La négociation

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La négociation

Message par savage » 16 Nov 2004, 18:57

La langue est l'organe le plus mou, mais elle peut couper des têtes (proverbe juif)

Le négociateur de police, bien que souvent en retrait de la scène, joue un rôle prépondérant dans toute prise d'otages. Des décisions de vie et de mort sont en jeu dans la balance durant le dialogue entre le négociateur et le preneur d'otages. Un seul mot de travers, ou un mot pronnoncé avec colère peut coûter la vie à des innocents. Le stress, l'émotion, l'anxiété mentale ou physique sont à leur plus haut niveau dans les premières minutes de la prise d'otages.

Les psychologues appelent ça le "syndrôme du rat coincé". Tout ce qui est possible doit être entrepris afin d'alléger le stress et la pression de ces facteurs au plus vite. Très souvent, les premières personnes sur le lieu de la prise d'otages sont les forces de l'ordre habituelles, qui sont placées bien involontairement dans le rôle du négociateur. C'est donc une bonne raison pour que chaque membre des forces de l'ordre connaissent les bases de la négociation.

Un exercice important lors de la formation du négociateur est le jeu de rôles. Cependant, ce n'est pas le seul exercie intéressant. Un bon cours de prise de parole en public peut aider, car cela expose l'intervenat à parler avec, et à des étrangers. Cela aide également à améliorer sa diction. La diction est importante, certains mots selon la manière de les prononcer peuvent apporter un sens différent à la phrase. Un mot de travers peut coûter une vie.

Lors du dialogue avec le preneur d'otages, le négociateur sera d'abord engagé dans un échange de questions-réponses. C'est donc une bonne pratique que de parler publiquement aussi souvent que possible, et de répondre aux questions du public. C'est pour cette raison que ces cours doivent être encouragés.

Nous connaissons tous beaucoup d'animateurs radios, ils sont entraînés à avoir un débit de parole facile, une élocution fluctuante et une attitude relâchée à l'antenne. Les auditeurs sont immédiatement mis en confiance par l'animateur. Il faut s'en souvenir, c'est exactement ce que le négociateur a besoin de faire avec le preneur d'otages: abaisser la pression et le stress de la situation aussi rapidement que possible (le mettre en confiance).

Comme déjà mentionné, le jeu de rôle est une part importante de la formation. Il faut prendre d'autres membres des forces de l'ordre, ou des volontaires civils (à condition d'enquêter sur eux auparavant) pour jouer le preneur d'otages. Plannifier à l'avance la scène avec les volontaires.
Est-ce que la communication avec le preneur d'otages se fera au téléphone, à travers une porte vérouillée, une fenêtre ouverte, ou un véhicule? Est-ce juste un hold-up de banque qui tourne mal, ou une école remplie d'enfants pris en otages? Le preneur d'otages est-il un suspect barricadé, ou mentalement dérangé?


Il suffit de s'inspirer d'affaires actuelles qui font le titre des journaux, ou de regarder dans les archives des différents services des GI.
NB: Souvent les élèves de cette formation ont tendances à oublier qu'ils auront à vivre des situations impliquant des décisions de vie et de mort, il ne faut donc pas s'entraîner à la légère.

Il faut accentuer l'importance de ce genre de formation. Il faut avoir l'équipement nécessaire sous la main à chaque cession: téléphones, portes, rideaux, fenêtres, enregistreurs magnétophones, carnets de notes, café et sandwiches.

Pour être un négociateur efficace il faut combiner les caractéristiques et les qualités d'un vendeur, d'un acteur, d'un prêtre, d'un psychologue, d'une mère, d'un père, d'un frère et d'une soeur. Il faut passer du temps à étudier ces rôles. Observer comment ils gèrent une situation, et prendre beaucoup de notes.

La tâche d'un négociateur est très exigeante, à la fois mentallement et physiquement, et peut s'étaler sur plusieurs heures, ou plusieurs jours. L'un des traits du bon négociateur est d'avoir l'attitude de vouloir sincéremment aider. Il faut vraiment voir l'importance de "sincéremment".

Si le preneur d'otages a l'impression que le négociateur ne fait que jouer un rôle, ou n'est concerné qu'uniquement par la sécurité des otages et leur bien être (et non également celui du preneur d'otages), il suspectera toute chose que le négociateur pourrait dire ou faire. Il faut établir dès le départ une impression de sincérité. Il faut que le preneur d'otage comprenne que le négociateur est là pour l'aider lui. Si ce n'est pas le cas le dialogue va être très difficile.

