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Le syndrome de Stockholm

Message Publié : 04 Nov 2004, 10:15
par savage
Le syndrome de Stockholm
Dr Eric Torres, Virginie Grenier-Boley
source: http://1libertaire.free.fr/SyndromeStockholm.html

Pourquoi ce paradoxe ?

Le 23 août 1973 à 10h15, un évadé de prison, Jen Erik Olsson tente de commettre un hold-up au Crédit Suédois de Stockholm. L'intervention des forces de l'ordre l'oblige à se retrancher dans la banque où il prend en otage quatre employés. Il obtient la libération de son compagnon de cellule, Clark Olofsson, qui vient immédiatement le rejoindre. Les médias rapportent les surprenantes déclarations des personnes détenues : « nous avons pleinement confiance dans les deux bandits », « les voleurs nous protègent contre la police » (1, 2).

Six jours de négociation aboutissent finalement à la libération des otages au cours de laquelle ceux-ci s'interposeront entre leurs ravisseurs et les forces de l'ordre. Par la suite, ils refuseront de témoigner à charge lors du procès, contribueront à leur défense et iront leur rendre visite en prison. L'une des victimes, tombée amoureuse de Jan Erik Olsson, finira même par l'épouser.

Tableau clinique

Ce comportement paradoxal des victimes de prise d'otage est décrit pour la première fois en 1978 par le psychiatre américain F. Ochberg qui lui donne le nom de « syndrome de Stockholm ». Il en établit le diagnostic à partir de trois critères : le développement d'un sentiment de confiance, voir de sympathie des otages vis à vis de leurs ravisseurs, le développement réciproque d'un sentiment positif des ravisseurs à l'égard de leurs otages, et l'apparition d'une hostilité des victimes envers les forces de l'ordre.

Pour que ce syndrome puisse apparaître, trois conditions sont nécessaires (3) : l'agresseur doit être capable d'une conceptualisation idéologique suffisante pour pouvoir justifier son acte aux yeux de ses victimes ; il ne doit exister aucun antagonisme ethnique, aucun racisme, ni aucun sentiment de haine des agresseurs à l'égard des otages ; enfin, il est nécessaire que les victimes potentielles n'aient pas été préalablement informées de l'existence de ce syndrome.

Le syndrome de Stockholm se différencie des psychoses par un caractère généralement réversible qui se manifeste dans les jours ou dans les semaines qui suivent la libération. Il est néanmoins susceptible de bouleverser profondément la vie des personnes ayant été détenues (victimisation directe), ainsi que celle de leur famille (victimisation indirecte). Il peut modifier durablement, voire définitivement, la personnalité, les valeurs et les convictions morales de l'individu (2). L'otage adopte souvent par la suite un jugement permissif vis à vis de la délinquance ainsi qu'une attitude souvent très critique à l'encontre de la société (1).

L'adhésion des victimes à la cause de leurs agresseurs est souvent persistante. On se souvient de l'interview du baron Empain, réalisée plusieurs années après sa séquestration, au cours de laquelle il évoquait avec une certaine « bienveillance » le souvenir de ses ravisseurs tout en soulignant la « compréhension » qu'ils avaient manifestée à son égard et cela malgré le motif crapuleux du rapt et l'amputation d'une phalange qu'ils lui avaient fait subir.

Il est à noter que ces sentiments positifs apparaissent indépendamment de toute manipulation mentale (4, 5, 6). A cet égard, L. Crocq (2) parle de la « subjugation » de la victime par son ravisseur et souligne le double sens que peut avoir ce mot qui signifie à la fois « mettre sous le joug » et « séduire ».

< Le syndrome de Stockholm : contexte de survenue

Le syndrome de Stockholm est intimement lié au contexte particulier qui caractérise la prise d'otage. On en retrouve certainement l'une des premières évocations à l'époque de la naissance de Rome au travers du récit de « l'enlèvement des Sabines » tel qu'il nous est rapporté par Tite-Live. On se souvient qu'ici aussi, les jeunes captives s'étaient interposées entre les ravisseurs et leurs familles en demandant qu'une paix soit conclue.

Nous allons voir que le concept d'otage s'est progressivement modifié au cours du temps pour aboutir à une définition particulière, favorable à l'apparition du syndrome de Stockholm.


