Leçons de l'expérience de guerre d'un sniper

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Leçons de l'expérience de guerre d'un sniper

Message par savage » 17 Déc 2005, 17:48

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Traduction du manuel d’instruction de l’Armée Rouge (fournie par un ami, instructeur TE actuellement dans un regiment para), donc ne pas s'étonner de certains commentaires "partisans" à l'égard de l'armée allemande de l'époque.

une exclu pour les membres du forum!
(COPIE INTERDITE)


c'est à mi chemin entre manuel militaire theorique, et journal perso d'un combattant de l'époque



CHAPITRE 1 : LE SNIPER ET SES PROBLEMES AU COMBAT.


On peut appeler “ sniping ”, dans les grandes lignes, l’art de bien tirer au fusil. Cet art peut être atteint à la suite d’un entraînement tenace et ininterrompu.

Toutefois, ce serait une erreur d’appeler sniper un homme qui est simplement un excellent tireur. Le chasseur qui place sa balle dans l’œil de l’écureuil n’est pas un “ sniper »

Le sportsman qui abat toutes les cibles sans perdre une seule balle n’est pas un sniper non plus. Ce sont simplement des tireurs de précision.

Néanmoins, le tir de précision est une des qualités essentielles du soldat-sniper. Il rapproche le chasseur et le sportsman de la spécialité militaire du soldat-sniper, et avec la préparation appropriée, va les aider à devenir des snipers.

Le sniper doit acquérir aussi les habitudes et les procédés d’un chasseur. Le chasseur tâche d’être plus rusé que son gibier, le sniper doit être plus rusé que l’ennemi.

Avant tout, le sniper est un soldat.

Le sniper est un tireur de précision, qui doit s’adapter au mieux aux circonstances du combat et qui peut résoudre seul les problèmes qui se présentent à lui durant la bataille.
Il doit savoir bien se camoufler, afin de rester invisible pour l’ennemi, avoir un sens aigu de l’observation et connaître les procédés d’observation de l’ennemi.
Le sniper est un homme volontaire, de grande endurance et de patience. Il doit être habile, leste, et avoir des réflexes rapides. Toutes ces qualités lui permettent d’utiliser au mieux son arme et de battre l’ennemi à coup sur.

Le sniper doit bien connaître la théorie du tir, lire facilement la carte topographique et, généralement, être instruit dans le milieu militaire.
L’art du sniper consiste à trouver l’objectif, à évaluer son importance, à déterminer les distances auxquelles il se trouve, ensuite à l’anéantir.
Les qualités individuelles de combattant sont d’une importance primordiale dans la conduite du sniper, car il mène le combat dans des conditions où, les qualités morales, sa volonté et son cerveau tendus jusqu’aux limites extrêmes, sont dans l’intention de tromper et de vaincre l’ennemi.

Le courage lié au sang-froid compte parmi les plus belles qualités de n’importe quel combattant, mais pour un sniper, ces qualités sont absolument indispensables.
Dans l’art aussi compliqué que le “ sniping ”, dans la lutte avec l’ennemi qui sait utiliser à la perfection ses armes, on ne doit pas être inférieur à lui, et à plus forte raison, commettre des erreurs.
Dans cette lutte, l’audace et le courage doivent être accompagnés d’endurance, de ruse et de raisonnement.


Le travail très important du sniper, en dehors de l’anéantissement de l’ennemi, consiste en l’observation ininterrompue et méticuleuse de l’ennemi. La réussite du sniper au combat dépend beaucoup de son aptitude à observer et à déterminer les cibles. Rien ne doit échapper à son champ visuel. Il doit savoir, dans tous les milieux, à tout moment, et en toutes circonstances, parfois dans des conditions météorologiques difficiles, démasquer et anéantir les objectifs.

Voilà pourquoi un sniper doit être un excellent observateur. Pour apprendre à observer, il faut consacrer autant de temps et d’exercices pratiques, qu’il faut de temps et d’exercices pour devenir un excellent tireur au fusil.
Le plus souvent, le sniper au combat est seul pour résoudre les problèmes qui se présentent à lui pour anéantir l’ennemi. C’est pourquoi il doit avoir de l’instruction tactique, savoir utiliser le terrain et les moyens de camouflage.

L’expérience de la grande guerre patriotique a démontré que les meilleurs résultats sont obtenus quand les snipers agissent par paires ; lorsque l’un agit en qualité de tireur, l’autre agit en qualité d’observateur. Au combat, ils changent les rôles toutes les 20 à 30 minutes, car l’observation prolongée aux jumelles fatigue les yeux.

Ainsi, le sniper doit être un tireur de première classe et un observateur expérimenté, qui sait, non seulement trouver la cible, mais aussi évaluer sans erreur, la distance jusqu'à elle.
Il peut sembler à première vue, que le sniper est un homme extraordinaire, un super homme. C’est faux, avec la préparation appropriée, chacun peut devenir un sniper, à condition de ne pas avoir de défauts physiques essentiels. Toutes ces qualités indispensables au sniper peuvent être développées au moyen d’un entraînement tenace. Quant à la théorie du tir, elle s’apprend en l’étudiant.

Quels sont les problèmes qui se présentent au sniper au combat ?

Le problème du sniper, c’est d’anéantir les objectifs importants, en particulier ceux qui apparaissent pour une courte durée. Ces cibles peuvent être : les snipers de l’ennemi, ses officiers, ses observateurs, ses agents de transmissions, ses servants de pièces d’artillerie, de mitrailleuses, de mortiers, les appareils d’observation (télémètres, binoculaires et périscopes), les créneaux des points fortifiés, les points d’observation, les équipages des chars immobilisés, les automitrailleuses, les canons automoteurs, les avions volant à basse altitude et les parachutistes en cours de descente.

Selon le temps et dans les différentes péripéties de combat, l’importance des cibles peut varier. Le sniper doit anéantir celle qui dans un moment donné, présente le plus d’importance. Par exemple, si le sniper voit simultanément parmi les troupes de l’adversaire passées à l’offensive, un officier et un tireur FM, il doit avant tout priver l’ennemi du commandement en tuant l’officier et provoquer de ce fait un désordre dans les rangs ennemi, et ensuite, avec son deuxième coup, anéantir le tireur.

Le tableau sera changé si le sniper soutient l’offensive de son propre détachement. Dans ce cas, à l’apparition simultanée des même cibles, le sniper est obligé avant tout de tuer le tireur FM et, en le faisant, donner à son détachement la possibilité de s’approcher de l’ennemi avec le moins de pertes, de passer à l’attaque, et de l’anéantir. Après seulement, il doit viser les autres cibles.

Si le sniper est bien camouflé et ne risque pas d’être démasqué par l’ennemi, en l’absence d’objectifs importants, il doit déterminer toutes les cibles apparaissant dans son champ visuel, entre autres les tireurs ennemis.

Par contre, si l’endroit d'où le sniper fait feu est dangereux pour lui, il doit tirer seulement sur les objectifs particulièrement important ; un tel endroit n’est admissible que si le sniper a pour mission de repérer et de détruire une cible importante déterminée. En choisissant un emplacement de tir, le sniper fait feu une ou deux fois, après quoi il change immédiatement de position.

Parfois, le sniper fait feu sur des objectifs autres que les combattants ennemis. De leur propre initiative ou en exécutant les ordres du Commandement, ils peuvent tirer sur les points d’observation des chars et automitrailleuses arrêtées, sur les créneaux des points fortifiés, sur les motocyclistes, les mitrailleurs, sur des avions à basse altitude, binoculaires, périscopes, les appareils de pointage des pièces d’artillerie et des mortiers.

Dans la plupart des cas, l’importance d’un problème ou d’un autre est conditionnée par les différentes circonstances du combat propre à une situation déterminée, et ne peut être deviné à l’avance. L’art du sniper consiste à trouver un tel objectif pour son coup de feu, et dont l’anéantissement, dans un moment donné, aidera au mieux son détachement pour résoudre le problème donné.
Ainsi le sniper est un tireur de précision, agissant de la meilleure manière dans les circonstances momentanées du combat seul ou en faisant partie d’un détachement.

Qu’exige-t-on du sniper et quelles sont ses obligations ?
Pour qu’il réussisse au combat, le sniper est obligé de :

Savoir anéantir l’objectif d’un seul coup de feu :
Cela peut être atteint par un tireur expérimenté, connaissant parfaitement son arme, sachant exactement déterminer les distances, par la vitesse et la précision de ses mouvements. Le sniper doit deviner intensément, anéantir l’objectif du premier coup. Pour réussir, il doit étudier en détail les particularités de tir de son arme.

Conserver constamment son arme et l’appareil optique de visée en parfait état :
Le sniper doit constamment être sur de pouvoir utiliser son arme dans n’importe quelles situations. Pour cela, il doit méticuleusement soigner son arme. Conserver l’arme signifie l’entourer de soins constants, la préserver des chocs, particulièrement le canon, la culasse mobile(surtout pendant les déplacements dans les tranchées et en rampant), éviter la pénétration du sable et de la terre dans le canon. Obligatoirement après chaque tir, il doit nettoyer et graisser l’arme. La culasse mobile et l’appareil de visée exigent des soins particuliers.

Savoir utiliser au mieux le terrain et les moyens de camouflage :
Se camoufler signifie tromper la vigilance de l’ennemi et, par conséquent, avoir la possibilité de l’anéantir avant qu’il ne fasse feu sur notre sniper. La réussite des snipers dépend en grande partie de leur aptitude à utiliser le terrain. Sous-estimer le camouflage signifie s’exposer au danger et ne pas être à la hauteur dans l’art militaire. Savoir bien se camoufler est une des principales caractéristiques du sniper en tant que militaire, qui le distingue du tireur sportsman. Le sniper doit utiliser le terrain avec art pour ne pas être démasqué par l’adversaire.

Avec précaution et inaperçu de l’ennemi, il doit s’approcher le plus près possible de l’objectif choisi :
Attendre avec patience le moment propice et détruire l’objectif à coup sur. Après quoi, toujours en se camouflant, il doit changer d’emplacement de tir.

Observer continuellement et sans interruption le champ de bataille :
Epier et trouver des objectifs aux indices les plus insignifiants et déterminer exactement la distance jusqu’à eux. Trouver la cible à temps, évaluer son importance, déterminer la distance et l’anéantir dés le premier coup, cela signifie liquider opportunément le danger et préserver ses camarades des pertes. Trouver l’objectif au moyen d’indices n’est pas si simple : pour cela, le sens de l’observation, l’expérience et la patience sont nécessaires.

Savoir agir pendant la nuit, durant le mauvais temps, sur le terrain rencontré, à n’importe quelles du jour et de la nuit :
Selon l’indication de son commandement, assurer la liaison avec les artilleurs, servants des mortiers et des mitrailleuses, leur communiquer les données concernant les objectifs repérés, indiquer au moyen de balles traceuses les cibles importantes pour l’artillerie et les mortiers (mais invulnérables aux balles) : les chars, les canons automoteurs, précis d’artillerie et les observateurs.

Dans les moments critiques du combat(en repoussant une attaque ou une contre-attaque) :
Savoir intensifier le feu jusqu’à son point culminant, en le laissant toujours guider par les mêmes principes que dans les circonstances habituelles, c’est-à-dire anéantir avant tous les officiers de l’adversaire, ensuite les tireurs au FM(et aux mitrailleuses) et les soldats se trouvant en avant des autres à l’offensive etc...

Savoir manier la baïonnette, la grenade à main, le poignard, la crosse, et, en cas de nécessité, participer au combat corps à corps.


C’est un grand honneur pour le soldat de l’armée soviétique d’être sniper, de tenir dans ses mains l’arme du sniper et de défendre par ce moyen notre Patrie. Connaître à fond son arme et la manipuler à la perfection est une obligation sacrée pour le sniper.
Dernière édition par savage le 17 Déc 2005, 17:59, édité 2 fois.
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Message par savage » 17 Déc 2005, 17:49

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CHAPITRE 2 : LES SNIPERS DU FRONT DE LENINGRAD PENDANT LA GRANDE GUERRE PATRIOTIQUE

COMMENT JE SUIS DEVENU SNIPER !

Le 30 août 1941, le détachement où je me trouvais, fut transféré dans les environs d’une importante cité ouvrière, NIVIKAI DOUBROWKA, à proximité de LENINGRAD.
Nous avons reçu l’ordre d’établir la défense le long de la rive droite de la NEVA. Sur la rive opposée, au fond des bois, on entendait les bruits du combat. Nos derniers détachements battaient en retraite en quittant la rive gauche de la NEVA. Jusqu’au 6 septembre, dans la zone de défense, nous étions tranquilles. Mais à partir de ce jour, l’aviation fasciste a commencé de bombarder nos positions.

Les bombardements duraient depuis le lever du jour jusqu’au coucher du soleil, DOUBROWKA fut incendiée. La scierie brûlait, les baraquements étaient abandonnés par la population. Là, pour la première fois, j’ai vu les cadavres déformés de nos citoyens soviétiques qui ont péri à la suite des explosions des bombes d’aviation. Avec la compassion pour le malheur de ces hommes, naissait la haine à l’égard de ceux qui ont envahi notre pays. Ce sentiment de haine a grandi de jour en jour.

Le 8 septembre, j’ai vu pour la première fois des hitlériens. Dés le matin ils ont commencé à se déplacer le long de la rive gauche de la NEVA, sur la chaussée menant à SCHLISSELBOURG. Dans le fracas des chars et des automitrailleuses, se déplaçaient les motocyclistes, les camions et les colonnes d’infanterie de l’ennemi. Mais personne ne tirait dessus, pourquoi ? Comme en réponse, derrière moi, ont retenti les détonations des pièces d’artilleries et, sitôt après, les nuages des explosions sont apparus non loin de la chaussée sur laquelle se déplaçaient les troupes fascistes. La colonne se dispersait. J’aurais aussi voulu tirer sur eux pour voir comment ils courent pour s’abriter des balles. Brusquement, dans mon cerveau, je me représente avec une netteté étonnante le tableau suivant :

Je me suis couché au bord d’un fleuve, en tenant dans les mains notre fusil soviétique de combat avec l’appareil optique de visée, le fusil des snipers, et, à chaque coup, je tue un adversaire. La vision étant si claire, qu’à partir de ce moment, mon plus cher désir a été d’avoir dans mes mains le fusil du sniper. Mais je ne possédais pas cette arme. Le même jour au soir, avant le coucher du soleil, j’étais désigné pour observer la rive occupée par l’ennemi. Tout à coup, à 300-350 mètres en avant de notre ligne de défense avancée, j’aperçut deux hitlériens. En voyant ces maudites gueules de fascistes, je n’ai pas pu résister à la tentative, et je demandai à notre chef de Bataillon l’autorisation de tirer. « Pourvu qu’ils restent ! » Pensais-je. Le Commandant a donné l’autorisation et moi, je les ai abattus. Ainsi, le 8 septembre 1941, j’ai commencé l’extermination des occupants. Mais, bien que mon fusil ne tire pas mal, mon rêve était toujours d’avoir un vrai fusil de sniper. Mon rêve a été connu de l’Unité, et voilà qu’un jour, dans la matinée, une infirmière, Rita ROSMANVA, s’approche de moi, me remet un lourd fardeau et me dit : « C’est pour vous, il me semble que vous avez désiré ce fusil ! » Avec précipitation, j’ai développé la toile de tente. Oui, c’était exactement le fusil que j’avais désiré. On m’a raconté, plusieurs jours après, que son propriétaire, un soldat blessé et évacué à l’hôpital, se séparait à contre cœur de son fusil et se préparait à partir de l’hôpital en emmenant son arme. Il se tranquillisa seulement quand on lui dit que le Commandant avait ordonné de remettre obligatoirement ce fusil à un autre sniper.

Le fusil était au-dessus de toutes les éloges. Je l’ai démonté, enlevé une légère couche de rouille, graissé et, quelques heures après, personne ne pouvait dire qu’il était resté quelque temps dans la NEVA. Alors, je me suis senti un véritable sniper ! L’aube me trouvait dans nos lignes avancées. Nos camarades se préparaient à aller se reposer après une nuit harassante et sans sommeil, et moi, je les ai remplacés pour de longues heures dans les postes d’observation.

Une fois, j’étais couché dans un abri blindé, en réfléchissant à beaucoup de choses, mais mes yeux accomplissaient toujours leur travail en observant l’ennemi. Tout à coup, j’entendis une conversation derrière moi. En me retournant, j’aperçut un Colonel que je ne connaissais pas, mon chef de Bataillon et quelques officiers. Le Commandant se rendait chez le Colonel et ils ont procédé à l’inspection de nos lignes de défense avancées. J’ai distingué nettement les paroles «sniper PICHELINTZEW «. Le mot «sniper » a commencé d’être employé chez nous. Quelques jours après, nous avons appris avec beaucoup d’émotion le discours du camarade STALINE prononcé le 6 novembre 1941. Nous étions émus jusqu’au fond de nos âmes par notre chef suprême.