Il faut laisser croire au preneur d'otages que la situation est sous son contrôle, ainsi il ne se sentira pas sans défense ni coincé. Si un preneur d'otages fait des demandes irréalisables, il ne faut pas nécessairement les refuser tout de suite. L'important est de gagner du temps et de calmer la situation. Il faut établir des phrases clés telles que "je vais voir ce que je peux faire", ou "je sais que mon supérieur ne voudra pas, mais je vais faire tout ce que je peux".

Il ne faut jamais faire de promesses qui ne seront pas tenues (le preneur d'otages peut s'en servir comme prétexte). Il faut clairement montrer que le négociateur n'est qu'un maillon entre le preneur d'otages et le monde extérieur, et que tout dépend de ses supérieurs. Il faut avoir une certaine lattitude dans les décisions, mais ne rien donner sans recevoir quelquechose en retour. Toujours marchander avec le preneur d'otages.

Un atout majeur du négociateur est la pratique d'une seconde langue. Aux Etats-Unis ce pourrait être l'espagnol (en raison de l'importance de la communauté issue de l'Amérique du Sud), en France ce serait le corse ou l'arabe.

Lors de l'apprentissage de cette seconde langue il est important d'étudier la culture et les traditions du pays aussi bien que les mots. Par exemple: au sein de la même langue (anglais), il existe différentes cultures (anglaise, australienne, américaine, etc). Un mot d'argot américain peut avoir un sens différent pour un britannique.

Lors de la formation du négociateur il a été observé que les hommes et les femmes sont tout aussi bons l'un que l'autre dans cette spécialité, à certaines exceptions: Il est important que le négociateur "colle " au rôle de preneur d'otages. Un des problèmes des "négociatrices" est que le preneur d'otages fait souvent des remarques obscènes sur elles.

Très souvent lors des formations les négociatrices sont prises au dépourvues si l'acteur (jouant le preneur d'otages) commence à parler de fantasmes sexuels à l'autre bout du fil. Les négociatrices doivent donc être prévenues de ces risques, et savoir détecter lorsqu'une situation présente les signes d'un dialogue stérile, ou tournant à l'obssession. Il doit être clair pour le preneur d'otages que la négociatrice est un professionnel, et qu'elle est ici pour l'aider.

Une dernière remarque avant de poursuivre: Un seul négociateur à la fois doit communiquer avec le preneur d'otages. Ce dernier pourrait abuser de la situation en montant un négociateur contre l'autre, un peu comme un enfant avec ses parents. Chaque personne est différente, le preneur d'otages pourrait chercher un meilleur marché à faire avec un autre négociateur si il y en a plusieurs d'engagés au même moment.


Principes de négociations:

Il y a plusieurs principes qui doivent être suivis lors du dialogue avec le preneur d'otages. Parmi ceux là, il y a deux règles cardinales:

1. les membres des forces de l'ordre (ou le négociateur) ne sont pas utilisables comme otages.
2. Le négociateur ne doit pas s'exposer au preneur d'otages.

Les premières négociations doivent (si possible) prendre place depuis une position protégée. Il ne faut pas s'exposer aux tirs ni au danger sans raison.

Comme vu plus tôt, le négociateur est là pour aider. Une fois les lignes de communication établies avec le suspect, la première phrase à sortir de la bouche du négociateur doit être "je suis le négociateur envoyé par la police. Comment puis-je vous aider?". En faisant celà, le négociateur s'identifie, et offre son aide au suspect.

Parfois c'est tout ce qui est demandé pour amener un suspect à se rendre. Beaucoup de preneur d'otages se trouvent dans cette situation par stupidité, manque de préparation, malchance, ou un plan qui tourne mal. Ils veulent l'assurance que les forces de l'ordre ne les tueront pas.

Si le preneur d'otages désire réellement se rendre, il y a deux manières d'approche. Le suspect relâche tous les otages, puis sort du bâtiment, ou le suspect peut lâcher son arme, et sortir seul, laissant les otages à l'intérieur. La deuxième solution est parfois préférable au cas où le suspect changerait brusquement d'avis, et ferait usage de son arme.
Il faut faire attention lorsque les otages sont relâchés.

