Au coeur de l'intervention avec le PI2G de Toulouse

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Au coeur de l'intervention avec le PI2G de Toulouse

Message par Charlie Bravo » 30 Juin 2011, 08:46

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Sur le tarmac, le vent des pales de l'hélicoptère balaie tout. À côté de l'appareil, le concours de lunettes de soleil est lancé, les gendarmes comparent, testent la qualité et s'amusent du côté « Top gun » de leur métier. Il faut surtout veiller à bien les attacher : le décollage, ça décoiffe.

Aujourd'hui, ce n'est qu'un entraînement. La veille en revanche, leur intervention à Bordeaux pour une interpellation, chapeautée par le GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale), était bien réelle. Ce peloton d'intervention n'opère que sur des cas délicats : prise d'otage, forcenés, arrestation d'individus armés, etc. Et ce, dans toute la région Sud-Ouest. Ils forment l'échelon sous le GIGN avec un autre peloton d'intervention similaire basé à Orange.

Le pilote arrive, top départ pour l'exercice qui durera deux heures. Neuf descentes à la corde lisse depuis l'hélicoptère pour chacun en moyenne, à 15 mètres du sol, sans aucune sécurité. Vigilance et précision sont de mise. Durant l'exercice, les caractères se dessinent, à chacun sa spécialité, à chacun sa personnalité. L'aérocordage, ils ne l'ont encore jamais pratiqué en intervention, mais ils doivent se tenir prêts. Ils n'ont ouvert le feu qu'une fois en sept ans mais s'entraînent toutes les semaines.


Prêt à confier sa vie à l'autre

Regards, mouvements de tête, petits signes, les équipiers se comprennent rapidement, sans parole. « On ne pense pas au danger, on ne pense pas que c'est risqué », confie l'un d'entre eux. Logique puisqu'ils font tout pour limiter les risques et prévoir au maximum ce qui peut arriver. Mais la famille, elle, n'a de cesse d'y penser, surtout lors des départs en opération. « Ma compagne attend avec impatience le texto de retour d'intervention, raconte l'officier en charge du matériel entre autres. Encore plus depuis qu'elle est enceinte. Moi je l'ai choisi, pas elle, et avec le bébé ça commence à se faire sentir. »

Le départ en intervention peut avoir lieu n'importe quand, même durant l'exercice. Ce n'est pas les hommes du PI2G qui sont appelés, mais l'hélicoptère, pour survoler une zone précise et repérer un individu. Un des gendarmes descend prévenir les autres que l'exercice cesse. Ceux encore embarqués dans l'appareil partent du coup en mission, prêts à descendre dans un jardin s'ils repèrent l'individu recherché. Cette fois, ils rentreront bredouilles.

Après l'entraînement, un débriefing rapide souligne les erreurs et les points à améliorer, celui qui a commis une « boulette » n'aura comme châtiment qu'à payer les croissants du vendredi matin, rituel immuable. Même dans l'exercice, l'équipe fait corps, chacun est prêt à confier sa vie à l'autre. Les équipiers travaillent en trinôme, les partenaires changent d'une opération à l'autre, ils doivent se connaître parfaitement. Plus que leur travail, c'est leur quotidien qu'ils partagent. Durant les entraînements ils pratiquent beaucoup de sports collectifs. En dehors, la vie à la caserne est également collective. Chacun s'entraîne au minimum trois heures par jour, en courant, pédalant, seul ou en équipe. Les 32 gendarmes se doivent d'avoir un physique affûté, rien que pour supporter leur équipement et pour se tirer des situations indélicates dans lesquelles ils peuvent se trouver.