Je me souviens avec quelle émotion j’ai lu à mes camarades de combat, dans ces graves journées de novembre 1941, l’appel du camarade STALINE : « Exterminer tous les occupants allemands, jusqu’au dernier, qui ont envahi notre patrie en vue de l’asservir. » Chacun de nous a réfléchis profondément. Moi, je pensais avec satisfaction que j’avais déjà commencé à accomplir l’ordre du camarade STALINE et que 37 ennemis exterminés par moi étaient le commencement de mon compte de vengeance.

De plus en plus souvent mes camarades m’accompagnaient sur les lignes de défense avancées. Je leur enseignais l’art du tir de précision. Le 23 novembre, le chef de Bataillon m’a félicité pour le bon travail accompli et, le 3 décembre, mon chef d’Unité m’a offert une montre à titre de récompense.

Dans ces graves journées pour la patrie, j’ai reçu plusieurs lettres. Chacune d’elles nous a donné du courage et ravivé notre haine contre les envahisseurs allemands. Je suis parti au front étant «komosol » (Jeunesses Communistes), je ne me souviens d’aucun événement de ma vie non lié à la Jeunesse Communiste ! Parmi les lettres conservées que j’ai reçues au front, plusieurs émanaient des KOMOSOLS de Leningrad. Voici, par exemple, le texte d’une lettre que j’ai reçue de la part de la Jeunesse Communiste de l’usine NOGNINE :

« Cher combattant ! Nous sommes fiers de vos exploits héroïques et, avec vous, nous nous réjouissons des succès de notre Armée Rouge bien aimée sur tous les fronts.
Vous, les vaillants combattants, sans ménager vos forces ni même votre vie, accomplissez des faits héroïques en défendant notre patrie.
Nous, les Jeunes Communistes de l’union NOGNINE, notons la «surexécution » de vos engagements socialistes au sujet de l’extermination des hitlériens. Soyez sans pitié dans l’extermination de cette peste brune, anéantissez le plus possible d’occupants jusqu’à la victoire finale.
« Notre collectivité de Jeunes Communistes vous envoie un modeste présent et vous souhaite, pour l’avenir, les meilleurs succès dans vos faits militaires. »

Les troupes fascistes allemandes essayent d’encercler Leningrad. Les habitants souffrent du froid et de la faim, subissent les bombardements, sont privés d’eau et de lumière. Et voilà qu’un jour je reçois un petit colis de Leningrad dans lequel une main d’enfant parmi les autres affaires. Plusieurs années se sont écoulées depuis mais, chaque fois que les souvenirs me reviennent, je me souviens de ce craquelin ; alors s’élève devant mes yeux la vision d’un petit gosse de Leningrad, maigre, affamé et bleu de froid, qui, avec ses doigts transparents, dépose dans ce colis ce craquelin «à l’oncle soldat, pour qu’il mange ce craquelin et batte plus fort les fascistes ! »

Non, maintenant, cela ne m’étonne plus que je pouvais tenir le coup, couchant pendant des journées entières dans le froid terrible, épiant la canaille fasciste, laquelle a essayé de briser l’enfance heureuse de nos gosses. Souvent, en allant à la «chasse », j’ai rencontré mes nombreux amis : « tu vas à la chasse ? » Me demandaient-ils. Et dans le timbre de leur voix perçait l’envie «n’oublie pas d’en abattre un pour moi car je suis de service aujourd’hui. !»





LE COMMENCEMENT DE LA SOLIDARITE AU COMBAT

Les chasseurs du gibier fasciste deviennent de plus en plus nombreux. Par les journaux, j’ai appris les faits de guerre des snipers GOLSTECHENKOW et VOGLIVTZEM.
Ayant terminé l’instruction des huit meilleurs tireurs du Bataillon, en décembre 1941, je me suis adressé par la voix de presse (journal de l’armée «voix de Lénine » ) au sniper VOGLIVTZEM avec la proposition d’organiser sur les pages du journal l’interpolation des exterminateurs dans le but d’essayer l’expérience. Voici cette lettre :
Cher camarade Voglivtzem ! Avant tout, je te félicite de ta brillante victoire ! Notre Journal de l’armée «voix de Lénine » a publié que tu as tenu parole et que tu as, sur ton compte personnel, 125 fascistes exterminés. Bravo, gaillard !

De jour en jour, j’ai suivi l’augmentation de ton compte et voilà enfin 125 ! Je n’ai aucun doute que dans les jours à venir, ce chiffre va augmenter encore. Nous, les snipers, savons que ce n’est pas facile d’attraper sur le guidon l’ennemi rusé et agissant avec précautions. Combien de patience il faut avoir pour épier ces crapules ! Mais le nombre d’exterminateurs augmente. Sur l’ordre du Commandement de notre Unité, j’enseignai l’art du tir de précision à un groupe de combattants. Deux combattants de ce groupe ont déjà leur compte particulier, les camarades FEOLILOW et CHEMLOW. Le problème du sniper c’est de transmettre son expérience à tous les combattants, et voilà pourquoi je te demande à toi, de nous raconter comment tu as atteint le chiffre 125. Je vais essayer aussi de partager mon expérience et, derrière nous, les autres camarades suivent.

Ce serait beau de l’organiser sur les pages de «la Voix de Lénine ». L’interpellation des examinateurs, cela nous aidera, aux snipers et autres combattants, à accomplir au plus vite les indications du camarade STALINE au sujet de l’extermination des ordures fascistes sur notre terre.
J’attends de toi la réponse dans une lettre ouverte par l’intermédiaire de la voix de Lénine où tu nous communiqueras des cas intéressants dans ton travail d’exterminateur.
Bientôt, sur les pages de ce journal et, plus tard, dans le journal du front «le Garde de la Patrie », ont été publiées non seulement ma lettre mais aussi la réponse de Voglivtzem.

Cher camarade PITCHELINTZEW, j’ai lu votre lettre adressée à mon nom dans le journal de l’armée rouge.
Je suis d’accord avec vous, qu’il est indispensable d’organiser l’interpellation des exterminateurs. Que chacun de nous raconte aux autres ses expériences de combat ! Le métier d’exterminateur est difficile. Il faut beaucoup de persévérance, d’endurance et de sang-froid.

La première journée de «chasse » n’a pas été une réussite. Sur la lisière que j’observais, un fasciste est apparut. J’ai tiré, mais je l’ai raté. Pourquoi ? C’était ma faute : j’étais trop pressé, redoutant que l’ennemi ne s’en aille. Le jour même, un autre soldat se présente. Celui-là, je l’ai liquidé du premier coup. A partir de ce moment, je me suis posé pour principe : la cible se présente, vise bien, ne t’énerves pas, fais feu avec sang-froid. L’endurance et la tranquillité sont les qualités principales dans notre métier. La précision du tir dépend de l’appréciation juste de la distance et de la mise de hausse à la graduation correspondante.

J’ai plusieurs points d’observation aménagés dans des différents endroits. C’est indispensable, car les fascistes aussi observent, recherchent nos nids de snipers et, quand ils les découvrent, ouvrent le feu avec des mortiers et, parfois même, des canons.

Quand les fascistes ouvrent le feu, je change d’emplacement. Il ne faut pas oublier que l’ennemi est perfide et a recours souvent à la ruse. Ce jour là, pour provoquer mon feu, ils ont exposé un mannequin : un poteau enveloppé d’un sarrau blanc et coiffé d’un casque. A travers ma lunette, j’ai deviné la supercherie et je n’ai pas gaspillé de cartouches.
Dans notre métier de sniper, l’amour porté à notre arme est d’une importance capitale. Il faut la soigner et la conserver comme son propre œil, autrement elle peut trahir.
Moi, après chaque tir, je nettoie mon fusil, prend soin de la lunette et la recouvre d’un étui.
Voilà quelques conseils qu’il ne faut pas oublier. Moi, j’ai mon expérience, l’autre aussi. En l’échangeant, chacun va puiser dans l’expérience de l’autre. Développons largement l’émulation au combat. Pas de pitié pour l’ennemi !


FAISANT NOTRE L’ART DE SNIPER QUI EST A LA PORTEE DE TOUS LES COMBATTANTS DU FRONT.

En décembre 1941, sur l’initiative de la cellule du Parti Communiste du Bataillon, a été organisé le rassemblement des exterminateurs. Ce rassemblement se déroula en présence du chef de Bataillon, du Commissaire Politique et des secrétaires des cellules Communistes des détachements.

Il a été précédé de réunions par compagnies. Les questions concernant l’organisation de l’instruction des snipers et de leur perfectionnement ont été discutées. Bientôt, les discours des participants à ces réunions ont été connus dans tout le bataillon. Le nombre d’exterminateurs augmenta brusquement. A présent, des dizaines de soldats et même parfois des officiers épient les fascistes. Les hitlériens n’ont pas tardé à sentir cela. Leurs pertes causées par le feu des snipers durant l’hiver 1941/1942 ont sensiblement augmenté. Pour une grande part, le mérite de ce travail incombe aux snipers de Leningrad.

En janvier 1942, j’ai reçu l’ordre de choisir les meilleurs exterminateurs parmi les soldats de notre Bataillon et de nous présenter à l’Etat-major de la Brigade. Le matin, 9 janvier, j’arrive avec mes éléments à l’Etat-major. De-là, nous fûmes conduit dans une baraque souterraine où doit avoir lieu la réunion des exterminateurs. Sur une longue table recouverte d’une toile rouge, les journaux et les éditions périodiques ont été déposés. Aux murs pendent des affiches et des slogans : « Multiplions les rangs des snipers titulaires de 50 victoires, Gloire au sniper IVANOV qui a exterminé 60 occupants allemands, Exécutons l’ordre du camarade STALINE, exterminons les envahisseurs allemands... »

Un groupe de soldats attablés écoutait le phono. Je me suis souvenu de l’Institut des Mines, les gaies soirées dans nos maisons d’étudiants. Chaque disque rappelait la vie paisible d’antan. Il faisait chaud et confortable. Tout le monde enleva les capotes et se sentit comme chez soi. On faisait des connaissances, des conversations et on entendait des chansons. Le Commissaire Politique de la Brigade nous félicité pour nos succès et à ouvert la réunion. Durant des heures ils parlèrent snipers-examinateurs. Tous les participants, du simple soldat jusqu’au Colonel, écoutaient attentivement les discours des snipers célèbres dont le compte personnel dépassait plusieurs dizaine de fascistes exterminés. Tous les participants ont été animés du désir d’exécuter au mieux l’ordre du camarade STALINE et d’exterminer le plus possible d’envahisseurs fascistes.

La réunion adopte l’appel à tous les exterminateurs du front de Leningrad. Le mouvement patriotique des snipers-exterminateurs prenait de l’ampleur. Maintenant, il englobait tout le front de Leningrad. Des centaines de tireurs d’élite, non seulement exterminaient les fascistes eux-mêmes, mais enseignaient l’art du tir à leurs camarades. De jour comme de nuit, dans le froid et la chaleur, parfois sans nourriture, durant les heures difficiles, ils couchaient, sans bouger, épiant patiemment l’ennemi. Leurs cœurs se réchauffaient par le sentiment sacré de l’Amour patriotique et de la haine féroce à l’égard des envahisseurs fascistes.

Un beau jour, à la fin de janvier, j’étais convoqué à l’Etat-major de l’Unité. Là, dans la section politique, j’ai appris que parmi les autres camarades, j’étais désigné pour participer à la Conférence des snipers-exterminateurs de l’armée.

En arrivant à l’endroit désigné, à ROLTOUCHI, nous avons examiné avec beaucoup d’intérêts les lieux où a vécu et travaillé le célèbre physiologiste russe N.P. PAVLOV. A midi, sur un grand champ entouré d’immenses bouleaux et de peupliers, se sont alignés les participants de la conférence. Le Général commandant de l’armée arriva. Il a salué la conférence et a souhaité aux participants le succès dans leur travail sur l’échange d’expériences. Après quoi, un télégramme officiel de bienvenue émanant de la direction politique du front de Leningrad a été lu.
Ici, pour la première fois, j’ai rencontré mes amis inconnus, mes camarades du combat d’extermination des hitlériens. Chacun de nous a été obligé de parler à la conférence et de faire le récit du travail des snipers de son unité. Le mouvement des snipers-exterminateurs sur le front de Leningrad était devenu important, conformément aux directives du camarade STALINE. Le travail de la conférence se termina par l’adoption d’un appel à tous les snipers du front de Leningrad.

Un jour mémorable pour les snipers de Leningrad était le 22 février 1942. Ce jour là, dans la salle intensément éclairée de SMOLNY, étaient réunis les meilleurs snipers du front. Malgré l’ambiance extraordinaire, personne n’a été gêné. On faisait des nouvelles connaissances, on échangeait les adresses. VEGLITZEW, GOLITSCHENKOW et moi avons pris place l’un à côté de l’autre.

A la table du Présidium apparut A.A.JDANOW, l’assistance tressaillit. Avec grande attention, je remarquai ce bolchevique remarquable que j’admire de tout mon cœur, que j’essayai d’imiter et au sujet duquel j’avais tant lu et entendu. Son large sourire était si simple et si cordial que tout le monde souriait ensemble avec lui. A la conférence, de nombreux snipers ont été décorés avec les Ordres et les médailles de l’Union soviétique. Ici, nous avons reçu les hautes récompenses /les ordres de Lénine et des médailles en or.

En me remettant les décorations, A.A. JDANOW me serra la main et me souhaita de continuer d’exterminer l’ennemi sans pitié. Au nom du consul de guerre de Leningrad, camarade JDANOW a remis à VEGLIVTZEM, GOLITSCHENKOW et à moi des fusils de snipers personnels. Avec grand entrain, nous repartimes dans nos divisions respectives. Enthousiasmés par les paroles paternelles de JDANOV, nous continuâmes avec des forces régénérées notre tache sacrée, l’anéantissement de l’ennemi à coup de fusils devenus encore plus précis et plus impitoyables.
savage
 
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Message par savage » 17 Déc 2005, 17:51

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CHAPITRE 3 : LES COMBATS DE TOUS LES JOURS, SNIPER DE LA DEFENSE

Au prix de grands sacrifices, les hitlériens ont réussi à conquérir les approches de la ville de Lenin. Mais ils étaient tellement exténués par les combats, que les forces nécessaires pour forcer le Neva leur manquaient. Ils ont commencé rapidement à envoyer des renforts pour s’établir solidement sur la rive conquise du fleuve. Ces jours de courtes accalmies ont été utilisés au maximum par notre Commandement pour développer les moyens de défense : le regroupement des troupes, le ravitaillement en munitions et en vivre. Voilà pourquoi, quand les hitlériens, plus tard, ont essayé de forcer le fleuve en plusieurs endroits, ils n’ont pas réussi ! Les troupes du front de Leningrad n’ont pas permis aux fascistes de pénétrer dans la ville.

Les détachements de l’Armée soviétique, passant à l’offensive, ont infligé la défaite à l’ennemi dans les régions de TICHRINE et VOLHOW. Après quoi, le front se stabilisa et les troupes ont pris les dispositions défensives : des circonstances favorisant l’apparition des «chasseurs-libres », les exterminateurs des occupants allemands.

L’initiative de cette noble tâche incombe aux meilleurs tireurs des troupes du front de Leningrad. Dans la défensive, le sniper obtient les plus grands succès quand il agit non seulement comme tireur d’élite mais aussi comme observateur, fournissant à son commandement les renseignements précieux et aidant les artilleurs à découvrir les objectifs. Je vais tâcher d’éclaircir ma pensée par quelques exemples :



LABORATOIRE SUR LE CHAMP DE BATAILLE

Avec quoi faut-il commencer la préparation du sniper ? Sans aucun doute par l’étude approfondie de son arme. Ce n’est pas quand le combattant a étudié son arme et toutes ses qualités remarquables qu’il peut faire feu avec assurance et tirer les conclusions qui s’imposent de son tir. Le sniper est obligé de se vérifier et de se corriger. Lui, comme le savant, explore, fait une expérience après l’autre. Son laboratoire, pour lui, c’est le champ de bataille ! Il tire et, au cas où il raterait son coup, cherche immédiatement la cause de l’erreur : la distance jusqu’à l’objectif est-elle bien évaluée ? Alors, on peut vite déterminer ses erreurs et faire les corrections nécessaires.

Prenons l’exemple suivant : tu attends à la distance de 400m, tu mets la hausse sur cette distance en tenant compte de toutes les conditions de tir et, en particulier, la dérive. Mais, brusquement, l’adversaire surgit, mais pas à l’endroit où tu l’attendais. Il faut immédiatement abattre l’ennemi autrement il va s’en aller. Tu le vises, appuie sur la détente : raté ! Tu commences à chercher la cause. Tu raisonnes : la hausse était à 400m, mais il se trouve que l’ennemi est apparu à la distance de 600m. C’est pourquoi la balle ne l’a pas atteint. La trajectoire a été plus qu’il ne fallait et, si j’avais visé le ventre, la balle serait aller dans la terre. Il fallait donc donner au fusil un angle de hausse plus grand mais, puisque je n’avais pas le temps de changer la hausse, il me fallait choisir un point de visée imaginaire plus haut. Et de combien ? Tu calcules mentalement : il se trouve à environ130-150 cm, il en résulte qu’il fallait viser l’adversaire non pas au ventre, mais plus haut que la tête d’environ un demi-mètre pour placer la balle au ventre. La prochaine fois, tu ne commettras plus la même erreur.