Chaque otage peut être suspecté d'être le preneur d'otages. Les otages doivent être escortés loin de la zone, fouillés, entravés (si il n'y a aucun besoin d'assistance médicale), et interrogés. Lors d'une prise d'otages il n'y a aucune garantie.

Si le preneur d'otages refuse de se rendre, le processus des négociations commence. La plupart des preneurs d'otages vont immédiatement formuler des demandes. Il faut gagner du temps afin de collecter des renseignements, puis les utiliser lors de l'ellaboration d'une stratégie. L'une des meilleures manières est de dire au preneur d'otages que le négociateur veut le connaître.

Cela établira un intérêt sincère envers le suspect et son action, et cela aidera également à calmer la situation en achetant du temps pour les otages, et pour la préparation du groupe d'assaut. Certains preneurs d'otages peuvent raconter l'histoire de toute leur famille.


Négociateurs civils:

L'attitude habituelle est de les éviter comme la peste, mais les GI commencent maintenant à revenir sur leurs décisions. Tout le monde a vu des films où un gentil père, prêtre, cousin, femme, etc arrive à amener le suspect à se rendre. Dans la vraie vie ce n'est pas comme ça. Ce peut être justemment cette mêrme personne qui a poussé le suspect à en arriver là.

Plus d'une personne s'est retrouvée au cimetière à cause des bonnes intentions de quelqu'un. Si pour n'importe quelle raison un négociateur civil doit être demandé, ses intentions doivent d'abord être analysées en profondeur avant toute prise de contact avec le suspect.


Ligne de conduite:

Il faut éviter toute référence à la mort, ça ne servirait qu'à ajoutter à la tension et à la pression de la crise. Si le preneur d'otages y fait référence sans jamais être "contredit", il faut calmer le jeu, et lui rappeller qu'il n'a jamais été question de mort. De plus, il faut montrer le moins possible d'attachement aux otages. Les allemands ont une politique montrant que la sécurité des otages est secondaire, et cette politique est connue de tous les terroristes.

Les américains sont un peu plus tendres dans ce respect, et se sont toujours montrés trop concernés par la sécurité des otages. Evidemment les forces de l'ordre sont concernées par la sécurité des otages, mais il ne faut pas trop le montrer. Beaucoup de preneur d'otages (particulièrement les terroristes) interprètent cette attitude comme un signe de faiblesse, et s'en servent à leur avantage en établissant des menaces (réelles ou fictives) contre le bien être des otages.
Il faut utiliser des phrases clés comme "y a t'il quelqu'un de blessé?". Cette question porte à la fois sur les otages et sur le suspect. Il faut être honnêtement concerné par la sécurité de chacun. L'honnêteté est primordiale dans les rapports avec le preneur d'otages.


Eviter des otages supplémentaires:

Ce principe est évident, mais il faut le rappeller, surtout au début de la formation. Il faut refuser toute demande d'otages supplémentaires.
Dans certaines situations, des négociations face à face peuvent se dérouler. Si c'est le cas, certains principes sont à respecter: Il faut faire promettre au preneur d'otages qu'à aucun moment il ne blessera le négociateur, ni ne braquera son arme sur lui. C'est une demande raisonnable de la part du négociateur, sur laquelle le preneur d'otages sera d'accord.

Si possible, les négociations face à face se feront sous la surveillance d'une équipe de snipers. Il ne faut jamais rencontrer plus d'un preneur d'otages à la fois, le négociateur pourrait se trouver lui-même pris en otage. Il faut garder à l'esprit une route de sortie au cas où les choses tourneraient mal. Il ne faut jamais tourner le dos au preneur d'otages, mais essayer de garder un contact visuel. Ne faire aucun mouvement brusque (considére comme agressif), et enfin, rester hors de portée immédiate du preneur d'otages.

En suivant ces étapes il sera possible de commencer à donner des ordres au preneur d'otages. Cependant, viendra aussi un moment où il faudra prendre une décision, et la continuation des négociations ne servira qu'à couvrir la préparation de l'équipe d'assaut.

article à but purement informatif. Copie interdite.
savage
 
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Message par ade » 17 Oct 2005, 11:56

tout simplement genial merci beaucoup
ade
 

Message par madkill » 05 Jan 2006, 17:47

vraiment interessant. merci beaucoups de se texte.

MADKILL
madkill
 

Message par guigui » 26 Jan 2007, 13:24

très intéressant merci beaucoup PDT_Armataz_02_02
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guigui
 
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