« Un rêve de gosse »

Pour beaucoup, entrer dans ce peloton d'intervention, c'est un « rêve de gosse ». Un géant aux faux airs de Dany Boon qui chausse du 46 a « toujours voulu faire ce métier », même s'il est passé par un bac + 4 en marketing auparavant. « J'avais envie de faire autre chose avant mais cette idée ne m'a pas quitté. J'ai trouvé un boulot qui me permettait de faire beaucoup de sport à côté pour m'entraîner et passer les tests », explique-t-il. Son coéquipier, la peau mate et les traits dessinés, est né dans le bain : « Mon père était flic, mais il m'a poussé vers la gendarmerie ». Lui aussi a eu une autre vie avant de s'engager dans la gendarmerie. « J'ai fait des études de droit, puis de langues et je suis parti deux ans en Angleterre. » Les hommes du PI2G ne sont pas des « bleus », ils ont forgé leur expérience dans d'autres pelotons d'intervention auparavant.

« On a chacun notre quête du Graal », dévoile le capitaine. Son Graal il l'a atteint, c'est ce peloton, le PI2G, qu'il a conquis voilà bientôt deux ans. « À l'école, j'ai rien fichu, avec la gendarmerie on peut arriver à des postes à responsabilités intéressants », décrypte le capitaine. De « gendarme lambda » dès 18 ans, il se forme, continue les certifications et se spécialise à la fois dans le sport et les interventions à coups de stages. Il passe par les pelotons de gendarmerie mobile, puis enseigne à Saint-Astier, le Centre national d'entraînement des forces de la gendarmerie avant d'arriver au peloton d'intervention interrégional à Toulouse. Cela a été pour lui l'occasion de gravir « l'ascenseur social » qui, à ses yeux, ne reste pas bloqué dans ce métier. « Il n'y a rien de plus gratifiant que d'apporter une solution aux problèmes des gens, de leur dire '' on est là et on va vous aider''. Notre seul but, c'est la sécurité », analyse le capitaine.


Sud Ouest 30/06/2011
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Re: Au coeur de l'intervention avec le PI2G de Toulouse

Message par Charlie Bravo » 06 Juil 2011, 16:24

De l'action au quotidien

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Caserne Courrège, à Toulouse, les locaux du peloton d'intervention interrégional de la gendarmerie jouxtent ceux des autres gendarmes toulousains. Ils partagent avec eux la vie de caserne, mais leur quotidien diffère. Une longue salle rectangulaire avec quelques chaises, réservée aux briefings et débriefings, un bar improvisé pour échanger après interventions et exercices, le tout pour veiller à entretenir un fort esprit d'équipe. Seuls les capitaines ont un bureau, réservé aux tâches administratives. « Mes hommes n'ont pas besoin de rester assis derrière un bureau », rit le capitaine.

Leur lieu de travail, c'est plutôt la salle de sport, celle des armes et de tir, ou encore le tarmac de la base de Francazal, où ils s'entraînent une fois par mois à l'aérocordage. Leur terrain de prédilection reste les lieux d'intervention, qui n'ont rien d'un jeu. « On y va sans penser que c'est risqué, on travaille sans cesse pour que ça ne le soit pas », analyse l'un des équipiers, petit brun d'une trentaine d'années. Spécialité : tireur d'élite.

En face d'eux, des preneurs d'otages, des forcenés, des personnes armées ou susceptibles de l'être. Toujours des suspects dangereux.


En lien avec le GIGN

Le peloton d'intervention interrégional de la gendarmerie de Toulouse est composé de 32 hommes, tous gendarmes, triés sur le volet et prêts à « décoller » en trente minutes pour se rendre sur le lieu d'intervention. Sélectionnés sur leurs compétences, leur détermination et leur stabilité émotionnelle par une commission présidée par un commandant du GIGN, ces gendarmes d'élite sont de vrais athlètes. Trois heures au minimum d'entraînement sportif quotidien, seul ou en groupe, pour affûter leur carrure. Avec 30 kilos d'équipement à porter durant les interventions, cet entretien physique est nécessaire.

Il existe uniquement deux pelotons de ce genre en France. Celui de Toulouse, donc, et un autre basé à Orange. La création d'un troisième dans l'est du pays est à l'étude. Hiérarchiquement, ils forment l'échelon juste en dessous du fameux GIGN, avec lequel ils collaborent étroitement. D'ailleurs, tous ont suivi une formation de huit semaines au sein du GIGN.