Voici un autre exemple : un matin d’octobre, je faisais un tir de vérification pour ajuster mon fusil. Avec un ciel voilé, il faisait froid et humide. Il m’a fallu tirer pendant la journée, le temps s’améliora et le soleil apparut. Je vois que le tir n’est pas satisfaisant pourtant, il semble que tout est juste. Je vise scrupuleusement, mais je rate mes coups. Je commence à chercher la cause de ma malchance et comprends de quoi il s’agit. La température s’était élevé et, en conséquence, la densité de l’air avait diminué. Avec une hausse de température de 10 degrés seulement, la trajectoire de la balle s’élève sensiblement. Si tu tires, admettons, à 700m, comme je faisais, la différence est de 21 cm (tous les 10 °C ). En conséquence, à 20 °C, la différence atteint 42 cm.

Ces vérités élémentaires sont utiles à un sniper. Si j’avais tenu compte de ce phénomène pendant le tir, j’aurai abaissé artificiellement la trajectoire de le balle. Cela pouvait être réalisé par deux procédés : soit tirer comme pour une distance moindre en mettant le curseur de hausse non pas sur 7, mais sur 6,5 soit, sans changer de hausse, baisser le point de visée de 42 cm.
Ainsi, la connaissance de la balistique m’aida rapidement à trouver la solution juste et à corriger mon erreur.


MON FUSIL

L’Amour de l’arme que je me suis inoculé en temps de paix me passionne. Le tir est un noble sport, mais jamais ce sentiment n’était si fort qu’au front où j’avais apprécié les hautes qualités de notre fusil. En-effet, est-ce possible de trouver un fusil meilleur que le nôtre ? Le fusil russe, léger, précis est sur au combat. Le fusil pour un combattant est son meilleur ami. Je l’ai toujours entretenu soigneusement, le conservant dans un état de propreté constant. Jamais je ne tolérais la moindre tache de rouille sur ses parties métalliques.

Les camarades m’ont souvent demandé quel lubrifiant j’employais, pourquoi mon fusil brillait toujours comme un fusil neuf. Evidemment, je n’avais pas de lubrifiant particulier. Tout le secret de l’état parfait de mon arme consistait dans les soins attentifs et quotidiens que je lui prodiguais avec amour.

Souvent affamé, gelé, je revenais de la chasse, mais avant tout, je commençais le nettoyage et la mise en ordre de mon arme. Oui, et je me demande comment on ne peut aimer et soigner cet ami fidèle, lequel me tira plusieurs fois de situations difficiles et parfois périlleuses.

Quoique tous les fusils soient confectionnés et vérifiés de la même façon, chacun a son propre «caractère ». Comprendre ce «caractère », savoir ce que le fusil aime et ce qu’il n’aime pas est la première obligation du sniper. Un fusil a la détente facile, l’autre l’a plus dure ou, comme nous l’appelons, en «degré ». L’un exige de prendre l’angle de hausse un peu plus grand qu’il ne faut pour la distance donnée et l’autre, au contraire, un peu moins. Savoir toutes ces particularités joue un grand rôle pour le tir de précision.
Je me suis tellement habitué au dernier fusil que j’ai eu au front, et je l’ai tellement pris en amitié, que souvent mon flair m’a soufflé de combien il fallait décaler le point de visée, dans n’importe quelles conditions de combat.

J’ai appris le tir de précision avant la guerre. Au commencement, j’étais un jeune tireur de VOROCHILOW et, quand je suis devenu étudiant à l’Institut des Mines, je me fis inscrire à l’école des snipers. En été, nous allâmes dans un camp aux environs de Leningrad. Nous avons habité des tentes où nous étudiions la topographie, le camouflage, les travaux du Génie, en un mot, nous apprenions la vie en campagne. Sur les champs de tir, on s’entraînait à tirer sur les cibles mouvantes.

Les différents figuratifs apparaissaient et disparaissaient alternativement. Tirer était simple et commode. Tu te couches sur l’herbe, appuies sur la détente et tu te réjouis des bons résultats.

Mais voilà, en arrivant au front, toutes mes habitudes et coutumes de sniper ont été soumises à un examen sévère. Ici aussi apparaissaient les figuratifs mais, eux aussi, tiraient sur moi. L’emplacement du tir n’était plus choisi par un instructeur bienveillant, mai il fallait le trouver soi-même. Si tu commets une erreur en choisissant ta place, tu payeras cela de ta vie. Tu tires déjà non pas dans une ambiance tranquille comme tu tirais à l’époque, mais tu dois vaincre en toi une certaine émotion, préparation et parfois la peur.

LE FRONT, LA MEILLEURE ECOLE POUR L’EDUCATION DU COMBATTANT.
ECOLE DE SANG-FROID


Tout le monde sait que pour le tir de précision la tranquillité et le sang-froid sont indispensable avant tout. Dans la situation du combat, satisfaire à ces conditions n’est pas si facile. Je me souviens des premières journées quand je me suis trouvé dans nos lignes avancées en tirant, non pas sur les cibles mais, sur les fascistes vivants. Quand notre Unité a été chargée de la défense au bord du fleuve, je me suis glissé par les tranchées et, après avoir choisi l’emplacement de tir, j’ai jeté avec précaution un coup œil à travers le créneau sur la rive opposée. Là, à 400-500 mètres, étaient les hitlériens. J’observai longtemps quand, brusquement, un officier ennemi apparut. Sans se presser, il marchait le long du sentier qui menait vers le fleuve. L’ennemi était proche ! Le sentiment de haine m’envahit. Je me représentais les villes et les villages détruits par les bombardements sauvages, les cadavres de femmes, d’enfants et de vieillards. Je me précipitais d’appuyer sur la détente. Je ratais mon coup, le fasciste se sauva. J’éprouvais du dépit à cause de mon insuccès. Peut-être le fusil était-il fautif, pensais-je ? Rater la cible à une si petite distance ! Et pour qu’il n’y ai aucun doute, je décidai de vérifier le tir de mon fusil. Je demandai à un camarade de m’aider dans cette affaire. Tu vois, dis-je, une perche qui émerge de l’eau ? Je vais tirer sur elle et toi, tu vas regarder dans les jumelles où seront les éclaboussures des balles. J’ai tiré une fois, deux fois, les éclaboussures se soulevaient les unes à coté des autres, mais loin à gauche de la perche. Je déterminais à combien de mètres les balles avaient dérivé du point visé : 2,50 m. La distance jusqu’à la perche est de 400 m. Ces deux chiffres me donnent la possibilité de calculer la correction indispensable. Je tourne le tambour de correction latérale dans le sens positif. Je déplace ainsi le point d’impact à droite, en obtenant la concordance du point de visée avec le point d’impact. Je tire encore une fois. Cette fois les éclaboussures apparaissent auprès de la perche, j’arrête la correction définitive de l’appareil de visée. Maintenant je suis tranquille, le fusil tire bien.

J’observe l’ennemi. Il me semble que j’attends depuis longtemps mais les fascistes n’apparaissent plus. Il me semble que des siècles ont passé ! Enfin, sur le sentier, se présentent deux Allemands et, avec précaution, ils descendent vers le fleuve. Un frissonnement de joie parcourt mon corps, je pense : tout à l’heure, je vais les mettre dans le sac ! Mais en même temps, je me dis : tranquillises-toi, ne t’énerves pas ! En effet, je me sens comme ramassé intérieurement. Je laisse les Fritz venir plus près. Portant des seaux, le P.M. accroché à la ceinture, ils descendent de plus en plus bas en suivant le sentier. Maintenant c’est le moment, pensai-je. J’ai pris sur le guidon le premier fasciste et, progressivement, j’appuyai sur la détente. Le coup de feu retentit et il tomba sur le sol, comme fauché. Le seau roule près du fleuve. L’autre Hitlérien a été abattu par un tireur voisin.

Avec le temps, je m’entraînai à me maîtriser et à freiner mon impatience lors de l’apparition de l’ennemi. Aux tireurs débutants, il manque souvent cette maîtrise de soi. Il arrive souvent ceci : un fasciste apparaît à environ 200 m devant toi et il marche en vue. Toi, au lieu d’attendre, tu épaules et Bang ! Coup raté ! Mais après, j’ai changé de tactique. Je repère un fasciste qui s’approche : j’attends. Il va, mettons, sur un sentier ou en se faufilant à travers les arbres. J’attends toujours patiemment. Il commence à puiser de l’eau. Et voilà, au moment où il se penche au-dessus de l’eau et reste un moment immobile, je l’abats.

J’ai à raconter un autre cas : les hitlériens puisaient de l’eau du fleuve du haut d’une falaise en descendant le seau au moyen d’une corde. Ils faisaient cela en s’abritant derrière un petit mamelon. Quand ils hissaient le seau plein jusqu’à la corniche, l’un d’eux sortait en courant et, ayant saisi le seau, disparaissait promptement. Il était difficile de pointer à temps. Mais, malgré cela, j’ai réussi à descendre un de ces gaillards. Je ne leur ai pas fait peur prématurément. J’ai leur ai laissé le temps de descendre tranquillement la corde, remplir le seau, mais j’ai marqué exactement l’endroit où devait apparaître le fasciste pour saisir le seau. Mon calcul s’avéra juste. Quand l’hitlérien sortit pour saisir le seau, je fis feu et il tomba à la renverse d’une hauteur de 10 mètres.
A chaque coup suivant, j’ai tiré de plus en plus tranquillement et, au bout d’un certain temps, je faisais feu à coup sûr.


PATIENCE

Mes amis et camarades qui partageaient avec moi les difficultés de la vie militaire, se réjouissaient toujours de mes succès. De temps en temps, les camarades des unités voisines venaient regarder le tir des snipers. Un jour, par une nuit d’automne, je fus réveillé par la voix de mon officier PICHELINTZEW, debout, des fascistes !
Je sautais rapidement, empoignais mon fusil et sortis en suivant l’officier.

Dans la direction qu’il m’indiqua dans l’aurore matinale, se dessinaient deux hitlériens. Utilisant les ténèbres, ils déterraient des pommes de terre que la population n’avait pas eu le temps de ramasser et les mettaient dans un sac. Etant que le jour se levait à peine et que le champ était assez grand, on pouvait être sur que les hitlériens en auraient pour un moment. Attentivement, j’évaluais la distance qui me séparait d’eux en utilisant des points de repère dont l’éloignement m’était connu. Ensuite, j’épaulais et je fis feu. Mais, à cause de la mauvaise visibilité, je ratais le but. La balle se logeait probablement dans une plate-bande en soulevant un petit nuage de poussière. Les fascistes ont compris qu’ils étaient découverts. L’un d’eux a saisi le sac de pommes de terre, l’autre la pelle, et tous les deux s’enfuirent. Mais je m’aperçut que le champ de pommes de terre était entouré d’une clôture pas trop haute que les Allemands ne pourraient éviter. Aussitôt, j’établis un plan d’action. Il fallait attendre que le premier atteigne l’obstacle. Au moment où il releva la jambe pour franchir la clôture, et de ce fait un moment immobile dans le champ visuel de mon appareil optique de visée, j’appuyai sur la détente : l’hitlérien tomba. Celui là est cuit, dit l’officier, reste le deuxième. L’autre a compris qu’il était pris en chasse par un sniper. Il jeta le sac, tomba comme une pierre par terre et rampa vers la clôture. Je ne t’irais pas dessus, mais la pointe de mon appareil de visée suivit. J’attendais patiemment. Voyant que personne ne tirait sur lui, il essaya de sortir du champ. Quand le fasciste sauta la clôture, le coup de feu retentit. Deux à zéro, dit l’officier

Voici encore un autre exemple :
Non loin de Léningrad, sur la Neva, il y avait un pont de chemin de fer que nos troupes avaient fait sauter lors de la retraite. Deux poutres adhérentes à notre coté étaient intactes et une troisième était suspendue par un bout sur la pile. Un beau jour, en hiver, il m’est venu l’idée d’utiliser le pont comme observatoire. Je voulais faire cela pour deux raisons : premièrement, il y avait déjà trois jours que je n’avais pas abattus un seul fasciste et, deuxièmement, pénétrant sur ce pont, je pourrais observer la rive occupée par l’adversaire.

Aussitôt dit, aussitôt fait ! Avant la levée du jour, ayant revêtu des habits chauds, je me suis faufilé à travers nos lignes avancées de défense, rampant rapidement sur le remblai vers le pont, tachant de ne pas laisser de traces sur la neige visibles de l’autre coté. Il m’a fallu faire tout le trajet sur la ligne de chemin de fer entre les rails. Sur le pont, je cherchais longtemps un endroit convenable. A cause du gel, les poutres métalliques étaient recouvertes de givre. Il fallait rester parmi cette ferraille le jour entier jusqu’au crépuscule, moment où je pourrais sortir inaperçu de mon abri. Enfin, je me suis installé en dessous d’un croisement de poutres, presque au milieu du fleuve. Il commençait à faire jour, à travers un brouillard blanchâtre, se dessinait le rivage ennemi. Quand la visibilité devint meilleure, je commençai à étudier le dispositif ennemi. Tout près du rivage, étaient disposés en quantité les anneaux de fil de fer barbelés et minés, des obstacles presque invisibles. Un peu plus loin, se trouvait un enclos constitué par des poteaux bas derrière lesquels on voyait les blindages allemands. Entre cela, on pouvait apercevoir les boyaux de communication qui s’en allaient jusqu’à la forêt. Je doute que l’on puisse rêver d’une meilleure observation ! Je voyais mieux la rive occupée par l’ennemi que la notre, ce que je pouvais bien faire d’ici !

Malgré que je sois chaudement vêtu, le voisinage de la ferraille givrée se faisait sentir. J’avais le désir intense de mouvoir les mains et les pieds pour me réchauffer, mais tout ce que je pouvais faire, c’était de bouger les doigts et les orteils. Quelque fois j’étais tenté de faire feu sur des soldats fascistes bien visibles mais, à chaque fois, je me suis abstenu. En effet, c’était impossible de tirer sans se faire repérer immédiatement. Au bout d’un certain temps, commença une fusillade acharnée entre les deux rivages. Les coupeurs de têtes hitlériens apparaissaient de plus en plus souvent. Maintenant, j’étais aux aguets en attendant une cible convenable. Vers midi, je repérais trois personnes se déplaçant dans un boyau de communication. En scrutant tout le boyau jusqu’au rivage où il débouchait dans la tranchée, j’ai vu qu’en un endroit, il était tourné directement vers moi. J’ai saisi tout de suite le profit que je pouvais tirer de ce coude de boyau. Sur un tronçon de dix mètres, je pouvais voir les fascistes jusqu’à la poitrine. En plus de ça, en se déplaçant, ils restaient sur la pointe de mon appareil de visée immobiles parcequ’ils s’approchaient de moi. Le fasciste qui marchait en tête était sans fusil et portait les galons de caporal-chef (Ober-gefreite ?). Derrière lui, suivaient deux soldats armés de carabines. Il restait 20 à 25 mètres jusqu’au tournant du boyau. Il m’a toujours semblé qu’ils devaient sentir le danger et se baisser pour l’éviter. Mais il n’en était rien. Les hitlériens continuaient le mouvement debout et leurs têtes m’étaient bien visibles. Je pris le caporal-chef sur le guidon et le suivi dans l’objectif de la hausse. Enfin, tous les trois s’engagèrent dans le tronçon que j’avais repéré. En une fraction de seconde, je compris qu’il était encore trop tôt pour tirer et qu’il fallait attendre que le premier fasciste atteigne la fin du coude. Abattu, il fera par son corps un obstacle pour les autres qui le suivaient. Pour s’échapper, il leur fallait parcourir les dix mètres en étant visibles par moi, jusqu’à l’autre tournant du boyau.

Le dard noir de la hausse s’enfonça dans la poitrine du caporal-chef hitlérien et le suivit dans tous ses mouvements. Il a fait encore deux pas. A cet instant, je fis feu et l’hitlériens s’affaissa lourdement dans le fond de la tranchée. Il n’y avait pas de doute, le coup de feu était heureux ! Les deux autres qui le suivaient se sont portés à son secours, évidemment sans comprendre ce qui lui était arrivé. Je profitais de la situation. J’attrapai sur le guidon un autre hitlérien et l’abattit également. Le troisième se trouvant au milieu de deux morts s’affola à tel point qu’au lieu de sauter à travers les cadavres pour se plaquer contre le fond de la tranchée, il baissa simplement la tête en se serrant contre son camarade tué. Evidemment, je liquidais aussi sans difficultés ce gaillard.