Evolution de la définition de l'otage

Le terme « otage » provient du mot « ostage » qui signifie « habitation » en français ancien (7). Dans l'Antiquité, il désignait une personne placée en « résidence surveillée » et servant de garantie lors de l'exécution d'une promesse. Cette définition s'est progressivement modifiée pour désigner aujourd'hui l'individu dont on s'empare et que l'on utilise comme moyen de pression pour obtenir ce que l'on exige ou pour se garantir contre d'éventuelles représailles. Le statut d'otage a donc évolué dans le temps de celui de « garant d'une promesse » à celui de « monnaie d'échange ».


Contexte politico médiatique de survenue

En matière de terrorisme international, les prises d'otage modernes se caractérisent par un aspect médiatique très marqué le plus souvent recherché par les agresseurs qui tentent ainsi d'afficher leur idéologie. Lorsque le contexte n'est pas politique, mais crapuleux (hold-up) la médiatisation n'est souvent pas souhaitée par les hors-la-loi, mais elle n'est pourtant pas moins présente. Ce contexte médiatique spécifique (développement des grands médias) couplé à une situation politique particulière (multiplication des rapts à composante terroriste et recherche de propagande) est très certainement à l'origine des multiples cas de syndromes de Stockholm décrits dans les années 70-80. La première prise d'otage véritablement significative de cette nouvelle tendance correspond certainement au détournement de l'avion de la compagnie israélienne El Al à Alger en 1969. En effet, à partir de cette date, il devint de plus en plus difficile d'établir un clivage net entre la revendication terroriste immédiate et le but « publicitaire » recherché par les terroristes (3).

Rappelons que, du point de vue du droit international, les prises d'otage sont officiellement interdites depuis 1949 par la Convention de Genève dans les conflits militaires ou civils (3). Elles sont également considérées comme contraires à La Convention des Droits de l'Homme. Leur usage renvoie donc obligatoirement à la notion de terrorisme (imposition de revendications) ou à celle de droit commun (demande de rançon).


Equilibre des forces en présence

Le procédé de la prise d'otage, tel que nous le connaissons depuis la seconde moitié du XXe siècle, met en jeu quatre protagonistes : la « victime primaire » (ou victime active) représentée par l'individu ou les structures (financières ou politiques) visés par le chantage ; la « victime secondaire » (ou victime passive) constituée par les personnes effectivement prises en otage ; le ravisseur (ou preneur d'otage), qui fait peser une menace (menace de mort) sur la victime secondaire ; et l'opinion publique (ou victime indirecte) tenue au courant de la situation par les médias.

Dans ce système, il est clair que la victime secondaire (celle qui nous occupe) n'est qu'un intermédiaire entre le ravisseur et la victime primaire. Elle n'est qu'un moyen utilisé par le preneur d'otage pour contraindre sa véritable cible (la victime primaire) à accepter ses revendications. L'otage n'est plus alors visé en tant que sujet par son agresseur, mais utilisé comme une simple « monnaie d'échange ».


Déroulement type d'une prise d'otage

Le déroulement d'une prise d'otage est relativement systématisé. Il se met en place selon une procédure en quatre phases, décrite par L. Crocq en 1993. La succession de ces quatre périodes aide à mieux comprendre la physiopathogénie du syndrome de Stockholm (19).

La phase de capture entraîne une réaction de choc due à un stress aigu qui se caractérise par la survenue d'un traumatisme émotionnel ainsi que par l'apparition de manifestations neurovégétatives diverses (stress physiologique). Sur le plan psychologique, il s'agit d'un état de sidération prolongé qui s'accompagne d'une agitation anxieuse pouvant aller jusqu'à une véritable confusion mentale (stress pathologique).

Ces réactions de stress, une fois dépassées, peuvent donner lieu à des réactions émotionnelles qui, si elles perdurent, peuvent entraîner des réactions comportementales pathologiques (1, 8). Cette « réaction d'effroi » est liée à la confrontation directe du sujet avec la réalité d'une mort possible. Cette proximité à la mort entraîne une effraction dans le fantasme d'immortalité jusqu'alors défendu. Les victimes font alors souvent état d'un sentiment de « basculement de la réalité » qui correspond à l'effondrement brutal du « mythe personnel d'invulnérabilité » et des barrières protectrices de l'individu (1, 2). La réaction d'effroi dépassée, l'otage va chercher, dans un premier temps, à s'enfuir ou à s'opposer à ses ravisseurs. Ses résistances s'épuisent secondairement et il est alors tenté de collaborer. Si cette tentative de collaboration est suivie d'une réponse adaptée de l'agresseur, les conditions sont réunies pour que le syndrome de Stockholm puisse apparaître.

