La CIA se militarise mais elle risque d'y perdre son âme

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La CIA se militarise mais elle risque d'y perdre son âme

Message par Charlie Bravo » 05 Oct 2011, 11:30

En se focalisant sur la traque et l’élimination des terroristes, la CIA s’est militarisée, quitte à brouiller les lignes avec les missions dévolues à l’armée, mais elle risque de perdre de vue ses traditionnelles missions d’espionnage.

Le raid mené début mai contre Oussama Ben Laden en a été l’expression : des forces spéciales de la Marine ont mené à bien l’assaut mais l’opération elle-même a été conduite sous le contrôle de la puissante agence de renseignement, dont la mission première est pourtant de recueillir et d’analyser des informations pour le gouvernement américain.

« Le prédécesseur de la CIA pendant la Seconde guerre mondiale, l’OSS, se concentrait sur les opérations paramilitaires et essayait de semer le chaos derrière les lignes ennemies. La CIA n’a depuis jamais perdu cette activité », souligne Richard Kohn, professeur à l’université de Caroline du Nord. Mais les actions du service clandestin ont changé de dimension depuis le 11-Septembre : l’Agence mène une traque mondiale aux terroristes, les capture ou les élimine.

Au Pakistan, les drones, bien que pilotés depuis les Etats-Unis par des militaires de l’armée de l’Air, sont dirigés par la CIA. En Afghanistan, elle a même mis sur pied une armée de 3000 Afghans pour pourchasser les insurgés. « La CIA n’a jamais autant ressemblé à son ancêtre l’OSS qu’en ce moment », confie à l’AFP Michael Hayden, directeur de l’Agence de 2006 à 2009.

[b]Activité « intensément opérationnelle »[/b]

Les différences culturelles entre le Pentagone et la CIA se sont estompées, « grâce notamment aux nombreux analystes de la CIA en Irak qui ont favorisé l’émergence d’une culture commune », écrit le chercheur Raphaël Ramos dans un article du Centre européen de recherche stratégique (ESISC).

L’activité de la CIA est devenue « intensément opérationnelle » depuis le début de la « guerre contre le terrorisme », juge pour sa part un ancien responsable du renseignement américain. « A cause de la nature particulière de cette guerre, l’action clandestine consomme une part historiquement importante de l’énergie de l’Agence », explique-t-il.

Pour lui, dans la lutte contre Al-Qaïda, la mue de la CIA est une réussite : « Nous tuons les gens plus vite qu’ils ne peuvent les remplacer ». De son côté le commandement des opérations spéciales du Pentagone (JSOC) a institutionnalisé sa collaboration avec les agents de Langley. Ce n’est pas sans poser de problèmes légaux, selon l’Union pour les libertés civiques (ACLU). Au contraire de la CIA dont les opérations clandestines peuvent être niées par le gouvernement, les activités militaires des forces spéciales sont soumises à un cadre législatif plus contraignant.

Pour le secrétaire à la Défense Leon Panetta, cette interaction entre forces spéciales et CIA donne au président américain « une certaine flexibilité » dans l’emploi de la force.


Une agence de renseignement

Les liens sont tels que l’actuel patron du Pentagone était auparavant directeur de la CIA. Il y a été remplacé par David Petraeus, général tout juste retraité. M. Panetta a de son côté succédé au Pentagone à Robert Gates, qui a passé 27 ans à la CIA. Pourtant le risque est d’oublier la raison d’être de la CIA, une agence de renseignement.

« Même si au niveau tactique et opérationnel nous avons vu de réels progrès et innovations, je reste inquiet à propos de la qualité de notre renseignement au niveau politique et stratégique », a déclaré Robert Gates peu avant de quitter le Pentagone fin juin. L’ancien responsable du renseignement évoque lui le besoin de garder les « idées larges » et « le risque d’être noyé par l’action clandestine et de ne pas accorder assez d’attention à l’analyse et à l’espionnage habituels ».

Pour Richard Kohn, le risque pour Washington est de ne « pas voir venir des développements cruciaux dans le monde ». En se concentrant sur les terroristes mais en oubliant la population dans son ensemble, les Etats-Unis n’ont pas vu venir le printemps arabe.


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Charlie Bravo
 
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