Au bout de 10 à 15 minutes, j’abattit encore deux coupeurs de têtes fascistes au même endroit. Seulement, à 5 ou 6 heures du soir, dans l’obscurité, je sortis de mon abri et, transi de froid, je regagnais nos lignes. Par la suite, en l ’espace de 4 ou 5 jours, en continuant l’observation sur ce pont, j’exterminais encore 12 soldats ennemis.

Enfin, les hitlériens ont deviné d’où étaient visés et, quoi que n’ayant pas démasqué mon emplacement, ont commencé à canonner intensivement le pont avec les mortiers, particulièrement le matin. Mais cet observatoire avait déjà été suffisamment utilisé et je le changeai. D’après les renseignements que je fournis à nos artilleurs, ceux-ci ont fait du bon travail en détruisant plusieurs blindages et nids de mitrailleurs ennemis.


TOUJOURS UN COUP DE FEU PRECIS

Sans discussions, pour bien tirer, le tireur doit savoir prendre la position correcte du tireur couché, imprimant au tronc la position indispensable, écartant les jambes et s’assurant des appuis solides avec les coudes.

La position juste du tireur est la première condition du succès. Mais pour le sniper, cela ne suffit pas. Le sniper doit savoir tirer dans n’importe quelle position, dans n’importe quelle situation de combat. Il arrive souvent que l’emplacement d’où le sniper fait feu soit extrêmement incommode pour le tir mais, par contre, présente des avantages indiscutables au point de vue tactique. Il est bien camouflé contre l’observation ennemie et on y observe très bien les dispositions de l’adversaire. Le sniper est souvent obligé de tirer en se couchant sur les racines saillantes des arbres, derrière la souche, assis sur une branche de l’arbre, debout dans un trou, en se plaquant au sol dans un terrain découvert ou en se pliant d’une façon incommode.

Il m’arriva une fois ceci : à la fin de l’automne 1941, nos troupes traversaient la Neva, des canots chargés de blessés flottaient en aval. Les hitlériens se trouvant sur la rive opposée ont ouvert un feu acharné de mitrailleuses sur les canots. J’étais assis dans le blockhaus. Tirer à travers le créneau n’était pas commode et le champ visuel était trop petit. Il fallait déménager dans la tranchée. Mais de là, les conditions de tir n’étaient pas bien meilleures. Alors, je suis sortis de la tranchée, en rampant plus près du rivage et je trouvai un emplacement dans un tas de branchages. Après avoir aménagé ma place, j’essayai d’attraper sur mon guidon le tireur de la mitrailleuse adversaire. C’était très difficile : les branches superposées faisaient l’effet de ressort d’un matelas et les coudes s’effondraient à travers les branches. Néanmoins, je choisis un moment où mon corps acquit la position la plus stable, épaulais et fis feu. La mitrailleuse fasciste se tût. La position de tir n’était pas commode, mais elle était bien camouflée. Au bout d’un certain temps, j’anéantis encore deux mitrailleurs fascistes et un observateur. Le problème était résolu.

Je me souviens, pendant l’hiver, il m’a fallu tirer dans la position suivante : devant moi, le terrain était encombré par des troncs d’arbre, des tas de branches coupés par le feu des mortiers et par la terre dispersée par les explosions des obus. Tout cela me cachait la vue des cibles. C’est pourquoi je ne pouvais tirer en position couchée. Me soulever derrière mon abri était impossible à cause du feu nourri des hitlériens. Se placer en avant vêtu d’un sarrau blanc était impossible parce que le fond derrière moi, constitué de branches, était sombre et, de ce fait, j’aurais été vite démasqué. Il m’a fallu me cacher derrière un gros bouleau en me courbant fortement. Dans cette position extrêmement incommode, m’appuyant sur le genou et en posant le fusil sur un rameau, je devais tirer. Malgré cela, je réussis à abattre deux cibles, c’était deux soldats hitlériens.

Un jour, au printemps, il m’a fallu m’avancer le plus près possible du dispositif ennemi. Au moindre mouvement, les fascistes répondaient par une fusillade farouche. Je me déplaçais en de courts bonds à travers le marais. En tombant, on sentait s’enfoncer dans la poitrine soit une motte de terre dure, soit une perche quelconque. Mais se soulever était impossible, on aurait été descendu. Je choisis une motte de terre comme appui pour mon fusil et mes coudes, le corps restant noyé dans l’eau du marais. Ainsi, je tirais presque en nageant, mais ma peine a été couronnée de succès : j’abattit un correcteur de tir d’artillerie et la batterie a été réduite à tirer aveuglement
savage
 
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Message par savage » 17 Déc 2005, 17:53

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ACQUISITION DE LA FERMETE

Le sniper doit être fort physiquement, habile et dur à la fatigue. Etre volontaire, tenace et endurant. Il va à la chasse par n’importe quel temps, sous la pluie, dans le brouillard, les chutes de neige, le gel terrible, la chaleur … Indépendamment des conditions météorologiques, ses coups de feu doivent être précis. En automne, quelque fois, j’étais obligé d’épier l’ennemi sous la pluie battante. Je me couchais dans la boue des heures durant, sans bouger, trempé jusqu’à l’os, transi par le vent froid de l’automne. Mais il fallait rester patiemment sur place, épiant l’ennemi pour l’anéantir. Parfois, il m’arrivait ceci : avec un froid terrible, je restais couché durant une journée entière, sans nourriture. Pour me réchauffer, je bougeais les doigts et les orteils. Mais s’en elle était impossible, on pouvait être pris dans le guidon d’un sniper ennemi. Une fois, j’essayai sous la vue de l’ennemi de faire quelques mouvements pour me réchauffer, les hitlériens ont commencé une fusillade folle en tirant non seulement avec des P.M. et des mitrailleuses, mais aussi avec des mortiers. Il fallait rester couché, la tête dans la neige jusqu'à l’obscurité. Au commencement, tout cela était très pénible et dur à supporter, mais après, j’ai pris l’habitude et je m’adaptai. Et quand le fasciste apparaît, tu oublies tout, le froid et la faim, toutes tes pensées tendues vers un seul but : celui de ne pas le lâcher. En l’anéantissant, tu as le sentiment d’être récompensé pour les privations. Un envahisseur de moins sur notre terre !

Toutes tes peines et difficultés du front sont alors supportées plus facilement. Une fois, j’étais comme attiré dans une sorte de compétition avec un sniper fasciste. Nous nous sommes aperçus l’un et l’autre presque simultanément, je vis qu’il se cachait rapidement derrière une grosse pierre. Je me plaquais au sol dans une petite dépression. On resta couché ainsi une heure, deux heures. Impossible de se soulever ni de changer simplement de position car en faisant le moindre mouvement, on risquait d’exposer sa tête, son épaule ou sa main à une balle. Nous nous épions l’un et l’autre. Lequel de nous aura le plus d’endurance ? Chez qui les nerfs seront-ils les plus forts ?

Les membres deviennent presque atrophiés à cause de la position immobile du corps. Je sens des fourmis dans une jambe, mais je ne bouge pas et tiens toujours le doigt sur la détente, le regard fixé sur la pierre où s’abrite le fasciste. Je sais bien que lui aussi veut m’attraper par une gaffe quelconque. La quatrième heure de notre duel muet de volonté et de nerfs s’écoula. Enfin, l’hitlérien n’en pouvait plus. Il commença à se trémousser derrière sa pierre et imprudemment s’exposa pour une fraction de seconde. Cela me suffit largement. Au même instant, j’appuyai progressivement sur la détente et le sniper fasciste s’écroula comme un sac lourd, tomba sur le coté et ne bougea plus. J’avais gagné le duel !


Je n’appartiens pas au nombre de ces athlètes qui sont doués par la nature d’une corpulence vigoureuse et de larges épaules, mais la fermeté et l’endurance physique se sont développé en moi en temps de paix, dés l’âge scolaire. L’institut des Mines, notre école sportive, dont j’étais un membre actif, faisait du bon travail. Je m’occupais de la course, des sauts et de la gymnastique. En particulier, je me passionnais pour le tennis. Ce genre de sport développe l’habileté, la précision des coups, le coup d’œil et aussi l’endurance et la ténacité. Les performances athlétiques étaient beaucoup dans la fortification de ma santé et ont fait mon corps résistant à la fatigue et élastique. L’organisme s’étant habitué aux différents efforts physiques, cela m’aida par la suite à estimer à leur juste valeur mes forces physiques en vue de n’importe quelles épreuves. Je poursuivais régulièrement la mise en train quotidienne. Chaque jour, je travaillais avec des haltères.

C’est ainsi que mes bras sont devenus forts et habiles. J’aimais aussi beaucoup le tourisme et l’alpinisme. Pendant les vacances d’été, je parcourais à pied de longs trajets, grimpais sur les montagnes et sur les rochers recouverts de verglas. Ainsi, petit à petit, j’accumulais de nouvelles qualités physiques qui m’ont été d’une grande utilité au front.
L’endurance, l’habitude aux conditions de la vie en campagne, savoir s’orienter dans n’importe quelle situation, c’est avec ces qualités de sportif que je suis venu au front.


Au front, malgré toutes les difficultés, je continuais mon entraînement de sportif : je faisais mes ablutions à l’eau froide jusqu’à la ceinture. En hiver, je me frottais le corps avec de la neige. Grâce à ces mesures préventives, pendant tout le temps de ma présence au front, je ne fus jamais malade et me suis toujours senti en pleine forme.


REGLAGE DU TIR

Le sniper est souvent obligé de tirer sur un objectif dont il a pu seulement supposer l’apparition. Parfois on devine approximativement l’endroit où la cible doit apparaître. Dans ce cas, habituellement, il faut calculer la hausse théorique. On détermine la distance, on évalue les corrections dues au vent, etc. Ensuite, on ouvre le feu.


C’est de cette façon que j’ai agis au commencement. Mais l’expérience de la guerre a démontré que la meilleure méthode consiste à ajuster le fusil auparavant.
Dans les conditions de combat, l’arme peut facilement tomber, recevoir des coups ou de fortes secousses. Tout cela influe sur le tir au fusil, exige de nouvelles corrections, lesquelles ne peuvent être déterminées à l’avance. Mais le sniper doit toujours être sûr de son arme. C’est la condition primordiale du succès. Il est indispensable de souvent vérifier le tir de son fusil. Ici, vient en aide le tir pratique d’ajustement. Au début, j’effectuais ce tir de temps en temps mais ensuite, je faisais cela systématiquement.


Je vais citer quelques exemples de ma pratique au combat :
Devant nos lignes avancées, il y avait un chemin carrossable. Il me fut communiqué que, tous les matins, un tireur à la mitrailleuse fasciste utilisait ce chemin pour ce rendre à son poste de combat. Un court tronçon de ce chemin était entièrement découvert et bien visible de mon emplacement. Je décidai d’abattre le fasciste lorsqu’il apparaîtrait sur ce tronçon de la route. Mais, auparavant, il fallait vérifier le tir de mon fusil. Pour le tir d’ajustement, je choisissais comme cible un petit poteau sur le bord de la route. En faisait feu, je m’aperçut que la balle frappait le chemin en soulevant la poussière à un demi-mètre à gauche du poteau. Je fis la correction nécessaire à la dérive et tirais encore une fois. Je remarquais la poussière de l’impact juste devant le poteau. Maintenant, j’étais sûr que pour la distance donnée, mon fusil était bien ajusté. Le matin suivant, j’attendis tranquillement le tireur fasciste et, lorsqu’il apparut, je l’abattis du premier coup.


Une autre fois, je découvris sur la rive opposée couverte de neige, des traces se dirigeant vers le fleuve. Je devinais que les hitlériens venaient chercher de l’eau à cet endroit. Je décidai de les épier. Mais, pour les abattre à coup sûr, il fallait vérifier la justesse de mon tir. Le sol était mou et les points d’impact n’étaient pas visibles. Je décidai de faire le tir d’ajustement sur l’eau, parce que l’on pourrait discerner les éclaboussures provenant des balles. Je choisis la cible, un poteau près du rivage opposé : c’était un reste de pilotis de pont détruit. Je tire. Les éclaboussures me montrent qu’il faut viser plus haut. Je change la hausse et tire de nouveau, exactement dans le poteau ! Le jour suivant, j’observe dans les jumelles le sentier menant au fleuve. Et voilà, dans l’aube pâle du matin, je remarque deus silhouettes. Je les laisse venir au bord du fleuve. Coup de feu et le premier fasciste tombe dans l’eau. L’autre prend la fuite mais la balle l’attrape à son tour.

Pendant l’hiver, le tir d’ajustement est plus difficile à cause de la neige qui recouvre tout et crée un fond monotone. Mais, malgré cela, j’arrivai à déterminer les points d’impacts d’après les légers tourbillons de la neige qui sont semblables aux éclaboussures de l’eau. Dans la plupart des cas, j’utilisais pour le tir d’ajustement des balles traceuses. Le procédé était le suivant : pendant la journée, je fixais le créneau d’un nid de mitrailleuses et je tirais dedans avec des balles traçantes. Je tire une fois, deux fois, trois fois jusqu'à ce que la trajectoire lumineuse de la balle me montre que la balle rentre dans le créneau. Pour plus de sûreté, je tire encore une fois. Ensuite je repère la hausse et la dérive de l’appareil de visée.


Il fait nuit, l’ennemi commence à être actif, ouvre le feu et lance des fusées. Lorsque la fusée s’enflamme, la fente sombre du créneau se dessine bien sur la neige. Le fusil est déjà prêt. A ce moment, je tire et un tel tir a souvent obligé les hitlériens à se taire dans leurs bunkers.

En hiver, je remarquai un phénomène important qui pourrait faciliter la précision d’un tir de sniper. Une fois, j’ai tiré sur un sniper fasciste et une de mes balles frappant à coté, laissa sur la neige une tache noire. Cette tache se dessinant bien sur le tapis blanc de la neige, me servit de précieux point de repère. J’apportais les corrections nécessaires et, avec le coup suivant, abattis le sniper. La cause de l’apparition de cette tache noire m’intéressa. Plus tard, je me rendis compte qu’au bord du ravin, la neige habituellement n’adhère pas au sol et ne le recouvre seulement que d’une couverture. Entre cette couverture de neige et le sol, se forme un vide rempli d’air. La balle en traversant la couche de neige et le vide s’enfonce dans la terre. La neige à cet endroit ne s’écroule pas, il n’y a qu’un trou dû à la percée de la balle qui se forme. Les parois de ce trou deviennent sombres car les rayons de la lumière ne pénètrent pas dedans. Voilà pourquoi il semble noir sur un fond blanc ! Le même phénomène peut se produire aussi lorsque la neige est collée au sol si l’épaisseur est assez importante. Je compris l’importance de ce fait pour le réglage du tir et, dorénavant, appliquais cette méthode. Pas loin de la cible que je me proposais d’anéantir, je choisissais soit une touffe d’herbe, soit une grosse tige de mauvaise herbe. Cela me servait de point de visée. Ensuite, je faisais le tir de réglage : je déterminais les coups au but à l’aide de mes jumelles, au moyen des taches sombres apparaissant sur la neige. Je faisais les corrections correspondantes et, au moment de l’apparition de la cible, je dirigeais le feu sur elle. Un grand service m’a été rendu par un tir de réglage que j’effectuais lors d’une nos offensives. Je m’étais rendu à l’avance sur un lieu projeté, le point de passage d’une rivière, afin de régler le tir de mon fusil sur tous les repères plus ou moins importants. Lorsque, le lendemain, dans la matinée, les hitlériens essayèrent d’empêcher la progression de nos troupes en installant des mitrailleuses sur les positions découvertes. J’anéantis rapidement les servants et notre détachement pu passer à l’attaque de notre adversaire.


Le réglage du tir doit être effectué au préalable, lorsqu’il faut anéantir l’objectif au premier coup, sans effrayer l’ennemi avec des coups manqués. Dans le grenier d’une maison, s’embusqua un observateur fasciste armé d’un P.M. Il fallait l’abattre. Pour l’anéantir du premier coup, il était indispensable de savoir quelle hausse afficher. A côté, il y avait une autre maison. Je tirais quelques coups de feu sur les fenêtres et brisais quelques carreaux. La graduation était claire et nette. Je mets la hausse qui convient, tire sur le fasciste et le tue !


Une fois, deux mitrailleurs fascistes tiraient furieusement d’une maison en brique afin d’empêcher la progression de notre unité. Je choisis sur les murs de cette maison une petite tache, je tire. Du mur, un peu à droite de la tache choisie, se détache un petit nuage de plâtre. Le point d’impact est bien visible. Je fais les corrections et tire encore une fois sur la tache : maintenant le coup est au but, le tir est réglé. Je transporte le feu sur les mitrailleurs fascistes et leurs armes se taisent.

