DGSE - Service Y et Section Alpha

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DGSE - Service Y et Section Alpha

Message par zoby_Zoba » 18 Mai 2012, 16:07

Est ce que quelqu'un aurait des infos sur le Service Y et la Section Alpha de la DGSE ? Ces 2 unités sont citées dans le livre La guerre de l'Ombre des français en Afghanistan de JC. NOTIN.

Apparemment ce sont 2 sections destinées à effectuer les basses besognes de la DGSE comme les assassinats. Visiblement ce n'est donc pas au SA de faire cela.
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Re: DGSE - Service Y et Section Alpha

Message par Rob1bureau » 18 Mai 2012, 17:02

Le Service Y c'est un service de cambrioleurs en gros, chargés de piquer des documents. Ils opèrent sur le territoire français, et peut-être à l'étranger, en visitant les chambres d'hotêls d'hommes d'affaires étrangers, en ouvrant des valises diplomatiques, etc.

Ce service aurait porté les noms de Service 7, Service Y, Service KY, Service Operations (SO)...

La section Alpha ca ne me dit rien. C'est vraiment dans le bouquin de Notin ?
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Re: DGSE - Service Y et Section Alpha

Message par zoby_Zoba » 18 Mai 2012, 17:12

Ha oui pour le service y ça me revient il parle de cambriolage. Le nom "section Alpha" (bien que ce soit aussi le titre du dernier bouquin de Martinet) apparait bien, une fois seulement, dans le livre de JC Notin comme étant la section chargée des assassinats et des neutralisations physiques.
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Re: DGSE - Service Y et Section Alpha

Message par Rob1bureau » 18 Mai 2012, 17:55

(message édité)
J'ai retrouvé le passage sur les "sections alpha du SA" (p. 456). Assez logique que ce soit un unité du SA.

--------------

Sinon comme ca "à froid", je n'ai pas l'impression que les services effectuent très souvent des assassinats. Même la CIA est assez loin de l'image qu'en donnent les films (les enquêtes parlementaires qui ont dévoilé ce sujet parlent de plans envisagés pour cinq leaders étrangers mais aucun exécuté).

Donc je ne vois pas trop l'intérêt de créer une section dédiée. En cas de besoin, il suffit de prendre un homme expérimenté dans des missions similaires (commando si on peut s'approcher de la cible de manière camouflée, officier traitant si on le fait sous fausse identité) et qui n'aura pas d'hésitation à appuyer sur la détente.
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Re: DGSE - Service Y et Section Alpha

Message par marchall » 18 Mai 2012, 18:11

J’étais sur que robin tu allais participer à cette conversation.
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Re: DGSE - Service Y et Section Alpha

Message par Rob1bureau » 18 Mai 2012, 18:13

On ne se refait pas PDT_Armataz_02_32
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Re: DGSE - Service Y et Section Alpha

Message par marchall » 18 Mai 2012, 18:22

ouep ! mais tu m’impressionne avec t'es connaissances sur les services secrets
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Re: DGSE - Service Y et Section Alpha

Message par Rob1bureau » 18 Mai 2012, 21:42

Pas mal de lectures, beaucoup de rechercher sur le net, une bonne mémoire et la conservation de notes dans un coin de mon disque dur PDT_Armataz_02_03

Pour revenir au sujet, je dois dire que malgré tous mes talents réels ou supposés, je n'ai aucune info fiable sur l'organisation interne des services de la DGSE... quand je vois par exemple que le service du matériel du SA est appelé salle 20 dans un livre, salle 10 dans un autre, hein... faut pas trop espérer non plus.
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Re: DGSE - Service Y et Section Alpha

Message par zoby_Zoba » 18 Mai 2012, 23:43

Les services secrets doivent rester "secrets" PDT_Armataz_02_02
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Re: DGSE - Service Y et Section Alpha

Message par Rob1bureau » 19 Mai 2012, 22:19

Bon, je n'ai pas pu m'empêcher de fouiller un peu sur le service Y pour voir ce que je pouvais retracer de son histoire. Petit plaisir dont je fais partager le résultat :

Ce fameux service semble avoir été créé fin 1947. A l'époque, le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) était divisé en plusieurs services, dont le Contre-espionnage (CE ou service 23), le service de Recherche (SR ou service 25) et le service Action (SA ou service 29).

