kanaks. Sur place, je découvre un paravent rocheux sous lequel s'abritent une vingtaine de gendarmes mobiles. J'aperçois le magistrat Bianconi, Legorjus. Comme eux, nous sommes rapidement ligotés, pieds et mains liés, après avoir été mis à nu et fouillés.

Pendant ce temps, que font vos collègues restés en arrière ?

Pour éviter que les indépendantistes ne découvrent combien nous sommes réellement, ils décident de reculer. Mais dans le feu de l'action, un sac à dos est laissé sur place, inévitablement retrouvé par les Kanaks. À l'intérieur, ces derniers découvrent des combinaisons d'intervention GIGN, avec l'écusson bien visible. Là-dessus les ravisseurs comprennent à qui ils ont réellement à faire. On nous menotte deux par deux et on nous fait descendre dans le trou. Nous sommes ainsi séparés des autres gendarmes et subissons alors des conditions de vie encore plus difficiles. Dans la nuit, Legorjus parvient à se faire libérer pour initier les pourparlers avec le gouvernement français. À ma connaissance, et contrairement à ce que montre le film de Kassovitz, il n'est jamais revenu à la grotte. En revanche Bianconi, lui aussi libéré, avait imposé de pouvoir nous visiter tous les jours.

Et les jours passent...

Et Bianconi tient promesse. Il apporte quotidiennement à boire, des informations, et prend la "température locale". Il voit notre état de santé se détériorer, faute de nourriture. On perdait un kilo par jour. La détresse morale se faisait sentir aussi : régulièrement Dianou et ses hommes descendaient nous faire des sermons politico-mystiques, exerçant des simulacres d'exécution... On voyait par leurs propos irrationnels qu'ils iraient jusqu'au bout, prêts à mourir les armes à la main si Mitterrand ne venait pas en personne signer leur indépendance ! Une version confirmée par le rapport de la Ligue des droits de l'homme. Informées, les autorités comprennent que seul un assaut permettra de dénouer la situation. Bianconi nous apprend qu'une intervention est programmée pour le lendemain. La veille de l'opération, il réussit à nous faire passer deux pistolets, dissimulés entre ses jambes ! Ces armes permettront de sauver l'ensemble des otages.

Le Jour J arrive, comment se déroule l'attaque ?

Avant l'attaque, on essaye d'avertir les gendarmes de ce qui se prépare. Tâche difficile, car plusieurs sont atteints du syndrome de Stockholm. Prétextant une météo très agitée, nous tentons alors de les convaincre de dormir dans la grotte, afin de les "mettre à l'abri". La majorité nous écoute. Quand finalement l'assaut est lancé, nous ne voyons rien mais entendons tout de l'affrontement, qui durera de 8 heures à 13 heures. À deux reprises, les Kanaks nous canardent au fond de la grotte, nous obligeant à répliquer pour nous défendre. Pendant ce temps, les militaires progressent et finissent par arriver à l'entrée de la cavité. Ne sachant pas exactement qui se trouve à l'intérieur, et ne voulant pas apparaître comme des cibles faciles, le GIGN balance du gaz lacrymogène pour faire sortir tout le monde. Les Kanaks se retirent les armes à la main, puis l'on entend une voix venant du fond de la grotte, qui nous dit de venir. Nous comprenons qu'il y a une autre issue où nous attendent nos collègues. Les GIGN otages organisent l'évacuation des gendarmes. En début d'après-midi, nous sommes évacués sur St-Joseph.

"L'ordre et la morale" dénonce des exécutions sommaires commises par les militaires ? Qu'en est-il ?

Ce sont des rumeurs qui ont commencé à circuler par la suite, jamais prouvées. Kassovitz prétend avoir enquêté pendant dix ans sur cette affaire afin de tourner un film documentaire, presque historique. Il dit avoir rencontré des militaires, mais selon moi, il n'a parlé qu'à Legorjus. En relisant les procès-verbaux d'époque, on voit bien que le capitaine récuse ces accusations et les qualifie de "pur fantasme". Pourtant, 23 ans après, il change sa version. Peut-être une façon d'apaiser sa conscience ?

D'autres incohérences apparaissent selon vous dans ce long-métrage ?