La phase de séquestration est non seulement de durée extrêmement variable, mais elle survient, de surcroît, dans un contexte où la perception du temps est profondément modifiée par le contexte de stress. C'est pendant cette phase que se constitue véritablement le syndrome de Stockholm (2). Elle comporte trois périodes : le déni (négation de la situation), l'espoir (illusion de répit) et la perte d'espoir (acceptation du statut d'otage).

Les conditions, souvent dégradantes, dans lesquelles se déroule la séquestration favorisent l'apparition du sentiment de « déshumanisation ». En contrepartie, il s'établit entre l'agresseur et l'otage une situation de dépendance et de promiscuité susceptible de favoriser l'apparition d'un sentiment de sympathie ou de compassion réciproques (au sens étymologique du terme, ces deux mots signifient « souffrir avec ») qui représentent les premiers éléments constitutifs du syndrome de Stockholm. Il s'y associe des éléments issus de la dynamique de groupe. Des contacts positifs peuvent ainsi s'établir entre les ravisseurs et les otages qui traversent ensemble une « situation d'exception ». Ils sont susceptibles de déboucher sur un sentiment défensif de cohésion du groupe autour du projet commun de recouvrer la liberté.

Si la situation d'isolement perdure, l'agresseur, en quête d'un interlocuteur, finit par se tourner vers sa victime à laquelle il restitue ainsi une valeur humaine. Le fait que l'agresseur tout puissant ne passe pas à l'acte sur sa victime renforce le sentiment pathologique de gratitude à son égard (7). Si l'on en croit L. Crocq, l'otage n'a plus alors comme recours que l'identification au seul modèle avec lequel il peut encore communiquer et qui possède en outre le pouvoir d'adoucir son sort (2). C'est ce qu'on appelle l'identification agressé-agresseur (7). C'est à ce moment que des réactions paradoxales peuvent s'établir entre les otages et les victimes primaires (ou leurs représentants) désignées comme les « responsables de la situation » par les ravisseurs. Elles sont favorisées par un certain degré de suggestibilité pouvant être réactionnel à la confusion qui accompagne la réaction d'effroi.

C'est au cours de cette phase de séquestration que l'otage prend conscience de sa valeur marchande et de ses fluctuations au cours des négociations. Il est assimilé à « une monnaie d'échange » par ses ravisseurs et il représente « un enjeu » aux yeux des forces de l'ordre. Il perd ainsi toute identité sociale. On parle alors de « chosification » de la victime. À ce stade apparaissent des ruminations anxieuses (exacerbées par l'alternance de l'espoir et du découragement) qui favorisent une remise en cause du passé de l'otage et de ses valeurs. Elles sont également caractéristiques du syndrome de Stockholm.

La phase de libération (ou de dénouement) est concomitante d'une recrudescence des phénomènes anxieux. L'angoisse croît exponentiellement avec la crainte d'une intervention des forces de l'ordre. Le risque de survenue d'une issue dramatique est alors à son apogée. Lors de la libération, la stabilité des défenses réaménagées pendant les négociations est brutalement remise en question. Des idées de culpabilité peuvent aggraver la situation, en particulier lorsque d'autres otages sont restés prisonniers ou ont été abattus. C'est a ce moment que l'on note l'émergence de réactions paradoxales de rejet des libérateurs ainsi que d'éventuelles tentatives destinées à protéger les ravisseurs contre l'assaut des forces de l'ordre (2).

La phase séquellaire fait suite à la libération. Les premiers jours sont souvent marqués par une euphorie, mais des troubles de l'humeur plus ou moins intriqués à des idées de culpabilité, peuvent se rencontrer (8). C'est à ce stade que les complications apparaissent. Il peut s'agir d'un syndrome de Stockholm constitué ou de l'une de ses formes atténuées (rationalisation secondaire de l'épisode de la prise d'otage avec remise en question plus ou moins profonde du système de valeur social et culturel du sujet). On peut également voir apparaître au cours de cette phase séquellaire un Post Traumatic Stress Disorder (PTSD) qui constitue lui aussi une complication fréquente des prises d'otages.


Approche psychopathologique

L'un des mécanismes de défense qui prévaut dans le syndrome de Stockholm, et qui favoriseraient l'apparition de réactions paradoxales est représenté par l'identification à l'agresseur. Cette identification représente une réponse élaborée contre l'angoisse et plus particulièrement contre l'angoisse de mort engendrée par la situation.