Une section Opérations spéciales (ou section 25 2/4), dépendante du SR, est donc créé fin 1947 et à l'époque commandée par le capitaine Guy Marienne dit "Morvan" et son adjoint Guy Duboÿs. (Roger Faligot et Pascal Krop, La Piscine)

A l'époque, l'idée de collecte de renseignement par "recherche opérationnelle" semble être assez novatrice pour un service de renseignement français qui s'est jusqu'alors beaucoup reposé sur des sources humaines, un peu de surveillance, et de nombreuses fiches. Les "opérations spéciales" permettent de mettre la main sur des documents de l'adversaire, dérobés en ouvrant son courrier diplomatique, en cambriolant ses chambres d’hôtel, etc. Évidemment, le tout doit être fait sans laisser de trace pour ne pas être repéré.

A noter que ce service a débordé ces activités au cours de son existence, et ce dès ses débuts puisqu'en 1948, des membres de ce service dont Raymond Hamel, Louis Mouchon et Marcel Le Roy ("Finville") sont chargés d'organiser des réseaux "stay behind", mission pour laquelle de nombreux noms de codes ont été évoqués (Mission 48 - sans doute en raison de l'année, Rose des vents, Plan Bleu, arc-en-ciel etc.). Le réseau aurait existé une décennie avant d'être désactivé lors du retour de de Gaulle au pouvoir. (voir l'article de Charles Cogan, « “Stay-Behind” in France: Much Ado About Nothing? » qui synthétise le peu qui est connu sur le sujet des Stay-behind français)

Autre débordement, l'entretien d'honorables correspondants (HC). Si on peut comprendre l'intérêt d'un tel service d'avoir ses informateurs dans les gares et aéroports pour leur signaler des passagers dont il serait intéressant d'ouvrir les bagages, on voit nettement moins pourquoi c'est ce service qui demande à des pilotes d'Air France de "s'égarer" lors de leurs vols en URSS pour photographier des installations militaires...

Vers 1958 les services du SDECE sont réorganisés.
(http://lemondedurenseignement.hautetfort.com/archive/2008/02/24/le-sdece-puis-la-dgse-depuis-leur-creation-structures.html)
En fait, c'est surtout un jeu de changement de nom, puisque SR, CE et SA continuent à exister sous les noms de service 3, 4 et 8 respectivement. On note cependant que deux nouveaux services sont créés, consacrant leur montée en importance : le service 6 ou base « Bison », centre de traitement de HC, et le service 7 qui remplace la section 25 2/4, désormais dirigé par Marcel Le Roy « Finville » et son adjoint Jean-Pierre Lenoir.

Curieusement, ces deux services seront tous deux mêlés à des affaires politiques à quelques années d’écart, et qui leur coûtera cher. Pour la base Bison, c’est l’affaire Markovic en 1968 sur laquelle je ne m’attarde pas. Pour le service 7, ce sera l’affaire Ben Barka en 1965.

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Marcel Le Roy « Finville », enthousiaste pratiqueur des opérations d’acquisition de renseignement, qui tirera pas mal la couverture à lui dans sa biographie écrite par Philippe Bernert, SDECE Service 7 : l'histoire extraordinaire du colonel Le Roy-Finville et de ses clandestins.

Dans les années 60, à en croire « Finville », le service 7 opère une vingtaine de laboratoires d’ouvertures de valises rien que sur Paris, fête l’ouverture de la 2000e valise diplomatique. Ses hommes ouvrent les colis d’une compagnie japonaise, fouillent les poches de veston d’un ministre américain dans sa chambre d’hôtel à Cannes, cambriolent les coffres-forts d’ambassades, empruntent le réacteur d’un Tupolev à Orly, et ramassent des documents confidentiels dans les égouts d’Allemagne de l’Est.

L’importance prise par le service 7 s’explique en partie par l’absence d’autre service de « recherche opérationnelle du renseignement ». Le service Action, qui de toute manière n’est censé faire que du renseignement à vue d’action, est bien occupé avec la guerre d’Algérie, puis immédiatement après se voit largement réduit (le 11ème Choc étant dissout en 1963 sur soupçons de sympathie avec l’OAS). Cette importance et ce débordement des rôles fait probablement des envieux, et sa constitution essentiellement de civils n’a pas dû être bien vue par les militaires qui tiennent à l’époque les rênes de la maison.

