par shinnemesis » 11 Juil 2006, 14:58
Simulation de prise d'otage :
Attentat terroriste à l'aéroport international de Saphir
Le mercredi 15 juin courant, le monde entier a retenu son souffle en apprenant une sanglante prise d'orages signée par le mouvement APIL (Armée populaire internationale de libération) à l'aéroport international de Saphir. L'enceinte aéroportuaire fut aussitôt bouclée et les opérations de gestion de la crise mises en place avec célérité. Tous les scénarios étaient envisagés, de la négociation à l'intervention musclée. Ouf, le massacre a pu être évité in extremis et la bande de terroristes mise sous les verrous. Le Roco 3 de l'ONDA, troisième exercice de simulation d'une situation de crise de la série, a tenu toutes ses promesses en prenant pour théâtre des opérations, l'aéroport de Fès, une infrastructure de moyenne importance assurant des liaisons internationales.
Abdelhanine Benallou, Directeur général de l\'ONDA.
Roco, nom de code pour les simulations de situations de crise menaçant le transport aérien, porte la griffe de tous les partenaires professionnels directement concernés et dont l'identité est révélée par les initiales. R comme RAM, O comme ONDA, C comme Civil aviation authority et O comme OACI. Bien entendu, d'autres partenaires participent aux opérations de sûreté, la DGSN, les troupes d'élite de la Gendarmerie Royale (GISGR), l'ADII, les services de la santé, de la Protection civile...Cette troisième réplique fut nettement plus peaufinée et mieux préparée que les deux précédentes qui se sont déroulées le 29 mai 1998 à l'aéroport Mohammed V de Casablanca et le 24 mai à Agadir. Dans le premier cas, un acte de piraterie détournant un avion sur le Maroc et dans le second une simulation de prise d'orages. La formation préalable, assurée fin mai dernier par l'Académie internationale Mohammed VI de l'Aviation civile a permis de gagner en maturité dans le paramétrage et l'anticipation des événements prévisibles et en célérité dans la coordination des chaînes de décisions entre les divers centres de commandement. Le ROCO de Fès a mûri dans les deux volets majeurs présidant aux issues favorables en situations de crise : l'efficacité du plan d'urgence et la cohérence de la chaîne de commandement.
Les objectifs visés par cet exercice de lutte antiterroriste intéressaient la mise en place d'une équipe affermie de gestion de crise, l'efficience des circuits de commandement et le fonctionnement et l'équipement du CDOU (Centre directeur des opérations d'urgence). Les autres objectifs poursuivis avaient trait à la mise en oeuvre du plan d'action d'urgence, la coordination avec les services d'appui externes dont la Santé et la Protection civile, le traitement des victimes de l'attentat et, en dernier, la mise en cohérence entre les procédures et les règles de gestion en situation exceptionnelle mobilisant les différents services et acteurs partenaires impliqués. Sans oublier la gestion médiatique de l'événement.
Après le dénouement réussi de la prise d'otages suite à des négociations qui ont duré plusieurs heures, l'évaluation par les experts et les acteurs concernés a abouti à un constat satisfaisant qui a fait témoigner le représentant officiel de l'OACI (Organisation internationale de l'aviation civile) en ces termes : "le Maroc a fait ses preuves et donne l'exemple pour être cité en modèle remarquable de gestion des situations de crise".
Le Maroc, un modèle remarquable de gestion des crises
Les faits simulés. Une trentaine de passagers fraîchement débarqués à l'aéroport international de Saphit (Fès Saïss) sont pris en otage par un groupe extrémiste exigeant un avion à disposition et une très forte rançon. Les voies d'accès au site sont entièrement bouclées. Les journalistes dépêchés sur les lieux se heurtent à un sérieux barrage des forces de l'ordre. Ils scandent des slogans revendiquant le droit à l'information. Quelques minutes s'écoulent quand un premier communiqué officiel, faisant état de la libération d'un otage après négociations, leur est fourni par un des responsables du PC de crise. Entre-temps, à l'intérieur de l'enceinte aéroportuaire, certains passagers encore bloqués paniquent en apprenant une alerte à la bombe et ont eu juste le temps de se disperser avant qu'elle n'explose. Les négociations avec les terroristes piétinent et un otage est aussitôt abattu. D'autres sont blessés. En témoigne le sol ensanglanté et des traces de lutte qui parsemaient la zone d'enregistrement des bagages. Les sirènes d'ambulance déchiraient l'air de temps à autre pour effectuer la navette entre les lieux de l'attentat et l'hôpital Mohammed V de Fès. Les choses empirent et le climat au Centre de commandement des opérations est au comble de la surexcitation. Les menaces de massacre généralisé se suivent. Des instructions sont données en état d'alerte maximum au commando d'élite de la Gendarmerie Royale pour se tenir prêt à intervenir au signal codé. Ces derniers réglaient leurs armes, vérifiaient leur équipement de protection, les gilets pare-balles, préparaient entre eux les modalités pratiques d'intervention, se répartissaient les tâches...Au fur et à mesure que les heures s'écoulaient, les négociations semblaient progresser, quoique lentement, car des otages étaient libérés de temps à autre. En fin d'après-midi, fut déclaré le final du dénouement heureux de la prise d'otages sans que l'on puisse être en mesure confidentialité des services de sûreté oblige, des terroristes.
Benallou s'explique...
Le dynamique patron de l'ONDA n'est pas homme à verser dans la langue de bois. Il s'est volontiers prêté au feu des questions sans en esquiver aucune. Mais surtout, il acceptait, avec une objectivité plutôt rare à ce niveau ces temps-ci, les critiques formulées à l'endroit des failles du système qu'il acceptait très sportivement. Au risque d'ailleurs de balayer les " offensives "de justification de ses collaborateurs. La faille la plus criarde dans l'exercice intéresse, justement, la gestion des médias en période de communication de crise. " En effet, nous devons maîtriser davantage cet aspect pour anticiper sur les dégâts provoqués par les autres sources extérieures cherchant à nuire en pareil cas de figure ou sur les rumeurs médisantes. La communication de crise sera l'un des principaux points à améliorer lors des prochains exercices", a admis Abdelhanine Benallou.
Au plan de la périodicité des Roco, un grand décalage a été remarqué entre les deux premières simulations, espacées de 2 ans, et celle de Fès intervenant...cinq ans après. Pourtant, dans l'intervalle, le monde entier a tremblé, au moins à trois reprises, avec les attentats (aériens justement ) de septembre 2001 aux USA, les attentats du 16 mai de Casablanca et ceux du 11 mars 2004 à Madrid. La réaction du Directeur Général de l'ONDA ne s'est pas fait attendre : "en effet, ce genre d'exercice est prévu d'être renouvelé tous les deux ans conformément à notre programme national de sûreté aéroportuaire. Mais, bon, ce n'est pas la fin du monde si, cette fois-ci, les conditions de programmation de Roco 3 a nécessité plus de temps. Disons que, ce coup-ci, les choses ont été mieux mûries et bien ficelées, formation comprise". Non sans ajouter que ces dernières années, des mesures de prévention draconiennes ont été prises en matière de surveillance électronique, de clôture des infrastructures aéroportuaires et de contrôle des accès par les portiques. "La protection et la sécurité des aéroports ont été placées au plus haut niveau avec les rayons X, les portiques et le système de renforcement de la protection au niveau des zones d'accès et d'embarquement", se défend Benallou. Toujours est-il que l'autorité internationale en la matière, l'OACI, a accordé un satisfecit d'encouragement au déroulement de Roco 3 dans les modalités d'intervention répondent aux normes des standards internationaux en vigueur.