Il ne faut pas être embarrassé par le fait que pour le réglage du tir, il faille dépenser quelques cartouches. Cela se rattrape avec profit lorsqu’il faut faire feu pour anéantir l’objectif. A ce moment, un ou deux coups suffisent. Le réglage du tir doit être imperceptible pour l’ennemi. Le mieux est de le faire pendant le crépitement des feux d’artillerie et des mortiers ou pendant le tir des mitrailleuses et des fusils, autant que possible en utilisant un emplacement secondaire.


ENTENTE AVEC LES ARTILLEURS

Un matin, en octobre, nos troupes sont passées à l’offensive et ont traversé la Neva. Je me suis faufilé vers le rivage, me camouflant au milieu de la végétation dense, et commençais l’observation. Devant moi passaient de temps en temps des canots avec nos blessés, poussés par le courant. Brusquement, le silence glacé fut rompu par le crépitement d’une mitrailleuse et, à proximité d’un canot, se soulevèrent des éclaboussures de balles. Je devinais l’intention de l’ennemi et, indigné, scrutais rapidement la rive opposée. Observant méticuleusement le terrain, je vis dans l’ombre, sous le plancher de l’embarcadère et sur la surface de l’eau, une légère houle soulevée par les déflagrations d’une mitrailleuse lourde. Je communiquais immédiatement les résultats de l’observation à l’observateur de l’artillerie et, moi-même, continuais la surveillance. Par-dessus ma tête, filaient en sifflant les obus qui explosaient sur la rive ennemie. C’est notre batterie qui commençait son travail, tirant sur la cible que je lui avais indiqué. Les artilleurs faisaient feu sur l’embarcadère. Un obus, explosant à proximité, détruisit le plancher et la mitrailleuse se tut. Presque au même instant, de la tranchée attenante à la gare fluviale, sortit un hitlérien qui, en faisant des grands sauts, essaya de traverser le tronçon de la tranchée démoli. La cible était trop tentante ! Une fraction de seconde le personnage gris-vert en question sursauta sur la pointe de mon appareil de visée. Un coup de feu et le fasciste tomba comme fauché. Bien ! Retentit derrière moi, la voix d’un artilleur qui s’approcha.

Habitués à une collaboration étroite au combat, les artilleurs, détruisant le nid de mitrailleuse fasciste, ne s’inquiétaient pas des soldats ennemis qui déguerpissaient de leurs abris détruits par les obus. Ils savaient que je surveillais attentivement leur travail et ne lisserais pas les fascistes vivants !

Souvent, c’était le contraire : les artilleurs me prévenaient des objectifs pouvant m’intéresser. Ainsi, un jour, un artilleur voisin m’appela et m’invita à regarder dans le périscope. Je vis, en plein centre de l’objectif, un fasciste coiffé d’un casque blanc, sortant jusqu’à la poitrine de la tranchée et observant nos positions. Pendant l’hiver, les hitlériens mettaient par-dessus leurs casques d’acier, des housses en tissu blanc par mesure de camouflage. Comme il se détachait un instant dans le périscope, je repérais l’endroit où se terrait le fasciste. Maintenant, il fallait déterminer la distance jusqu'à lui. Sur la rive abrupte, non loin de la cible, je choisis un petit arbuste se détachant au-dessus se la neige et je tirais dessus. Sur la neige apparut une tache noire à peine perceptible, la trace de la balle. Après deux autres coups de feu, étant convaincu de la justesse de la hausse, je trouvai à nouveau l’observateur fasciste, lequel commençait à donner des signes de vie. Il battait des pieds au fond de la tranchée, se tapotant le corps avec les mains en regardant toujours de notre coté. C’était visible qu’il était gelé et, de ce fait, devenait imprudent. La pointe de mon appareil de visée s’enfonça dans sa poitrine et s’immobilisa. Un coup de feu retentit dans l’air froid. Aussitôt, j’aperçut que le soldat ennemi portait les mains à sa gorge et s’affaissa lourdement au fond de la tranchée. C’est formidable, j’entendis la voix de mon ami l’artilleur, un occupant de moins sur notre terre.
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Message par savage » 17 Déc 2005, 17:54

DEUX ENNEMIS TUES D’UNE BALLE !

En novembre 1941, j’étais convoqué auprès du chef de l’Unité de Reconnaissance qui me chargea d’une mission. A cette époque, nos troupes avaient forcé la Neva dans la région de NEVSKAIA DOUBROWKA et, à la suite d’un combat acharné, avaient occupé les positions sur la rive gauche du fleuve. Les hitlériens avaient entrepris quelques contre-attaques farouches pour acculer nos troupes à la rivière.

Leurs dispositions défensives sur un terrain surélevé, leurs donnaient la possibilité de bien surveiller les lieux, ces pourquoi chaque tentative de notre commandement d’envoyer du renfort et du ravitaillement en munitions se soldait par de lourdes pertes. Il était devenu claire que sur les rives de la Neva, et à proximité des positions occupées par nos troupes près du fleuve, les hitlériens possédaient des observatoires avec lesquels ils pouvaient non seulement surveiller tout ce qui se faisait sur le fleuve, notre rive et les lieux occupés par nous, mais aussi corriger le feu de leur artillerie dirigé sur nos troupes en train de traverser le fleuve. Ma mission consista à découvrir ces observatoires et à anéantir les observateurs et correcteurs de tir ennemi.


Durant plusieurs nuits avant l’aube, après avoir traverser la Neva, je me faufilais le plus près possible des positions ennemies. Souvent, je réussis à m’approcher des lignes avancées de l’adversaire jusqu’à 80-100 mètres. Me trouvant à une telle distance, j’entendais nettement les voix des soldats ennemis. Après avoir étudié en détail les lieux, je découvris un observatoire hitlérien. Ils étaient à trois. Ils avaient un F.M., un appareil téléphonique et un appareil optique. L’un faisait fonction de téléphoniste, les deux autres surveillaient nos positions. Sans me presser, en réfléchissant, je pris une décision. Avant tout, déterminer l’emplacement exact de l’observatoire par rapport aux repères des lieux et, ensuite, liquider les observateurs. Sur cette portion du front, le vacarme de la bataille ne se calmait jamais et, de ce fait, tirer était sans danger. J’observais attentivement la position de l’observatoire et décidais de liquider en premier lieu le téléphoniste. En visant, j’aperçut brusquement deux têtes dans la lunette de visée. L’une était celle du téléphoniste, l’autre celle de l’un des observateurs. La tête du téléphoniste couvrant tantôt la tête de l’observateur, tantôt la laissant libre pour moi.


L’idée espiègle de les anéantir d’un seul coup de feu me passa par la tête. En me penchant sur l’appareil de visée, j’attendis le moment où les deux têtes réapparaîtraient de nouveau l’une derrière l’autre. Un coup de feu et les deux gaillards furent tués d’une seule balle. Le troisième, se retournant, regarda avec étonnement ses camarades tombés, sans comprendre ce qui arrivait. Mais il n’eut pas le temps de réfléchir longtemps, son tour arriva quelques secondes plus tard et, pour terminer, nos artilleurs, le matin suivant, démolirent cet observatoire.


LE TIR NOCTURNE

La plupart du temps, le sniper agit pendant le jour, lorsqu’il voit bien sur le terrain et décèle les objectifs plus facilement. Mais suivant les circonstances du combat, il faut souvent faire feu pendant la nuit, au crépuscule, à l’aube, surtout sur les nids de mitrailleuses. Pour anéantir l’objectif avec succès dans les conditions nocturnes, il faut obligatoirement effectuer le réglage de tir durant le jour sur les lieux présumés de l’apparition des objectifs. Le réglage du tir terminé, on repère la hausse et la direction du tir. Pendant la nuit, quand les cibles ne sont plus éclairées, il faut préparer les fourchettes (support en bois) sur lesquels le fusil reposera lors du tir. La nuit tombe sur l’objectif connu, on met la hausse correspondante, on surveille, on attend que la cible donne signe de vie et alors on fait feu. Sur le front, l’adversaire lui-même me venait souvent en aide. Parfois il lançait des fusées éclairantes, tirait avec des balles traceuses et, de ce fait, me facilitait le repérage des cibles.


Lorsque les mitrailleuses crépitent, il faut viser et tirer sur leurs créneaux. Les pertes de l’adversaire à la suite d’un tir n’étaient pas grandes mais il produisait, sur l’ennemi, un grand effet sur le moral. Je me souviens moi-même quelle forte impression occasionnent les balles entrant dans un créneau. Il suffit que la balle entre en sifflant dans l’embrasure pour que vous vous gardiez bien de vous tenir encore debout près du créneau.


DUEL AVEC UN SNIPER FASCISTE

Durant le combat, le sniper peut se trouver dans des conditions variables. Pour ne pas être «buté », il doit savoir manier la grenade à main, la baïonnette, le pistolet et la pelle, aussi bien qu’il manie son fusil.

A la guerre, on peut se trouver par surprise dans des situations très délicates et, parfois, s’en tirer à bon compte devient difficile. Seulement la grande résistance à la fatigue physique, l’endurance, la ruse et l’habileté aideront à vaincre l’ennemi. Souvent, je me souviens d’un cas instructif : un duel avec un sniper ennemi. Le temps était très froid et ensoleillé. Pas de vent. Dans la forêt, un silence trompeur régnait. Brusquement, quelque part sur le coté, jaillit une lumière. Je tournais la tête d’un mouvement sec et j’aperçut à 200-300 mètres de moi un sniper ennemi camouflé. Au même instant j’abaissais la tête et la balle siffla au-dessus de moi. Par pur hasard, j’étais sain et sauf, les verres brillants de la jumelle (lunette) avaient trahi le sniper fasciste. Je n’avais pas eu le temps de me rendre exactement compte de la situation, qu’un nouveau coup de feu retentit et la neige des branches d’arbres tomba autour de moi. La balle transperça un arbre mince et, en bourdonnant, fila au fond de la forêt. La situation devenait inquiétante. Lever la tête était absolument impossible. Le sniper fasciste maintenant attendait de moi quelque mouvement imprudent pour me prendre dans son guidon. Un peu à ma droite se trouvait un énorme pin avec un gros tronc. Les branches étaient alourdies par la neige, elles touchaient terre. Ce serait épatant d’être derrière un tel abri, pensai-je, mais comment l’atteindre ? Sauter et par bonds franchir la distance de trente mètres ? La blague ! L’ennemi te butera comme une perdrix ! Essayer de ramper en dessous de la couche épaisse de neige ? C’était la seule solution possible. Immédiatement, je commençais à déblayer la neige devant moi et à ramper. Par bonheur, la neige était d’une grande épaisseur. J’avançais lentement mais sûrement. Maintenant la situation était devenue pour moi encore plus dangereuse. Si le sniper ennemi devinait la ruse, il pourrait prendre les contre-mesures, changer la position et m’attraper sur une maladresse quelconque, avant que je puisse m’apercevoir de sa disparition de son ancien emplacement. Enfin, j’arrivais jusqu’au pin et m’abritais derrière le tronc épais. Il était près de 10 heures. Il gelait de plus en plus. Malgré ma pelisse, j’étais transi de froid à cause de l’immobilité. De nouveau un coup de feu tonna et je sentis un choc sur mon pied gauche. Retirant le pied et après avoir bouger les orteils, je m’assurais que je n’étais pas blessé mais, jetant un coup d’œil sur la botte, j’aperçut le talon arraché. Ensuite, encore deux coups de feu suivirent et j’entendis que les balles frappaient sourdement l’arbre. Mais, malgré que derrière le tronc épais de l’arbre je fusse en sécurité, La tension nerveuse ne m’abandonna pas pendant quelque temps. Le froid se faisait sentir de plus en plus. Otant d’abord les étuis protecteurs du canon et de la lunette optique, je posais avec précaution mon fusil sur une branche. Le sniper ennemi remarqua le mouvement et tira encore une fois. La balle laissa une trace sur les flocons de neige de la branche.


A ce moment, je compris que j’avais un avantage essentiel sur mon adversaire : le sniper ennemi tirait contre le soleil ! Moi, je ne répondais pas à ses coups. Inutile de tirer à tout hasard. Une heure et demie s’écoula encore, l’ennemi commençait visiblement à s’énerver. Il tirait de plus en plus souvent, ce qui me donna la possibilité de déterminer exactement sa position. Il était visible que le sniper ennemi souffrait du froid terrible plus que moi, ce qui m’était utile. Je compris qu’il ne pourrait pas tenir longtemps et qu’il entreprendrait quelque chose. Le silence de ma part l’enrageait. Encore deux ou trois heures s’écoulèrent, mais notre situation réciproque resta inchangée. Seulement, le soleil était descendu plus bas et les ombres s’allongèrent. Bientôt, la nuit tomberait. Brusquement, je vis que derrière l’arbre où se cachait le sniper, une partie de sa jambe s’exposa. J’épaulais rapidement et fis feu. La neige des branches me saupoudra. L’ennemi tressaillit et, pour un instant, il découvrit son dos. Cela me suffisait pour terminer notre duel. J’entendis l’ennemi gémir et ensuite, tout retomba dans le silence. A la tombée de la nuit, j’abandonnais ma position.


AMENAGEMENT DE LA PLACE POUR LE TIR DU SNIPER

Un tir de précision ne peut être couronné de succès si le sniper ne sait pas se camoufler et aménager imperceptiblement son emplacement.
L’endroit d’où le sniper fait feu doit être choisi ainsi : Tu vois tout, mais personne ne te voit. Parfois le sniper est obligé d’agir sans avoir le temps pour aménager son emplacement de tir. Alors, il doit s’accommoder au mieux avec le terrain environnant pour, ainsi dire, se dissoudre complètement dans le milieu. Avant d’occuper une place pour le tir, il doit demander à son camarade de vérifier le camouflage. La partie antérieure du tronc, la poitrine, le ventre ne doivent pas être masqués avec des matériels pouvant embarrasser les mouvements du sniper ou l’empêcher de ramper.

Si possible, le fusil doit être enveloppé avec de minces touffes d’herbe, sauf le canon, afin de ne pas être gêné pendant le tir. Au printemps et en été, pour le tube de visée, il faut confectionner un étui en tissus vert, alors les parties polies ne brilleront pas au soleil. Pour l’objectif, il faut prévoir une visière en carton ou en fer blanc, peinte en kaki de telle façon que le verre de la lunette soit couvert par l’ombre de cette visière. Ainsi, on écarte l’ennemi dangereux du sniper : l’éclat de la lentille qui peut le faire démasquer.


Pendant l’hiver, le camouflage se complique. Il faut veiller à ce que les housses de camouflage, les bas recouvrant les bottes de feutre, les gants, le filet pour le visage soient en concordances avec la couleur de la neige, laquelle peut prendre des nuances diverses suivant le temps, du blanc immaculé jusqu’au noir sale. Il vaut mieux envelopper le fusil avec un pansement de gaze et, quand il faut se déplacer sur le terrain découvert, prendre la précaution de se saupoudrer de neige.


Je vais raconter comment je me suis aménagé un emplacement de tir. C’était pendant l’hiver, notre bataillon occupait la position qui lui était assignée. Après la reconnaissance, je choisis un endroit convenable de tir. C’était un cap saillant, comme une proue de rivière. De là, s’ouvraient de bonnes vues sur la rive opposée. Le secteur d’observation avait plus de 180 degrés. Le cap même était recouvert d’un petit bois clairsemé. Ici, je choisis l’emplacement sous les branches d’un vieux pin. Il fallait préparer l’affût et le camoufler. Le travail se faisait pendant la nuit, travailler pendant le jour signifiant trahir sa place à l’adversaire. Le sable extrait lors de l’aménagement fut transporté dans la tranchée à l’aide des boites vides de cartouches. Lorsque la place fut prête, il fallut faire le parapet et les appuis pour les coudes avec des planches.

Je laissais la partie avant découverte pour pouvoir m’élever en tirant et, le cas échéant, sortir par-là. Sur la partie arrière, je construisis une protection avec des troncs d’arbres sous lesquels je pouvais m’abriter des balles et des fragments de mines et d’obus. Je camouflais les approches de l’emplacement au fur et à mesure de l’aménagement. J’ajoutais aux arbustes et petits arbres existant, les arbres et les arbustes artificiels. Chaque nuit, je faisais un ou deux trous, j’implantais des petits pins ou sapins en recouvrant leurs branches avec de la neige. L’ennemi ne s’aperçut de rien. Ensuite, je commençais l’aménagement intérieur de mon «logement ».

J’enfonçais les pieux le long des parois de la tranchée en les reliant avec des branches. Pour protéger les pieds du froid, je jonchais le fond de la tranchée de branches d’arbres. Au-dessus de ma tête, il y avait la couverture naturelle fournie par les branches des pins. Je n’oubliais pas, lors de la préparation de l’emplacement, un détail important : l’arrière plan. Il a fallu travailler dans le vêtement de camouflage (sarrau blanc), c’est pourquoi sur l’arrière-plan sombre, ma tête recouverte d’un capuchon blanc pouvait être visible. Le problème a été résolu simplement. J’abattit les branches derrière moi et ma tête dans le capuchon blanc ne se profile plus sur l’arrière plan sombre.