De 2004 à 2007, le peloton toulousain était en expérimentation. Il a été officiellement inauguré à la rentrée 2007. Ce peloton permet un maillage du territoire plus important et une réactivité précieuse sur le terrain qu'il couvre, à savoir quatre régions : Poitou-Charentes, Aquitaine, Limousin et Midi-Pyrénées. Au sein du groupe, deux spécialités se dégagent. D'une part, les « appuis observateurs », premiers sur les lieux. Ce sont de parfaits tireurs qui vont au plus près du suspect pour donner des informations à leurs collègues, éloignés de la scène. « Il faut se faire oublier, devenir un fantôme. L'un des suspects s'est approché à moins d'un mètre de moi, il ne m'a pas remarqué », raconte l'un d'eux. Sang-froid et réactivité sont de mise.

L'autre spécialité, c'est la « cellule effraction », un nom éloquent. Son but est de faire sauter une porte ou n'importe quel obstacle pour permettre au reste de l'équipe de pénétrer sur les lieux. « Ils ont huit secondes, rapporte le capitaine. C'est le temps de réaction estimé pour qu'un individu pris par surprise réagisse. »


Pas des cow-boys

Chaque année, le peloton réalise plus de 60 interventions, soit plus d'une par semaine. Et, depuis sept ans, ils n'ont ouvert le feu qu'une fois, en guise de réplique, blessant l'homme armé à la main. « Ce n'est pas le but, nous tentons tout avant d'en arriver là », commente le capitaine. Des négociateurs sont dépêchés sur place, le Taser est utilisé, ou des interventions à mains nues pour saisir une arme blanche sont engagées.

L'un des gendarmes confesse n'avoir encore jamais eu à ouvrir le feu - « Et j'espère ne jamais avoir à le faire », martèle-t-il, conscient des conséquences pour lui et le suspect.

Les gendarmes choisis sont tous chevronnés. Quand ils étaient gamins, ils rêvaient déjà d'intégrer une telle unité. Ils profitent de la « chance » d'exercer au sein du peloton d'intervention. Humbles, ils ont pour la plupart vadrouillé auparavant, un bac + 4 en marketing en poche pour l'un, des études de droit et de langues pour un autre. Ils veillent à se préserver, eux et leur famille. Les trois quarts sont pères et connaissent l'angoisse des proches restés à la caserne alors qu'ils sont sur un terrain risqué. « Ma femme attend les textos d'après-intervention avec impatience, confie un des gendarmes. J'ai choisi cette vie, pas elle. »

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Sud Ouest 6/07/2011
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Re: Au coeur de l'intervention avec le PI2G de Toulouse

Message par Stef974 » 06 Juil 2011, 17:29

Marrant, pil-poil ce que j'ai fait ce matin !
Corde lisse, EC-145, hommes en noir, tout y est…
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Re: Au coeur de l'intervention avec le PI2G de Toulouse

Message par Charlie Bravo » 06 Juil 2011, 19:48

Journaliste à sud ouest ça te tente ? Bon le PI2G, ce n'est pas le GIPN, mais ça vaut bien hein. PDT_Armataz_02_26
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Re: Au coeur de l'intervention avec le PI2G de Toulouse

Message par Why » 06 Juil 2011, 21:22

Charlie Bravo a écrit : Bon le PI2G, ce n'est pas le GIPN, mais ça vaut bien hein.


Question de temps je pense.
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Re: Au coeur de l'intervention avec le PI2G de Toulouse

Message par Stef974 » 07 Juil 2011, 00:51

Ils ont chacun leurs qualités…

Non Charlie, pas de journalisme, ma place est bien plus confortable !
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Re: Au coeur de l'intervention avec le PI2G de Toulouse

Message par zoby_Zoba » 07 Juil 2011, 09:51

Tiens je viens de m'apercevoir que j'ai l'original de l'article PDT_Armataz_02_29
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zoby_Zoba
 
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