Cette identification est définie par S. Ferenczi comme une « introjection de l'agresseur, [ce dernier] disparaissant en tant que réalité extérieure, et devenant [une réalité] intrapsychique ». Ce mécanisme d'introjection n'est possible qu'en référence à des mécanismes psychiques particuliers liés au contexte de dépendance et de promiscuité.

Pendant la période des négociation, le sentiment de « carence de la société » ressenti par l'otage symbolise la carence du père. Dans ces conditions, le ravisseur, en raison de sa toute-puissance, peut se substituer à l'image du père idéal.

L'existence d'une dépendance réelle de l'otage vis-à-vis du ravisseur produirait une régression à un stade précoce de la vie infantile (stade préœdipien). Pour que cela soit possible, il doit exister un contact affectif neutre et dénué de toute forme d'agressivité individuelle entre l'otage et les ravisseurs puisque toute haine de l'agresseur envers sa victime empêche l'identification et l'apparition du sentiment sympathie. Le ravisseur peut alors être perçu par sa victime comme « la bonne mère qui protège son enfant » (9).


Quelques exemples

En dehors du cas princeps représenté par le hold-up du Crédit Suédois du 23 août à Stockholm (1973), on retrouve dans la littérature de nombreuses descriptions de ce syndrome. Il est classique de citer la prise d'otage survenue un an plus tard dans la même ville à l'ambassade de la République Fédérale Allemande (Stockholm, 1974), à l'issue de laquelle l'une des fonctionnaires séquestrées déclara son adhésion à la cause de la bande à Baader.

L'enlèvement de sir Geoffray Jackson par les Tupamaros à Montevideo (1971), alors qu'il était ambassadeur de grande Bretagne en Uruguay dura près de huit mois. Le diplomate finit par partager les idées de ses ravisseurs et par adhérer à leurs revendications pendant et après le rapt (3).

Le cas de Patricia Hearst est encore dans toutes les mémoires. Cette adolescente, fille de milliardaire, enlevée le 4 février à Berkeley par un commando mi-politique, mi-terroriste de droit commun se réclamant de l'« Armée de Libération Symbionèse » (San Francisco, 1974) avait défrayée l'opinion publique en participant volontairement à une attaque de banque en compagnie de ses anciens ravisseurs le 15 avril 1974 (11). Ce fait divers classiquement cité pour illustrer le syndrome de Stockholm est cependant considéré comme relativement aspécifique par certains auteurs en raison de ses caractéristiques particulières (immaturité de la victime et nature de ses relations avec les preneurs d'otage) (3).

La prise en otage des magistrats du tribunal de Nantes par G. Courtois et deux de ses complices, le 19 décembre 1985, fut filmée en direct par les équipes de la télévision (Nantes, 1985). 34 personnes furent séquestrées pendant 36 heures, l'une d'elle divorça un peu plus tard pour épouser l'un des malfaiteurs.

La même année au Proche-Orient les otages américains de Beyrouth (1985) furent libérés. Allyn Conwell, leur porte parole et John Testrake, pilote de l'avion détourné de la TWA, se métamorphosent en propagandistes convaincus de la cause de leurs geôliers, et cela, malgré qu'un jeune marine eut été abattu par les terroristes (11).

La prise en otage de 52 personnes dans un train par un groupe d'autonomistes Sud-Moluquois, le 2 décembre 1975 aux Pays-Bas (Amsterdam 1975), constitue également un cas d'école. Certains observateurs laisseront entendre que les deux otages tués lors de l'assaut des forces de l'ordre l'auraient été en tentant de s'interposer entre la police et les terroristes.

Remarquons pour finir que si des observations similaires ont effectivement été réalisées en Italie et en Allemagne lors des actions terroristes des Brigades Rouges et de la Fraction Armée Rouge, il est remarquable de constater que ce syndrome n'est pratiquement pas décrit dans le cadre des actions terroristes des groupes autonomistes d'Europe occidentale (à l'exclusion des pays bas). Il n'existe en effet aucun exemple similaire impliquant les autonomistes corses, basques ou catalans. Cela peut vraisemblablement s'expliquer par l'absence de potentialités amicales et affectives entre les agresseurs leurs otages.