Je condensais la neige en dessous du créneau en l’arrosant avec de l’eau. Après son durcissement, elle ne s’éparpilla plus lors du tir. C’est aussi un élément important du camouflage. Quelques-uns uns des snipers fascistes ont déjà été repérés justement à cause de l’éparpillement de la neige soulevée par les gaz qui sortaient du canon de leurs fusils.
Suivant les mêmes principes, j’aménageais aussi les autres emplacements de tir. Ainsi, je pouvais tirer de quatre points différents. En faisant quelques coups de feu d’une place, je changeais immédiatement d’emplacement. C’est pourquoi les hitlériens n’ont pas pu m’attraper tandis que moi, je les exterminais.


Pour bien choisir l’emplacement du tir, le sniper doit connaître les éléments de la topographie et de la tactique. Je les ai appris encore en temps de paix. Mais c’est seulement au front que je me suis rendu compte que c’était très important. Une fois, lors de l’occupation d’une nouvelle position, il fut décidé d’aménager plusieurs places pour les snipers. Le calcul était le suivant : lors de l’apparition des fascistes sur n’importe quelle parcelle du terrain, la balle du sniper devait les abattre.

Nous avons fait la reconnaissance des lieux en détail. On a déterminé les points de repère et on a évalué les distances jusqu’à eux. Les hitlériens faisaient feu pour nous empêcher de nous déplacer. Alors, à l’aide d’une carte topographique, nous avons examiné toutes les parties pouvant nous intéresser et nous avons déterminé les voies d’approche les plus probables de l’adversaire vers nos lignes de défense. La carte nous a aidé à choisir des emplacements de tir d’où les lieux devant notre ligne de défense étaient bien visibles et pouvaient être battus aisément par les feux des snipers. Notre tache s’avéra utile. Bientôt, les fascistes ne purent pas faire un pas sans être pris sur le guidon d’un sniper. Durant un mois, nous avons anéanti près de trois cents hitlériens, soldats et officiers.


LA RUSE ET LA BONNE JUGEOTE.

L’art du sniper est étroitement lié à la science de l’observation du champ de bataille. Je connaissais parfaitement mon secteur d’observation et de tir jusqu’au moindres détails. Si tu t’aperçois que dans le dispositif ennemi apparaît un nouvel arbuste ou une motte de terre, tu peux être sûr que l’ennemi manigance quelque chose. Souvent, je découvrais ensuite des objectifs. Il y a dans ma pratique le cas suivant : un jour, dans la matinée, j’observais à la jumelle les lignes de défense ennemies.


Brusquement, j’aperçois que dans un endroit, il y a quelque chose qui cloche. Je n’ai pas compris exactement ce que c’était, mais je sentais quelque chose de suspect. Les feuilles d’un arbuste tressaillaient de temps en temps. Ensuite, j’entendais qu’après chaque tressaillement, un coup de feu partait. Encore une fois, les feuilles tressaillirent et le coup de feu retentit. Il n’y avait pas de doutes, l’ennemi était là. Déposant les jumelles, je pris mon fusil, trouvai l’arbuste suspect avec la lunette de visée et, immédiatement, je fis quelques coups de feu l’un après l’autre. L’arbuste disparut.

Un autre cas eut lieu en hiver. Dans un endroit, j’aperçut une poignée de sable jaune. Pourquoi ? Pensai-je. En regardant fixement l’endroit, je remarquais qu’à coté du sable apparaissait de temps en temps une tache noire sur la neige. Enfin, je compris ce qui se passait : ici, on creusait la terre ! La tache sombre n’était autre chose que le créneau d’un affût qui était masqué par les hitlériens au moyen d’un torchon blanc. Mais ils n’avaient pas fait cela soigneusement, car le vent soulevait un coin du torchon et une partie du créneau devenait visible. Je communiquais les résultats de l’observation à nos artilleurs. Ils ouvrirent le feu sur le point fortifié et le détruisirent. Quelques fascistes essayèrent de fuir pendant la canonnade mais les balles des snipers les rattrapèrent.

Malgré de nombreux succès au combat, je ne sous-estimais jamais les précautions à prendre. Le sniper doit être circonspect et prudent.
Une fois, pour aller à la «chasse », je pris avec moi un camarade. Après avoir choisi l’emplacement de tir, il s’installa à 50-60 mètres de moi et commença à faire feu de temps en temps, en se démasquant exprès par son tir. Après chaque tir, il se cachait dans un endroit sûr et moi, j’observais. Le sniper ennemi se méfia pendant longtemps de notre appât mais, finalement, tomba dans le piège. Visiblement, il voulut abattre notre tireur. Et voilà comment je vis, à gauche d’un arbuste, la neige s’éparpillait et, une seconde plus tard, le coup de feu sourd. Alors là, tu es cuit, pensais-je ! Mais pour plus de sûreté, je décidai d’attendre et de vérifier mon observation encore une fois. Je regarde à nouveau le même tableau : les tourbillons de neige près de l’arbuste suivi d’un coup de feu. Je fis feu trois fois sur l’arbuste et sur la neige, près de l’arbuste, un fusil tomba. Cela signifiait que le fasciste était anéanti.


L’autre sniper, nous l’avons eu d’une autre manière. Les lignes de nos tranchées et celle de l’adversaire étaient distantes de 80 mètres. J’ordonnais à un soldat de prendre un casque, le mettre sur une bûche et, de temps en temps, de le promener le long de la tranchée en le faisait saillir au-dessus du parapet. Moi-même, j’occupais une place un peu éloignée de la tranchée. Le sniper fasciste tomba dans le piège et commença à tirer sur le casque. L’heure était matinale. Il faisait encore sombre. Les flammes des coups de feu étaient bien visibles et c’est ainsi que j’anéantis le sniper ennemi.
Ainsi, le sens de l’observation, la ruse et la bonne jugeote m’aidèrent à exterminer les envahisseurs fascistes.
savage
 
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Message par savage » 17 Déc 2005, 17:55

L’ACTION DES SNIPERS TRAVAILLANT PAR DEUX.

Comme le lecteur a sûrement remarqué, jusqu’ici je dis peu de choses sur l’action des snipers par deux. Cela s’explique par ce que les actions des snipers de Leningrad et, en particulier les miennes, se déroulèrent en général en automne et en hiver 1941-1942, quand le mouvement des snipers se multiplia et pris de l’ampleur sur les fronts de la guerre patriotique. A cette époque, les soldats connaissaient leurs fusils à la perfection et, sachant bien tirer, souvent de leur propre initiative, épièrent et exterminèrent l’ennemi parfois au détriment de leurs heures de repos dans l’intervalle séparant les combats habituels. Ils étaient appelés en conséquence les «snipers-chasseurs ».

L’organisation du travail des snipers par binôme n’est pas due au hasard. Il est évident que l’observation prolongée fatigue les yeux et diminue la qualité du tir. Le travail en binôme élimine ce défaut dans l’action du sniper grâce au changement successif de rôles. Un des snipers observe durant 20 ou 30 minutes l’autre, pendant ce temps, se repose. C’est à dire que s’il n’observe pas, il reste, néanmoins, prêt à tirer sur les objectifs suivant les indications de son coéquipier. Ensuite, ils changent les rôles. Ainsi, le travail des snipers par binôme consiste en ce que l’un observe et l’autre extermine. Seulement, pendant la grande activité de l’adversaire, quand les objectifs apparaissent souvent, les snipers travaillent simultanément.

Pour changer de place, la paire de snipers procède ainsi : l’un reste sur place, observant le terrain, étant prêt à abattre l’objectif surgissant(et par-là à liquider le danger qui menace son camarade), l’autre, se déplaçant avec précautions, choisit un autre emplacement de tir et fait signe au premier pour commencer le déplacement. Pour le changement d’emplacement suivant, ils changent les rôles.


LE SNIPER A L’OFFENSIVE.

A l’offensive, le sniper coopère activement avec son unité en l’aidant à accomplir sa mission, exterminant en premier lieu les officiers de l’adversaire, ses observateurs, guetteurs, snipers et servants de mitrailleuses, mortier et pièces d’artillerie.

Le feu précis des snipers sur les fentes d’observation des chars contre-attaquant, sur les créneaux des points fortifiés, dans les moments critiques du combat, par exemple lors de la contre-attaque de l’adversaire, peut jouer un rôle décisif.

Lors de l’allongement du tir de l’artillerie, passant de la ligne avancée de l’ennemi à la profondeur de son système défensif, les snipers anéantissent les nids de résistance et reprennent leurs activités, exterminer les servants des armes de toutes sortes.

Pendant l’offensive et l’attaque de nos chars, les snipers aident en abattant les snipers ennemis, les servants de pièces d’artillerie antichars et autres moyens de feu. Le sniper rend au commandement des services précieux en tant qu’observateurs experts. Il a l’œil vif et expérimenté. Avant les autres, il découvre les moyens de feu adverses qui empêchent principalement son unité d’avancer. Il trouve vite l’objectif et peut indiquer son emplacement. Avant le début de l’offensive, le sniper observe attentivement l’adversaire et protège par son feu contre celui des snipers ennemis, guetteurs et tireur P.M. Le sniper, prenant part à l’offensive de son unité, avance de préférence sur les flancs ou dans l’intervalle entre les sections. Avec les tireurs au P.M., les snipers s’infiltrent derrière les positions de combat ennemies et, par le feu, désorganisent l’adversaire. Les snipers épient et anéantissent les guetteurs, les embuscades, les postes et descendent les tireurs P.M. ennemis qui s’installent dans les arbres.

Quand l’adversaire renforce le feu de ses mitrailleuses lourdes et de ses mortiers, pour essayer de couvrir le repli de ses avant-postes, les snipers repèrent les emplacements de tir, abattent les servants de pièces et ensuite, aident les troupes amies à exterminer l’ennemi en retraite.
Le sniper occupe l’emplacement de tir avant le commencement de l’offensive. Il s’installe le plus près possible des lignes avancées ennemies. C’est un soldat instruit tactiquement. Il doit savoir s’orienter vite, choisir et évaluer les objectifs selon leur importance, déterminer la distance sans erreurs. Il doit comprendre quel objectif gène le plus son unité, quel objectif il peut détruire lui-même et lequel il faut signaler aux artilleurs et aux servants des mortiers. Savoir indiquer avec exactitude la cible aux artilleurs, aux mitrailleurs et aux mortiers est une obligation de première importance pour le sniper.

Le sniper doit rechercher les objectifs sans relâche, à tous les stades du combat offensif : avant l’offensive, au moment de l’attaque et pendant la période d’approche, en se déplaçant d’une position à l’autre, et aussi pendant la poursuite de l’adversaire dans la profondeur des défenses.

Au moment où toutes les armes de l’unité ouvrent le feu, le travail essentiel d’un sniper, en ce qui concerne la préparation de son emplacement de tir, doit être déjà accompli. A ce moment, les tireurs de l’unité anéantissent les objectifs les plus importants de l’adversaire. Le sniper a, par sa longue observation, le temps d’étudier les objectifs et il peut maintenant les abattre du premier coup. Voilà un exemple : la veille de l’offensive, ayant reçu une mission, j’orientais les snipers sur le terrain, en leur expliquant la situation et la mission de nos unités. Dans la matinée, avant l’aube, plusieurs paires de snipers avaient occupé leurs postes. Dans la direction la plus importante, un de nos meilleurs snipers avait été posté. Ayant pris place dans un char immobilisé, il constata que deux mitrailleuses allemandes risquaient d’empêcher l’avance de nos unités.

Une de ces mitrailleuses était camouflée dans un trou d’obus et se trouvait à 80-90 mètres et l’autre, plus à gauche, en dessous d’un char détruit. L’attaque commença. Les deux mitrailleuses ennemies ouvrirent un feu farouche sur nos unités mais bientôt elles furent réduites au silence. D’abord la première et ensuite la seconde : notre sniper avait accompli son travail !


La voie était ouverte pour continuer l’offensive. L’attaque réussit. Ayant terminé avec les servants des deux mitrailleuses, le sniper remarquait un mouvement à peine perceptible à côté d’un char détruit. Une planche se souleva qui, comme on le verra plus loin, fermait l’entrée d’un dépôt de munitions. Il ouvrit le feu sur la cible découverte sans crainte de se démasquer car nos tireurs, attaquant l’adversaire, étaient arrivés à côté de lui. Ils exterminèrent encore trois fascistes. Dans ce combat, le sniper en tua cinq et blessa trois tireurs fascistes. Environ une heure plus tard, l’adversaire entreprit une contre-attaque. Les snipers, en restant sur leurs emplacements, ont aidé l’unité à briser l’élan de l’ennemi : la contre-attaque fasciste fut repoussée !


LE SNIPER DANS LES COMBATS DE RUES

Mon ami, le héros de l’Union Soviétique Wassili ZAITZEW, a participé à la défense héroïque de Stalingrad. Souvent nous nous sommes raconté nos combats de tous les jours. Je me souviens de son récit très instructif concernant l’action des snipers pendant les combats de rues à Stalingrad.
Le combat dans une localité, et en particulier dans une grande ville, diffère considérablement du combat dans un terrain découvert.


La lutte y devient particulièrement acharnée, on se dispute la possession des quartiers isolés, des carrefours, des immeubles et, à l’intérieur des immeubles, un étage, un escalier, une fenêtre, un logement. La particularité caractéristique des combats de rues, c’est le fractionnement des unités et des détachements en petits groupes agissant indépendamment. Cette particularité se manifesta aussi lors de la défense de Stalingrad, malgré que la lutte dans cette ville ait apporté de nouveaux concepts dans la tactique des combats de rues. Les combats de Stalingrad ont complété l’expérience de combat des snipers soviétiques. Combien cette expérience était instructive ! On peut en juger d’après l’action d’un seul groupe de snipers, le groupe de ZAITZEW, qui, durant quatre mois, a anéanti dans Stalingrad 1126 soldats et officiers hitlériens. ZAITZEW a commencé tout seul, comme »chasseur » dans le secteur de sa compagnie, sur un front étroit(environ 200m).

La compagnie assurait la défense d’une usine métallurgique, à cette époque, à moitié démolie. La ligne avancée de défense de l’ennemie passait à proximité de nos lignes. Des deux cotés, on observait attentivement l’adversaire. Chaque mouvement imprudent, maladresse, était immédiatement puni par un coup de feu mortel. Dans plusieurs endroits, notre artillerie et nos mortiers, craignant de frapper les siens, ne pouvaient pas ouvrir le feu sur la ligne avancée de la défense ennemie. Les moyens de feu de l’ennemi étaient aussi voués à l’inaction. Dans la lutte pour la maîtrise de feu, le rôle décisif appartenait aux lanceurs de grenades, tireurs et, avant tout, aux snipers. Dans ces conditions, ZAITZEW a commencé sa chasse aux fascistes.

Mais bientôt, il commençait à rencontrer les snipers ennemis qui l’épièrent et immobilisèrent ses mouvements. Il était obligé de s’en aller du secteur battu par les feux du sniper ennemi. Ils s’installèrent dans le secteur habituellement à proximité de la ligne avancée de défense : des points plus éloignés, les snipers hitlériens ne tiraient pas. Lutter contre eux, étant seul, devenait de plus en plus difficile. Alors, l’idée est venue à ZAITZEW d’organiser un groupe de snipers. Avec l’autorisation du commandement, il commença par choisir les bons tireurs dans les compagnies. Il a formé ainsi un groupe de trente hommes. L’école des snipers commença a fonctionner non loin de l’ennemi et tout le monde s’adonnait à l’apprentissage avec acharnement. Les jeunes snipers «ZAITZEW » étaient envoyés toujours par paires avec les snipers expérimentés. Son système d’apprentissage s’avérait très difficile.
La mission au combat d’un groupe de snipers, émanait le plus souvent du Chef de Bataillon. Mais parfois, sur l’ordre d’un commandant d’unité, il était obligé d’intervenir dans les secteurs des unités, accomplissant le rôle de moyen de feu mobile.


En novembre, devant le front de notre défense, dans l’usine métallurgique, les hitlériens ont commencé à concentrer leurs troupes, en se rassemblant dans le ravin, pas loin de la première tranchée. Cinq snipers, avec ZWAITZEW en tête, en une demi-heure, ont occupé les nouveaux emplacements de tir, à 500 mètres des anciens. Quand les fascistes ont commencé l’attaque de derrière les maisons, les snipers ont ouvert le feu. Dans les premières minutes, l’ennemi a perdu plus de vingt hommes et a refusé de poursuivre l’attaque.