Il y aurait beaucoup à dire. Par exemple, sur cette thèse qui voudrait que lors de l'occupation de la gendarmerie de Fayaoué, l'intention des indépendantistes était pacifique. Ils sont venus à 35, armés, dans une garnison où la plupart des hommes ne l'étaient pas. Ils ont profité de leurs bonnes relations avec eux pour les tromper, puis les tuer et les finir à l'arme blanche !

Le capitaine Legorjus est au centre de l'intrigue. Comment le perceviez-vous ?

Legorjus est présenté comme une sorte de héros, alors qu'il enchaîne les ratés dans cette histoire. Il a donné aux ravisseurs des otages supplémentaires, et s'est livré lui-même ! On ne peut pas commander, négocier, et être otage en plus ! Legorjus prétend par ailleurs qu'il était sur le point d'aboutir à un compromis en faisant venir une équipe de journalistes pour l'interviewer. Cela aurait juste contribué à grossir les rangs des otages... Jean Bianconi, lui, passe presque pour un idiot. Alors que s'il y a un héros dans cette histoire, c'est bien lui.

Le Point
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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par Charlie Bravo » 19 Nov 2011, 10:40

Animal Mother a écrit :N'ayant pas vu le film (et je pense que je pourrai m'en passer), je ne suis cependant pas d'accord avec ton article, certes très intéressant et argumenté, sur le fait qu'il risque de creuser un fossé entre Gendarmes et Militaires... Il me paraît en effet difficile actuellement d'opposer Gendarmes et membres des trois autres Armes que sont la Marine, l'A.d.Terre et l'A.d.Air ne serais+ce que par le statut militaire des Gendarmes, par leur formation encore très axée Armée, et par le sentiment d'appartenance justement au corps Militaire, sentiment très fort que mes collègues gendarmes revendiquent et s'emploient à protéger malgrès un rapprochement avec la Police.


Certes, mais la différence entre gendarmes et militaires a toujours existé et existe aujourd'hui plus que jamais du fait de leur rapprochement au MinInt, du point de vue de l'armée surtout. Ce n'est pas forcément le fait qu'ils soient opposés, ils travaillent ensemble et on le voit malgré tout dans le film à leurs dépends, mais c'est surtout qu'ils sont contraints de mélanger leurs méthodes parfois de "biffins" et de police militaire (prévôté) qui se marient très bien aujourd'hui en opex (Afghanistan) alors que c'est tout le contraire que l'on montre aujourd'hui. C'est ça qui est dommage à mon sens.
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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par Charlie Bravo » 20 Nov 2011, 11:13

Les anciens continuent à "régler leurs comptes" avec Legorjus : http://www.armees.com/derriere-l-ordre- ... 55482.html
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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par Charlie Bravo » 23 Nov 2011, 16:40

100 354 entrées entre le 16 et le 22 novembre. Ce n'est pas tip top en fait...
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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par Arnaud » 23 Nov 2011, 17:33

C'est déjà toujours mieux que "Forces Spéciales"...
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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par jackfirefighter63 » 10 Déc 2011, 20:41

Bonsoir, forcément que c'est mieux PDT_Armataz_02_14 Le sujet est différent et l'approche du film aussi.

Cordialement, hugo.
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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par Charlie Bravo » 11 Déc 2011, 08:47

L'ordre et la morale a fait moins de 140 000 entrées alors que FS en a fait tout juste un peu moins de 200 000... PDT_Armataz_02_29
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Re: [FILM] « L’Ordre et la Morale »

Message par jackfirefighter63 » 23 Fév 2012, 11:46

Bonjour, les derniers propos de Mathieu Kassovitz sur le cinéma français quoiques un peu lointains déjà, illustrent parfaitement sa mentalité de mauvais perdant. C'est bien beau de critiquer "forces spéciales" mais encore fallait-il que son film: "l'ordre et la morale" fasse plus d'entrées. Ce qui n'est pas le cas PDT_Armataz_02_27.

Kassovitz reste à mon sens un bon réalisateur (cf: " les rivières pourpres") mais sur ce coup, c'est S.Rybojad qui a gagné PDT_Armataz_02_32.

http://www.staragora.com/news/nouvelle- ... ais/439347

Cordialement, hugo.
jackfirefighter63
 
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