Conduite à tenir

L'action peut être menée aussi bien en amont qu'en aval de la phase de libération des otages. En amont, elle concerne la recherche de facteurs prédictifs pouvant favoriser l'apparition du syndrome de Stockholm ainsi que les techniques mises en œuvre par les négociateurs professionnels (12). En aval, elle intéresse l'action des médecins présents sur les lieux et pour lesquels une formation préalable en victimologie est souhaitable.


Facteurs prédictifs

On retrouve dans la littérature toute une série de facteurs prédictifs pouvant favoriser ou s'opposer à l'apparition du syndrome de Stockholm.
L'âge de la victime détermine sa vulnérabilité car l'immaturité psychoaffective des sujets jeunes facilite l'apparition de la relation de confiance nécessaire à la genèse du syndrome de Stockholm. Selon certains auteurs, un âge relativement avancé pourrait également favoriser le respect de l'otage par ses ravisseurs (2).

Le sexe de la victime importe également, les femmes paraissant plus vulnérables que les hommes, en particulier lorsqu'elles occupent une position hiérarchique inférieure au sein du groupe des d'otages (les ravisseurs ayant plus facilement tendance à les ménager).

Le nombre d'otages constituant le groupe serait censé favoriser la résistance au syndrome de Stockholm. Ces résultats sont cependant discutés puisque plusieurs syndromes de Stockholm collectifs ont été décrits.

Le degré de cohésion du groupe ainsi que son homogénéité constituent des paramètres de plus grande valeur pour limiter l'apparition de ce syndrome. L'existence de tensions internes en favorise au contraire la survenue.

La longue durée de la prise d'otage est un facteur favorisant dans la mesure où il est nécessaire qu'il s'écoule suffisamment de temps pour que des relations interpersonnelles verbales (et non verbales) puissent s'établir entre les otages et leurs ravisseurs.

La sympathie qu'inspire la cause défendue par les terroristes est également un facteur favorisant l'éclosion du syndrome de Stockholm, bien que cette notion reste encore très discutée à l'heure actuelle. À l'inverse, un membre de la communauté visée par les terroristes se montrera plus difficile à convaincre.

Le type de traitement infligé à l'otage par son agresseur influence également la survenue du syndrome de Stockholm.
En ce qui concerne la personnalité des protagonistes, précisons que c'est surtout celle des ravisseurs qui importe. Un agresseur ayant une personnalité paranoïaque facilitera la conversion des otages à sa cause. Au contraire, la personnalité des victimes semble être très peu prédictive puisque de nombreux auteurs considèrent que le comportement des individus confrontés brutalement à une situation extrême est relativement imprévisible.


Négociations avec les ravisseurs

Intervenir sur une prise d'otage en tant que négociateur ne se résume pas à traiter uniquement l'acte de prise d'otage, mais plutôt à tenter de gérer au mieux une situation de crise susceptible d'exploser à divers niveaux (ravisseurs, otages, familles, autorités, forces de l'ordre, opinion publique) (12). Dans ce contexte, le but de toute négociation consiste à tenter d'obtenir une conciliation ou une reddition dès lors qu'elle est possible (12). Pour cela, la CIA et le FBI proposent des formations spécifiques reposant en grande partie sur l'utilisation de la Programmation Neuro Linguistique (PNL). Le principe général consiste à détecter le mode de communication préférentiel de l'agresseur (visuel, auditif, kinesthésique) et à s'y adapter de manière à optimiser la communication et à augmenter ainsi les chances de succès de la négociation (8, 13).

Il semble également nécessaire de ne pas confier la négociation à un seul individu, mais à un petit groupe constitué de 2 à 4 personnes afin de ménager une « interchangeabilité horizontale » permettant d'établir un dialogue dans les meilleures conditions possible et une « interchangeabilité verticale » destinée à dépasser d'éventuels blocages et à accéder rapidement à un niveau ou la prise de décision est possible. Cette technique est utilisée avec succès dans notre pays par les négociateurs du RAID et du GIPN (12, 6, 14).

Malgré tous les efforts mis en œuvre, il existe malheureusement des situations où les techniques de négociation peuvent avoir des résultats très aléatoires (psychopathes, paranoïaques, mélancoliques) ou être impossibles à utiliser (psychoses aiguës). Il faut également se rappeler que dans un contexte tendu, la situation la plus grave est celle où les ravisseurs refusent le contact. Dans cette éventualité, des cris ou des injures constituent parfois les prémices d'une possible évolution (12). Dans d'autres cas, les techniques de négociation peuvent donner d'excellents résultats (terroristes, droit commun, dépression réactionnelle).