Une autre fois, les mêmes snipers, ayant aménagé préalablement leur emplacement pour tirer la nuit dans un autre secteur, avaient anéanti 45 fascistes.
Le groupe de sniper "ZAITZEW" a été divisé en petits groupes de trois binômes chacun. Les binômes et les groupes occupaient leurs places de telle manière que la coopération et le soutien réciproques étaient assurés. Au chef de chaque petit groupe, ZAITZEW désignait le secteur d’observation et de feu et confiait la mission à accomplir

En arrivant sur la nouvelle position, le groupe de snipers consacré le premier jour à l’observation et la reconnaissance des lieux. Dans un endroit abrité en arrière du front de défense de l’unité, les snipers obtenaient l’information du commandement, des observateurs, guetteurs, artillerie, etc.


Cette information les aida à répartir équitablement les cibles parmi les groupes et de diviser les secteurs d’observation entre les groupes. Tirer pendant le premier jour, lorsque le groupe venait d’occuper l’emplacement de tir, ZAITZEW l’interdisait, malgré que plusieurs jeunes snipers avaient la démangeaison aux mains.
Après la mort du sniper DIMITRIEW, lequel avait fait un coup de feu irréfléchi et a été tué par un sniper ennemi, la discipline de feu est devenue plus sévère.

Pendant la nuit, on procédait à l’aménagement des emplacements de tir. On perçait des créneaux dans les murs des maisons. Les emplacements de tir étaient camouflés soigneusement. Derrière les créneaux postiches, les snipers plaçaient des mannequins représentant le tireur avec son fusil, lequel tombait lorsqu’il était frappé d’une balle.
Pour chaque sniper, on aménageait plusieurs emplacement de tir, parfois cinq. Les snipers observaient la règle : changer de place après chaque coup de feu.

Le choix et l’aménagement des emplacements de tir, en ville, ont une importance primordiale. Voilà pourquoi, le matin, quand les snipers occupaient leurs emplacements, ZAITZEW les inspectait en vérifiant comment ils étaient aménagés et dissimulés, et souvent, fermait quelques-uns qui étaient mal choisis et exigeait la préparation de nouveaux emplacements de tir.


Les snipers évitaient de s’installer dans les maisons en bois parce que ces bâtiments étaient souvent incendiés par le feu ennemi.
Ils essayèrent de choisir habituellement les places dans les étages supérieurs, corniches, greniers des immeubles en briques, lesquels ouvraient de bonnes vues et assuraient de bonnes conditions pour le tir. Ayant installé et dissimulé le créneau, le sniper reculait un peu vers l’intérieur de l’immeuble afin d’éviter d’être remarqué lors du tir.


Si un groupe de snipers opérait longtemps dans un endroit, ZAITZEW étudiait quotidiennement les registres des observateurs, les compte rendu des éclaireurs et choisissait les nouveaux objectifs pour le groupe. En même temps, il prévenait souvent les tireurs que, dans leur région, vont opérer telle ou telle paire de snipers. Cela aidait les uns et les autres à coopérer étroitement. Le soir, quand les snipers se rassemblaient, ZAITZEW faisait le bilan de la journée et posait les problèmes pour la journée à venir.
Pour la liaison entre les groupes de snipers, on utilisait les appareils téléphoniques ainsi que les plantons à pied. Pour les signaux de changement général d’emplacement de tir ou pour le rassemblement en arrière en vue de recevoir des nouvelles missions, on utilisait des fusées.


Deux binômes de snipers avaient, hormis leurs fusils, des fusils antichars et faisaient des feux convergents sur des cibles difficiles à anéantir par une balle ordinaire : embrasures bien défendues, mitrailleuses lourdes, chars et avions.
Pendant tout un temps, les groupes de snipers ont pris en chasse une voiture qui s’arrêtait souvent à 600 mètres de nos lignes, près d’une maison où, auparavant, se trouvait la clinique de la ville. Ici, les hitlériens avaient installé la cuisine. Habituellement, nos snipers réussissaient à ôter un ou deux fascistes, les autres ayant le temps de se cacher, et le véhicule s’en allait intact. En fin de compte, ils ont réussi à le démolir avec des balles perforantes-incendiaires en faisant feu avec un fusil antichar.


Lorsque la célèbre offensive de Stalingrad a commencé et que nos troupes chassaient les fascistes des rues et des places de la ville, conquérant immeuble après immeuble, quartier après quartier, les snipers faisaient partie des groupes de blocage. Ils participaient à la préparation des attaques par le feu et appuyaient les troupes de choc. Avec des coups de feu précis, ils anéantissaient vite les cibles surgissant brusquement et, par-là, contribuèrent aux actions de notre infanterie laquelle, faisant irruption dans les maisons occupées par les fascistes, les anéantissaient avec des grenades et baïonnettes.


Dans ces combats de rues, le sniper est souvent obligé de manier la grenade ou le pistolet en se défendant soi-même et ses camarades de l’agression ennemie inattendue. Dans les conditions du combat de rues, l’observation de l’ennemi s’avère très difficile tout autour de rues, d’immeubles, de maisons en ruine, d’où les soldats ennemis peuvent surgir là où on les attend le moins.


C’est pourquoi le sniper, dans ces conditions, doit être particulier vigilant. IL est obligé de savoir manier à la perfection ses armes personnelles : le pistolet, l’arme blanche, le poignard et aussi l’artillerie de poche : les grenades. Il est très utile, lors des combats de rues, d’agir à trois. Les obligations de chacun dans le groupe à trois se répartissent ainsi : un des snipers est armé du fusil de sniper pour anéantir les objectifs importants à grande distance, le deuxième a un fusil ou une carabine et tire sur les cibles à moyenne distance, le troisième fait feu sur l’adversaire avec le P.M. sur de courtes distances. La mission du tireur au P.M. est de protéger le groupe de snipers. Il doit être toujours prêt à repousser l’agression ennemie de n’importe quel côté, sans les laisser s’approcher de l’emplacement des snipers.
savage
 
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Message par savage » 17 Déc 2005, 17:56

CHAPITRE 4 : LE CONSEIL AUX SNIPERS

En conclusion, je vais donner quelques conseils, fondés sur ma pratique personnelle, et qui
sont utiles pour chaque sniper.
Le succès du tir au combat dépend de deux causes principales : bon état de l’arme et l’art du tireur.
Protège ton fusil comme ton propre œil pour qu’il conserve toujours la précision du tir voulu et ne s’enraye pas au moment décisif. Chez un bon tireur, l’arme est toujours en bon état. Rappelle-toi le proverbe russe :


Montre-moi ton fusil et je te dirai quel soldat tu es !
Prend un soin particulier pour la protection du canon contre la rouille à l’intérieur, préserve la lunette optique et la hausse des chocs et des détériorations. La rouille du canon, le mauvais état de la hausse et du guidon abaissent la précision du tir. Préserve la culasse mobile et le mécanisme d’alimentation de la pénétration du sable et de la poussière. L’encrassement de ces parties du fusil est souvent à l’origine des retardements du tir. Garde les accessoires de nettoyage et de graissage dans l’ordre et la propreté. Le combat terminé, nettoie et graisse le canon, la culasse mobile, le mécanisme d’alimentation et les parties extérieures du fusil. Examine et essuie la hausse, le guidon et l’objectif de la lunette avec un torchon doux et mets l’étui dessus. Etudie le fonctionnement du fusil et rappelles-toi l’ordre de démontage et remontage. Démontes et remontes ton fusil soigneusement et, après le nettoyage, vérifie attentivement le fonctionnement de toutes les parties du fusil.


Fais la même chose dans les intervalles entre les combats. Tiens compte des particularités du tir de ton fusil. Retiens quelle hausse mettre et quel point de visée choisir afin d'abattre la cible à une distance donnée. Tiens compte de l’influence latérale du vent sur la trajectoire de la balle, met la dérive qui s’impose. Entraînes-toi à faire tous les mouvements du tir automatiquement, exécute les vite et habilement.


En prenant la position du tir, tiens ton corps détendu mais stable. En visant, mets la crosse du fusil dans le creux de l’épaule fortement, prends convenablement la ligne de mire, appuie sur la détente progressivement mais résolument, observe les points d’impacts des balles et corrige et la hausse et le point de visée en conséquence.
Développe en toi les qualités indispensables du sniper : audace, ténacité, calme, résistance à la fatigue, endurance, initiative, ruse, coup d’œil, précision et observation. Rappelles-toi que ta balle doit abattre la cible à coup sûr. L’objectif a surgit, évalue vite son importance, détermine la distance jusqu’à lui, décide s’il faut ouvrir le feu et choisis le moment propice pour cela. Si l’objectif est loin et s’approche, ne te presse pas, attends. Si la cible disparaît ou s’en va de ton champ visuel, agis vite, mais toujours de manière à anéantir la cible.


Comprends bien la mission confiée à ton unité, avec laquelle tu agis de concert, c’est indispensable pour l’accomplir correctement et pour aider ton unité.

Coopère avec les tireurs au P.M., mitrailleurs, artilleurs et servants des mortiers, cela assurera le succès dans ton travail d’extermination de l’ennemi. Abats, en premier lieu, les menues cibles éloignées en tenant compte que les objectifs importants et rapprochés seront anéantis par le feu des tireurs au P.M. Tes cibles seront : les officiers, snipers, observateurs, agents de liaison, servants de moyen de feu(particulièrement antichar), chiens de liaison… Rappelle-toi que les tireurs aux mitrailleuses et au P.M. assureront tes actions, détourneront le feu et l’attention de l’adversaire sur eux-mêmes et te donneront la possibilité d’accomplir ta mission avec plus d’assurance. Si tu opères à l’unisson des moyens antichars, assure leur travail par ton feu, extermine les équipages de chars immobilisés et les servants des moyens de feu adverse, qui tirent sur nos moyens antichars.
En découvrant un char enterré, des points fortifiés ou une pièce d’artillerie ennemie, indique-le à ton commandant, à un observateur ou à un pointeur au canon. Fais cela en cachette, au moyen de signaux convenus, par la voix, transmission à la chaîne. A titre exceptionnel, la cible peut être indiquée par une balle traceuse.


Choisis l’emplacement de tir là où le terrain devant toi, et sur les cotés, est bien visible et où il y a possibilité de te dissimuler de l’observation ennemie. Creuse ta tranchée et camoufle la bien. Autant que possible, choisis l’emplacement de tir de telle manière que l’on puisse faire feu sur l’adversaire avec un tir de flanc. Aménage l’endroit soigneusement, dissimule les couleurs du terrain environnant et les objets à proximité. Choisis et aménage deux ou trois emplacements de tir, prépare l’itinéraire caché de l’un à l’autre de ces emplacements. N’épargne pas les efforts pour les aménager et les perfectionner. Utilise, pour leur aménagement, la nuit, le brouillard et le crépuscule. Souviens-toi que l’adversaire t’observe méticuleusement et que ses snipers font feu avec précision. Chaque mouvement imprudent peut te livrer corps et âmes au sniper ennemi. Camoufle-toi de telle façon que ton coup de feu ne te dévoile pas. En arrivant sur le terrain, oriente-toi pour savoir où se trouvent les choses. SOUVOROV a dit :


Un homme renseigné est semblable au voyant parmi les aveugles !
Etudie soigneusement les lieux et les objets caractéristiques du terrain dans le secteur qui t’a été confié, établis ta fiche de tir, détermine avec le plus de précision possible les distances jusqu’aux points de repères en les annotant. En déterminant bien la hausse concordante, choisis le point de visée avec précision. La hausse juste et le point de visée bien choisis assurent la précision du tir.


Observe attentivement et sans interruption le champ de bataille et le ciel. Rappelle-toi que la reconnaissance des cibles et l’observation du champ de bataille ne sont pas moins importants que le tir de précision. De tout ce que tu découvres, rends compte immédiatement à ton supérieur.

A l’offensive, étudie le terrain sur lequel tu agis, prévois quelques emplacements futurs pour le tir et l’itinéraire pour t’y rendre. Etudie des nids de feu démasqués, les observatoires ennemis et aussi les endroits où peuvent apparaître les nouveaux moyens de feu. Avance dans les premiers rangs des détachements dans l’ordre du combat, sur les flancs ou dans l’intervalle entre eux comme ton supérieur te l’a indiqué.

Extermine les servants des moyens de feu adverses aux approches de la ligne de défense avancée et sur la ligne même, particulièrement les servants des mitrailleuses tirant à bout portant, faisant feu sur le flanquement et aussi sur les moyens antichars d’infanterie.


Lors de l’attaque, extermine les tireurs P.M. ennemis, les observateurs et les servants des moyens de feu reprenant leur activité et s’avançant sur les positions découvertes. Pendant l’attaque de notre infanterie accompagnée des chars, anéantis tout d’abord les moyens antichars ennemis.
Lors du combat dans la profondeur de la défense ennemie, tire en premier lieu les moyens feus survivants et les petits groupes de contre-attaquants.


Pendant le repli des troupes ennemies, tire sur les conducteurs des tracteurs et des camions, sur les servants des mitrailleuses et des pièces d’artillerie couvrant par leur feu la retraite des troupes, sur les chevaux des attelages transportant les mitrailleuses et mortiers.

Pendant la défense, choisis un emplacement avancé sur l’itinéraire probable du mouvement ennemi. Etudie les voies d’approche sur la ligne avancée de défense. Opte pour ton poste une bonne place cachée de l’observation ennemie, aménage la, découvre vite les obstacles, extermine les éclaireurs, officiers, observateurs, snipers, servants de moyen feu prenant position et les agents de liaison ennemis.


Lorsque l’adversaire pénètre dans les dispositions de notre défense, tire sur les servants de ses moyens de feu et protège par ton feu nos troupes contre-attaquant l’ennemi.
Lors de la défense dans une agglomération, installe-toi dans bâtiments, aménages les créneaux dans les murs, dans les greniers, sur les toits, mais de telle manière que le fusil ne se trouve pas dehors.
Extermine les groupes ennemis essayant de bloquer nos nids de feu fortifiés, ses tireurs au P.M. s’infiltrant dans nos positions.

L’annotation des observations facilite l’étude de la conduite de l’ennemi sur le champ de bataille. C’est pourquoi, te trouvant en défense, note toutes les cibles et tous les changements survenus dans les dispositions de combat ennemies. Sur tout ce qui a de l’importance, rends compte immédiatement.

Lors de la reconnaissance assurant la protection des troupes en marche, faisant partie de la patrouille de sûreté, rencontrant l’ennemi, choisis l’emplacement de tir sur le flanc et assure l’efficacité de l’action de la patrouille.


Pendant le décrochage, couvre par ton feu, les moyens de feu se repliant les derniers. Sois toujours prêt à intervenir pour aider tes camarades de combat.
Rappelle-toi qu’au combat, tu seras souvent obligé de participer au combat corps à corps.
savage
 
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Message par Pere-dodu » 06 Jan 2006, 21:05

Ouh là il ya un sacré morceau à lire mais c'est très interessant !!! c'est typiquement russe aussi mais de nombreuses chose en sont à retenir PDT_Armataz_02_02
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Message par TenguSniper » 06 Jan 2006, 22:12

Trés intérressant, cette vision du sniping en provenance de l' Est.
Merci Savage pour ce morceau d' histoire.
Cependant, serait il possible d' obtenir les références de ce manuel ?
En effet, il doit être aussi difficile à dégotter que celui des snipers britanniques,
bien que le sergent-major Mark Spicer ( PWRR) ait édité un ouvrage portant sur le sujet.

TS.
TenguSniper
 

re

Message par Admin » 06 Jan 2006, 22:17

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Message par TenguSniper » 07 Jan 2006, 08:59

Merci, pour la référence de l'ouvrage de M. Spicer (cependant je l'ai déjà, d'ailleurs il y a des photos du stage "sniper" qu'il avait encadré au Camp du Valdahon au profit du 35 ème RI en 1999). En fait je parlais du "pamphlet n°4", la bible des snipers britannique.

TS.
TenguSniper
 

Message par Zoulou » 09 Jan 2006, 14:49

Comme le montre ce manuel, i est plus_cadre et tout juste plus_top

loll
Zoulou
 

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Message par Admin » 10 Jan 2006, 00:23

En parlant de Sniper, je ne comprend pas tout mais au moins la distance de tir, avec une 7.62 c'est impressionnant:

Image

http://portal.telegraph.co.uk/news/m...ixnewstop.html

http://www.usmc.mil/marinelink/image...p/200592012423

http://www.usmc.mil/marinelink/image.../2004112934517
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Message par Zoulou » 10 Jan 2006, 01:27

En effet, c'est pechu !!!

david a écrit :[Arrête ton langage SMS et corrige tes fautes, ça commence à m'énerver les mots du genre vrité qui ne veulent rien dire !]


autant pour moi ...
Dernière édition par Zoulou le 10 Jan 2006, 13:47, édité 3 fois.
Zoulou
 

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Message par Admin » 10 Jan 2006, 09:24

[Arrête ton langage SMS et corrige tes fautes, ça commence à m'énerver les mots du genre vrité qui ne veulent rien dire !]

