Alors que le soutien des citoyens américains à la politique du président G.W. Bush sombre et que la population irakienne, notamment la majorité chiite, continue d'être frappée par de sanglants attentats, il convient d'effectuer une mise au point sur cette facette déterminante de la situation dans l'ancienne Mésopotamie.
La santé économique du pays s'est considérablement améliorée depuis l'ère Saddam et la chute du régime baasiste. Le PIB/tête est en effet passé de 500$ en 2003 à 1500$ aujourd'hui, et le taux de croissance, selon le Fonds Monétaire International, devrait atteindre 10% cette année. En outre, malgré le gaspillage et les entraves bureaucratiques, inévitables dans le cadre d'une telle reconstruction, plus de 30.000 nouvelles entreprises ont été enregistrées auprès de l'agence américaine pour le développement international (USAID) rien que durant ces sept derniers mois. De plus, afin d'attirer les I.D.E. (investissements directs à l'étranger) et faciliter la reconstruction, les barrières douanières tarifaires ont été abaissées à un niveau moyen assez faible (5%). L'Iraq Stock Exchange, quant à lui, demeure néanmoins complètement hermétique aux flux financiers étrangers, ce afin de protéger cette jeune place boursière créée en 2004 de la prédation économique internationale. Ce "protectionnisme éducateur", pour reprendre les termes de l'économiste allemand F. List, n'a néanmoins pas endigué la croissance du I.S.E., dont la capitalisation est passée de 1,15 milliards fin 2004 à 2,14 milliards fin 2005. Enfin, le secteur bancaire irakien, autrefois corrompu et inadapté, monte en puissance au sein de l'économie de l'Irak post-Saddam et le nouveau dinar, nouvelle monnaie officielle introduite en 2003, est stable et communément utilisé.
Il y a néanmoins une ombre non négligeable au tableau; la production pétrolière. En raison des nombreuses attaques contre les pipelines et de la vétusté des installations, le niveau d'avant invasion n'a toujours pas été retrouvé. Les accusations de "guerre énergétique", irrecevables tant factuellement que rationnellement, ont de surcroît poussé Washington à ne pas accorder, financièrement et techniquement, l'importance qu'elle mérite à l'industrie pétrolière irakienne.
La vivacité économique irakienne en ressort donc encore plus étonnante lorsque l'on connaît le poids de la production d'hydrocarbures et que l'on y ajoute un contexte sécuritaire instable. Elle tranche d'ailleurs singulièrement avec les analyses et prospectives apocalyptiques généralement véhiculées par les médias traditionnels.
Il ne fait aucun doute que cette amélioration économique est une condition essentielle de la reconstruction et de la pacification de l'Irak; la prospérité constitue en effet une arme redoutable, mais toutefois non suffisante, contre le terrorisme et l'insurrection qui minent aujourd'hui le pays.
Données: The Wall Street Journal & The American Observer
source: Ordre 66