Prise en charge des otages

Durant la phase de libération, l'otage laisse apparaître ses émotions (pleurs, joie, colère). La tension longtemps retenue s'exprime le plus souvent au travers de la verbalisation de la mauvaise humeur exprimée à l'égard des forces de l'ordre ou des décideurs. La mise en œuvre de mesures précoces de soutien psychologique est indispensable. Un « débriefing » rapide est nécessaire pour permettre l'expression des émotions. Il doit en outre favoriser la réassurance et la déculpabilisation.

Il a aussi pour fonction d'informer les victimes sur l'éventuelle apparition d'un syndrome psychotraumatique et sur le risque de survenue d'un syndrome de Stockholm. Au cours du débriefing, il faut favoriser les affirmations qui confirment la sortie du cauchemar « tout est fini, vous êtes sain et sauf » et éviter toutes celles susceptibles de cautionner les transferts positifs vis à vis des ravisseurs « ils ne vous ont fait aucun mal ».

La thérapie de l'otage peut parfois associer sa famille. Elle doit en outre viser à lui épargner les harcèlements médiatiques. Le principe de la prise en charge curative repose le plus souvent sur les techniques abréactives de groupe, mais leur réussite reste très aléatoire. La prise en charge doit alors souvent s'organiser sur le long terme.


Conclusion

Les prises d'otage constituent des agressions sociales tournées vers un individu ou vers un groupe (victimes secondaires), destinées à exercer une contraindre sur autre individu, sur un autre groupe, ou sur une structure (victimes primaires). Ce syndrome semble assez caractéristique de la seconde partie du XXe siècle en raison de la coexistence d'un contexte politique particulier avec un développement spectaculaire de l'influence des médias. La baisse actuelle du nombre des cas s'explique certainement par une meilleure information du public sur l'existence de cette réaction paradoxale (15, 16, 17, 18).

La formation des personnels exposés à certains risques (policiers, journalistes) semble souhaitable pour éviter l'apparition de ce syndrome. Cette formation est, par contre, d'un intérêt discutable pour les personnes potentiellement exposées au risque de prise d'otage (employées de banque, personnel d'ambassades ou de consulats) dans la mesure où la survenue d'un syndrome de Stockholm augmenterait les chances de survie des victimes (16). Il faut cependant souligner que cette pathologie est également bien connue aujourd'hui de certains groupes terroristes spécialement entraînés, qui ont pour habitude d'isoler les otages qu'ils projettent d'exécuter afin de prévenir l'apparition de sentiments positifs réciproques (8).
Dr Eric Torres
SDIS 13

Virginie Grenier-Boley
Psychoclinicienne

Message Publié : 04 Nov 2004, 15:16
par GIPN
en résumé sa donne quoi :twisted:

Message Publié : 04 Nov 2004, 17:45
par Sotek
En résumé? Des personnnes détenues en otage, kidnappées etc... deviennent amies, sympathisent voire tombent amoureuses de leur ravisseur.

Mais je te conseille de lire en entier ce que nous a posté Savage, c'est très intéressant.

On peut retrouver le syndrome de Stockholm dans un James Bond , "Le monde ne suffit pas" il me semble.

Message Publié : 03 Oct 2005, 19:33
par SkullToy
Tout à fait, et la personne atteinte de ce syndrome est notre belle Sophie Marceau PDT_Armataz_02_07

Message Publié : 17 Oct 2005, 11:41
par ade
La prise en otage des magistrats du tribunal de Nantes par G. Courtois et deux de ses complices, le 19 décembre 1985, fut filmée en direct par les équipes de la télévision (Nantes, 1985). 34 personnes furent séquestrées pendant 36 heures, l'une d'elle divorça un peu plus tard pour épouser l'un des malfaiteurs

c est pas la ou le raid est intervenu pour la 1ere fois???

Message Publié : 17 Oct 2005, 11:52
par d.reg
Affirmatif, ce fut la première sortie du RAID.

Message Publié : 17 Oct 2005, 12:06
par savage
ça je savais pas: "l'une d'elle divorça un peu plus tard pour épouser l'un des malfaiteurs"
merci Ade
PDT_Armataz_02_02

Re: Le syndrome de Stockholm

Message Publié : 01 Fév 2017, 09:54
par Killerdog35
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