Arrive l’affaire Ben Barka en 1965. Mehdi Ben Barka, opposant marocain, est enlevé à Paris le 29 octobre 1965 par des truands-barbouzes à la solde des services secrets marocains. Il ne sera jamais retrouvé. L’affaire devient politique quand il s’avère que des policiers de la Préfecture de Police de Paris (PP), manipulés par leur informateur Antoine Lopez, ont participé à l’enlèvement, et que le service 7, précédent utilisateur de Lopez comme HC (il était chef d’escale d’Air France à Orly), était au courant. Le reste du SDECE s’empresse de lâcher « Finville », dans le box des accusés, comme s’il était le seul de la maison en tort. Version qui ne tiendra pas vraiment au procès, ce qui, il est vrai, aurait été difficile puisqu’une note de « Finville » au directeur général datant de cinq mois avant l’enlèvement signalait déjà les plans des truands…

« Finville » sera acquitté, personne plus haut dans la hiérarchie ne sera inquiété, et l’étonnant fermage des yeux des autorités françaises pourtant au courant de la préparation de l’enlèvement de Ben Barka n’a jamais été expliqué.

« Finville » fut limogé du SDECE, plusieurs de ses collaborateurs étaient désormais grillés puisqu’ayant témoigné au procès public, et pas mal d’autres hommes du service 7 fuirent une ambiance qu’on imagine tendue en se faisant affecter ailleurs. Restait un « service des opérations clandestines » réduit avec à sa tête un militaire, le colonel Jacques-Henri Hervé.

Il n’est donc pas très étonnant qu’on ait beaucoup moins entendu parler de ce service pendant les décennies qui suivirent. Un ancien directeur général dira cependant – anonymement – avoir médaillé tous les perceurs de coffres-forts du service KY, preuve de leur discrète efficacité (Pascal Krop, Les secrets de l'espionnage français de 1870 à nos jours). Un auteur américain imaginera de vilains monte-en-l’air français escaladant les murs d’un ministère indien responsables de l’attribution d’une commande de chasseurs à Dassault, constituant une concurrence déloyale ainsi qu’une insupportable intervention d’un Etat au profit d’une entreprise privée (Krop, d’après Peter Schweizer, Friendly Spies. On notera que cette époque fut particulièrement propice à des accusations d’espionnage économique dans les deux sens).

En 1989, Claude Silberzahn réorganise la DGSE en cinq grandes directions, qui existent encore aujourd’hui. La direction des opérations (DO) est créée à cette occasion, qui, « outre l'action clandestine, est en charge de l'ensemble de la recherche du renseignement par voie opérationnelle » (Claude Silberzahn et Jean Guisnel, Au cœur du secret). Cette recherche opérationnelle est menée par le « Service Y », mais ça, il faudra attendre un peu pour le savoir. De même qu’il faudra attendre 2010 pour qu’un livre signale l’existence au sein de la DO du Service Mission, chargé du renseignement humain dans les zones de crises où la France n’a plus d’ambassade active.

Enfin, le 30 novembre 2010, le PDG de la compagnie chinoises Eastern Airlines surpris dans sa chambre d’hôtel à Toulouse trois hommes qui fouillent sa valise. Les curieux parviendront à s’éclipser et la police n’arrivera pas (volontairement ou non) à les retrouver, mais l’affaire aura droit à une petite publicité sans doute malvenue. Cette bévue aurait entraîné la mise en veille de toutes les activités du « service Opérations (SO) », et l’avenir même de sa petite centaine d’opérateurs aurait été remise en question. (Le SO sur la touche à la DGSE, Intelligence Online)
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Re: DGSE - Service Y et Section Alpha

Message par Rob1bureau » 17 Nov 2012, 15:18

Pour ceux que les histoires de monte-en-l'air intéressent, je signale deux livres avec des passages intéressants :

- sur la DCRI, un chapitre sur la "sous-direction R" dans le livre L'espion du président de Olivia Recasens, Didier Hassoux et Christophe Labbé.

- sur le FBI, le livre The Secrets of the FBI de Ronald Kessler fournit pas mal d'informations sur les astuces et techniques utilisées. Ce niveau de détail est d'ailleurs impressionnant car il s'agit non pas de sources anonymes mais d'un récit autorisé avec des témoignages d'anciens agents "on the record".
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Re: DGSE - Service Y et Section Alpha

Message par zoby_Zoba » 13 Jan 2013, 10:58

Ha beh merci pour tout ce bel historique Rob1 !
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