- Merci encore -

PDT_Armataz_02_17
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Message par ghost dimitri » 28 Jan 2006, 00:47

C'est super complet chapeau PDT_Armataz_02_02 PDT_Armataz_02_02
ghost dimitri
 

Message par koutche » 27 Fév 2006, 18:25

Bon dossier ! la classe Savage PDT_Armataz_02_02
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Message par Loup » 28 Fév 2006, 10:45

1250 metres avec une 7,62 impressionnant!! Enfin un bon tireur le gars.
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Message par toudou » 25 Mars 2006, 09:45

merci infiniment pour ce temoignage. c est génial PDT_Armataz_02_27
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toudou
 
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Evolution des snipers

Message par Dinosaure » 31 Mars 2006, 10:04

Un dossier sur l'évolution récente du sniping :

Snipers militaires : un domaine en pleine évolution

Il est une règle certes cynique mais non moins criante de vérité : la guerre favorise le développement rapide des technologies et tactiques de combat. Ce qui est universellement vrai l’est en particulier pour les snipers militaires qui, conflit global « antiterroriste » aidant, doivent composer avec une évolution significative de leurs doctrines d’emploi.

Afghanistan, Irak

En matière de sniping lourd, les épisodes guerriers récents ont, pour les forces armées de l’Oncle Sam, induit une prise de conscience : plusieurs centaines de M107 Long-Range Sniper Rifles en calibre 12,7 mm ont été acquis en urgence auprès de Barrett Firearms. Ils ont été et sont encore utilisés non seulement en Afghanistan pour une cinquantaine d'entre eux mais aussi et surtout en Irak. A terme, ce sont au total 3 000 armes de ce type qui pourraient être achetées par l’armée de Terre américaine. Le M107 est plus léger et moins long que le M82A3 développé par la même société et universellement répandu ; les exemplaires livrés ont été rétrocédés aux unités de forces spéciales ainsi qu’aux 82nd Airborne et 101st Airborne.
Plus généralement, l’Afghanistan puis l’Irak jouent un rôle de banc d’essais permettant de tester une foultitude de nouveautés technologiques.

Cherchant à conférer à ses équipes de tireur d’élite une plus grande autonomie, l’US Army a ainsi, en milieu d’année 2003, « emprunté » aux forces spéciales deux quads Polaris Sportman 700 en version « Sniper Vehicle » ; ils ont été confiés aux fins d’expérimentation au premier Stryker Brigade Combat Team en partance pour l’Irak. Ce type d’unité basée sur la mise en œuvre de différentes versions du blindé à roues Stryker contrôle organiquement des équipes de tireurs d’élite légères ou lourdes aux niveaux compagnie et bataillon. Ces équipes sont destinées à accomplir des missions pouvant impliquer un isolement allant jusqu’à 72 heures.

Dans ce cas, la capacité d’emport du Sniper Vehicle est parfaitement adaptée : il confère à un binôme formé de l’observateur ainsi que du tireur une autonomie de 240 kilomètres. Il est cependant à noter que 72 heures constitue une durée relativement courte : on cite le cas d’une équipe de tireurs d’élite canadiens partis pour une mission de 38 heures et revenus 32 jours après…

Du côté britannique, les spécialistes de la Brigade Patrol Troop, unité de reconnaissance profonde rattachée à la 3 Commando Brigade Royal Marines, ont plus classiquement utilisé des fusils Accuracy International L96A1 en calibre 7,62 mm OTAN. C’est avec une arme de ce type qu’un équipier de la section a réussi, en Irak, un tir d’emblée sur une cible humaine à une distance de 860 mètres. En Afghanistan cependant, les bérets verts britanniques auraient à ce qu’il semble préféré disposer d’une arme d’un calibre supérieur. Le choix s’est, dans le cadre du programme Long Range Large Caliber Rifle, porté sur l’Accuracy International AW Super Magnum en calibre .338 Lapua Magnum (8,6 X 70 mm) référencé L115A1. Compromis entre le relatif manque de puissance des munitions 7,62 et le poids des armes en .50, ce calibre permet de prendre en compte des cibles peu protégées à plus longue distance que celui du classique L96A1. Testée par la Small Arms Section de l’Infantry Trials and Development Unit sise à Warminster, l’arme a en effet induit la mise en vigueur des normes suivantes pour les tireurs d’élite britanniques : 70 % de probabilité d’atteinte d’un objectif de la taille d’une face avant de Land Rover à la distance de 1 500 mètres ou d’une silhouette humaine à 1 200 mètres. Les Hollandais ont également érigé le calibre .338 à l’état de standard pour leurs armes de sniping ; quant aux Canadiens, le Parker-Hale de 7,62 mm actuellement en service parallèlement au McMillan pourrait lui aussi être remplacé par une arme en calibre .338.

Ces remarques posent clairement la question suivante : quelle est la portée efficace d’un tireur d’élite surtout dès lors que le calibre de l’arme qu’il a entre les mains augmente jusqu’à atteindre 12,7 mm ?

Quelle portée pour le sniping militaire ?

En Afghanistan, un sniper appartenant au 3rd Battalion, Princess Patricia's Canadian Light Infantry a réussi, au moyen d'un fusil McMillan .50 Cal. Tactical, à atteindre un homme armé situé à une distance de 2 430 mètres. S'agissant d'un tel tir, la principale variable est relative aux caractéristiques balistiques intrinsèques aux munitions utilisées ; or, le calibre 12,7 x 99 (.50 Browning) est considéré comme précis jusqu'à 1 600 mètres mais ayant, de par son énergie résiduelle, une certaine efficacité jusqu'à environ 6 800 mètres (7 500 yards). Pourtant, au sein de l'Ecole de l'infanterie canadienne de Gagetown qui forme les snipers nationaux et organise sur une base annuelle l'International Snipers Concentration, on souligne que faire but à 2 500 mètres n'est possible que dans des conditions idéales.

C'est également l'opinion qui prévaut chez PGM Précision, société française fournissant le FR 12,7 équipant l'armée de Terre. Egalement dénommée Hécate, cette arme a une portée pratique de 1 500 mètres. Certaines unités rattachées au Commandement des opérations spéciales (COS) l’ont testée à des portées supérieures mais avec des résultats mitigés. Il faut en effet garder à l’esprit que les armes de sniping lourd en calibre 12,7 mm ont avant tout été développées pour traiter non pas des cibles humaines mais des véhicules peu ou pas blindés ; aux Etats-Unis, des tests ont prouvé qu'il était ainsi possible de prendre à partie un camion-citerne jusqu'à une distance de 3 kilomètres. Lors de la première Guerre du Golfe, un tireur appartenant de l’United States Marine Corps a réussi à détruire un blindé irakien de combat d’infanterie d’origine soviétique BMP-1 distant de 1 100 mètres avec un projectile mixte perforant/incendiaire. Prétendre être régulièrement précis sur une cible de taille humaine à plus de 1 800 mètres nécessite donc d'utiliser un autre calibre que le .50, de recourir à des moyens d'acquisition performants, voire de mettre en oeuvre des systèmes de conduite de tir automatisant les corrections en fonction des conditions météorologiques.

La conception française

Dans l’Hexagone, on différencie le tireur de précision mettant en œuvre un fusil à répétition manuelle FRF2 en calibre 7,62 mm du tireur d’élite doté d’un fusil de sniping lourd en calibre 12,7 mm, ce dernier étant en fait un spécialiste du tir de précision la longue distance en plus. L’emploi du tireur de précision s’insère dans le cadre du combat d’infanterie classique tandis que les tireurs d’élite sont, au sein de chaque régiment d’infanterie, regroupés dans une section organique de la Compagnie d’éclairage et d’appui (CEA). En dehors des frontières françaises, cette « graduation » dans l’expertise existe également ainsi qu’en témoigne la mise en service au sein de l’United States Marine Corps du Designated Marksman Rifle M14 (DMR) développé à partir d'un fusil semi-automatique M14 de 7,62 mm. Sur des canons sélectionnés, les armuriers de l’USMC ont greffé une crosse réglable en fibre de verre ainsi qu'un bipied ; ils ont également modifié l'arme pour permettre le montage d'un viseur optique ou optronique de vision nocturne et d'un réducteur de son. Résultat : pour 600 dollars, les leathernecks de la 26th Marine Expeditionary Unit (Special Operations Capable) ont disposé en Afghanistan d'un fusil de précision ayant une portée efficace de 1 000 mètres comblant le fossé entre le M16 d'une part et le fusil de sniping M40 d'autre part.

L’exemple des commandos-marine français nous renseigne quant à lui sur les us et coutumes en vigueur au sein du Commandement des opérations spéciales. Les bérets verts titulaires de la spécialité Tireur d’élite longue distance (TELD) peuvent, dans un cadre offensif, être utilisés pour renseigner sur les mouvements de l’ennemi puis, dès que nécessaire, traiter les objectifs à haute valeur tactique qu’ils auront repéré durant la phase de renseignement. En défensive, la destruction des détachements de reconnaissance adverses devient une priorité. Au sein du commando de Montfort spécialisé en matière de neutralisation à distance, les tireurs d’élite sont rassemblés dans un « pool TE » qui n’est cependant pas activé en permanence. Tactiquement parlant, la « cellule » spécialisée est actuellement articulée autour de quatre hommes : l’observateur (détermine les paramètres météo), le coordinateur (liaisons radio et synchronisation du tir) ainsi que deux tireurs, ce nombre étant destiné à réduire les risques d’échec de la mission. Les spécialistes du commando de Montfort ont tout d’abord été doté de fusils McMillan modèle 87 ELR qui ont été remplacés par des armes Hecate II de PGM Précision. La détermination des paramètres du tir est facilitée par l’emploi de télémètres laser ainsi que de stations météo et de calculateurs miniaturisés.

L’ambivalence reconnaissance/sniping

Outre-Atlantique, les théoriciens militaires ont, tout particulièrement au sein de l’United States Marine Corps, toujours lié la reconnaissance et le tir d’élite, capitalisant ainsi sur l’aptitude des spécialistes à s’infiltrer dans les lignes ennemies. Ce concept implique que les snipers soient entraînés aux techniques de l’acquisition et de la transmission des informations. Au sein de la 11th Marine Expeditionary Unit (Special Operations Capable), les membres du Scout Sniper Platoon rattaché au Battalion Landing Team ont ainsi été instruits à l’utilisation du Marine Air Ground Task Force Secondary Imagery Dissemination System (MSIDS). Composé d'un ordinateur portable jouant le rôle de station-pilote ainsi que de trois Special Camera Systems 1 000 digitales (en l’occurrence basés sur des boîtiers Canon 10D) reliés à un terminal, celui-ci permet de transmettre des images pouvant être prises de jour comme de nuit ; 3 secondes suffisent pour cela. Outre son intérêt en matière de renseignement, ce système permet de mieux contrôler l’emploi d’un tireur d’élite : celui-ci peut ainsi très facilement notifier à un échelon supérieur la zone d’observation couverte. Auparavant, ceci n’était possible que par la réalisation manuelle d’un schéma qu’il fallait ensuite encoder pour en transmettre les points caractéristiques au moyen de multiples messages radio. L’opération nécessitait entre deux et quatre heures de temps et le résultat se révélait d’une fiabilité douteuse : les erreurs d’encodage étaient monnaie courante et l’exactitude du schéma dépendait des aptitudes artistiques du tireur. Le MSIDS a tout d’abord été acquis au profit des unités de reconnaissance profonde mais son intérêt s’est révélé tel que la dotation a, dans le cadre d’Iraqi Freedom, été étendue aux équipes de tireur d’élite.

En matière d’acquisition des informations, le MSIDS ne constitue cependant pas le seul moyen technologiquement évolué mis à la disposition des tireurs d’élite. Le Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) a par exemple été doté de drones miniatures Coccinelle mis en œuvre par la section « appui opérationnel ». Facile d’emploi, discret, ce drone développé par Tecknisolar-Seni restitue une imagerie facilitant notamment le placement des snipers qui peuvent ainsi planifier la prise en compte des secteurs de tir.

Parfois, l’ambivalence reconnaissance/sniping peut se révéler contre-productive. Ce fut le cas au Canada où, en vertu de schémas tactiques privilégiant leur emploi en tant que tels, les tireurs d’élite ont été amenés à privilégier l’entretien de leurs aptitudes en matière de patrouille sur les arrières de l’ennemi. L’expérience afghane a aidé les tacticiens canadiens à prendre conscience de ce déséquilibre ; le conflit a également été à l’origine d’une autre évolution en matière d’emploi des tireurs : désormais, ceux-ci devront pouvoir guider les appuis procurés soit par l’artillerie soit par l’aviation. Actuellement, les forces armées nationales comprennent environ 320 snipers qualifiés qui ne sont cependant pas tous employés dans ce rôle : les postes budgétaires ouverts le sont à raison de huit tireurs d’élite pour chacun des neuf bataillons intrinsèques aux forces terrestres.

Des tactiques particulières

Cette ambivalence amène donc les spécialistes du tir à acquérir des connaissances affirmées en matière d’acquisition du renseignement d’origine imagerie (ROIM). Mais, ainsi que nous l’avons vu s’agissant de la Brigade Patrol Troop britannique, l’inverse est également vrai : les unités de reconnaissance s’entraînent assidûment au tir de précision. Ce constat est notamment conforté par l’exemple américain dans un contexte de lutte antiterroriste en zone bâtie. Ainsi, avant de prétendre rejoindre les rangs de la Maritime Special Purpose Force (MSPF) intrinsèque à la 24th Marine Expeditionary Unit (Special Operations Capable), les membres du Reconnaissance and Surveillance Platoon de l’unité ont, en avril 2004, perfectionné leurs aptitudes au sniping urbain dans le cadre de l’Advanced Urban Reconnaissance and Surveillance Course. Celui-ci est principalement destiné à entraîner les spécialistes du peloton à la surveillance des immeubles abritant des terroristes et ce, en vue de préparer l’action d’une unité chargée de libérer d’éventuels otages. Dans le cadre de ce scénario, le couplage reconnaissance/tir de précision prend tout son sens. Les systèmes de vision jour/nuit couplés aux armes autorisent la permanence de l’observation tandis que la connaissance de l’objectif dont font preuve les observateurs leur permet de coordonner plus facilement le tir simultané sur plusieurs preneurs d’otages passant d’une pièce à l’autre à l’intérieur de l’immeuble.

Pour terminer, faisons état d’une autre tendance lourde en matière de doctrine d’emploi des snipers : on leur demande désormais d’être capables de tirer à partir d’un hélicoptère. Cette tactique particulière est notamment à l’honneur au sein des commandos-marine français qui disposent pour ce faire de fusils Heckler & Koch G3 qu’ils utilisent depuis des Super Frelon ou des Lynx. Leurs homologues de l’United States Marine Corps apprennent également à maîtriser des savoir-faire équivalents. Sous la férule des instructeurs d’un des trois Special Operations Training Groups, quelques « nuques de cuir » du 4th Marine Regiment et du 3rd Reconnaissance Battalion en l’occurrence mêlés à des opérateurs du 1st Special Forces Group de l’armée de Terre ont notamment, en décembre 2003 à Okinawa, entretenu leurs aptitudes au tir à partir d’un CH-53D Super Stallion. Ainsi entraînés, les tireurs peuvent, à partir d’un tel aéronef, appuyer de manière appropriée des équipes chargées d’aborder des navires suspects lors d’opérations dites « Vessel Boarding Search and Seizure (VBSS) ». Dans le cadre de ce stage, les armes utilisées ont été des fusils Barrett en calibre .50 depuis la tanche arrière de l’hélicoptère ou des M40A3 équipés de viseurs jour/nuit PVS-10 depuis les portes latérales ; pour l’occasion, les M40A3 étaient brêlés à l’aide de filins de descente en rappel.
Dinosaure
 

Message par Admin » 31 Mars 2006, 18:03

[Video] Les dégats des snipers irakiens en Irak. Le sniper utilise bizaremment (peut être pour leurs videos de propogande) des munitions tracantes ce qui va rapidemment donner sa position.

***
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Message par Dowap » 01 Avr 2006, 13:50

Le casque est il efficace sur ce genre de tir ?
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Message par Admin » 01 Avr 2006, 14:06

En tout cas le gilet par balles peu vous sauvez la vie:

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Message par Laurent » 09 Avr 2006, 23:26

une fois de plus tes dossiers sont super savage.... merci pour tous ca...


PDT_Armataz_02_02
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Laurent
 
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Message par luca » 03 Mai 2006, 13:38

oué merci beaucoup c'est super interressant !
tes liens davids,a part des nanas j'ai pas de video de sniper PDT_Armataz_02_04 !!!
luca
 
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Message par raid » 12 Déc 2006, 16:12

genial et bien complet PDT_Armataz_02_02 PDT_Armataz_02_02 PDT_Armataz_02_02 PDT_Armataz_02_02
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raid
 
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Re: Leçons de l'expérience de guerre d'un sniper

Message par Animal Mother » 11 Fév 2011, 07:19

Bordel, ca faisait longtemps!!! Et ca me manquais pas!
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Animal Mother
 
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