RAID - GIGN

Image

Modérateur: Equipe

RAID - GIGN

Message par Invité » 22 Fév 2008, 12:23

Article paru dans Police Pro de ce mois

"2008 sera l'année du rapprochement RAID-GIGN. Le président de la république Sarkozy l'a souhaité à plusieurs reprises, et les conclusions du Livre Blanc sur la défense et la sécurité iront dans le sens d'une mutualisation des compétences au profit de la "défense globale", qui transcende les clivages anciens de services et d'administrations. Au profit de l'antiterrorisme , et de la sécurité des Français et des institutions. Et la revue générale des politiques publiques (RGPP) applaudira des deux mains parce que ce rapprochement, facteur d'efficacité opérationnelle, sera, de plus, générateur d'économies budgétaires. Ou d'augmentation de pouvoir d'achat pour les deux services.

A plusieurs reprises, ils ont été engagés simultanément, mais jamais de façon trés intégrée. On les avait, par exemple, retrouvés ensemble sur la protection de la Coupe du monde de football, en 1998, ou à Evian, pour la sécurisation du G8 (2003), ou encore en Normandie , pour les commémorations du "D-DAY" (2004). Mais de l'aveu des deux services eux mêmes, cela ne se faisait pas systématiquementdans l'harmonie, malgré une évidente et nécessaire coordination préalable. Cela dit, les patrons du RAID et du GIGN avaient dès lors pris l'habitude de confronter leurs sujets d'intérêt.
C'est la croissance du risque de prise d'otages massive (PROM), plus largement, du risque terroriste, et la volonté des opérationnels de mieux se concerter, qui ont mené au rapprochement acutel.

Le champ potentiel est trés large : formation des spécialistes des unités, formations d'unités étrangères en France sur place (1), achat en commun d'équipements (on évoque déjà des véhicules), mais aussi, et avant tout, standardisation des procédures et de certains équipements.

Au premier chef, et évidemment, les communications. Le GIGN est en train d'adopter la norme ACROPOL déployée par la Police, dans un mode spécifique pour le RAID (et certaines unités particulières comme le SPHP, le GSPR etc..). Depuis quelques semaines, RAID et GIGN étudient également différents modules devant leur permettre d'êtres engagés simultanément sur une PROM, dans un stade de football, une salle de concert ou un A380 à deux étages qui comportera un jour jusqu'à 1000 passagers.

Appuis (tireurs d'élite hélicoptères), pénétrations, soutien technique (sonorisation, récupération d'imagerie), tout est passé au crible pour être prêt le jour où. D'ores et déjà, un exercice de grande ampleur est prévu d'ici l'été. Il sera précédé de plusieurs petits exercices pour roder les protocoles, et ce, dans la plus grande discrétion.
C'est aussi dans ce cadre que le RAID a proposé d'ouvrir à un commandant de gendarmerie l'accés au poste d'adjoint au chef du détachement central interministériel (DCI), commandé par le chef du RAID. Cette structure regroupe principalement les compétences en matière de lutte NRBC.
Parmi les traductions concrètes de ce nouvel esprit, les snipers des deux groupes ont participé ensemble à une campagne temps froid, en Russie, en Janvier. Des référents ont aussi été mis en place dans les deux unités. Par delà les PROM, RAID et GIGN échafaudent déjà aussi les prochains modules de protection des sommets européens (2) en France. C'est la DGPN qui gère ce dossier, et là aussi, pour la première fois, les deux services fourniront des prestations intégrées. On ignore cependant encore si les équipes de protection seront panachées police-gendarmerie (3).

Cette mutualisation des talents s'incarne aussi dans le même bénéfice de certaines prestations. Jusqu'à maintenant, le groupe interarmées d'hélicoptères (GIH, dépendant du commandement des opérations spéciales) travaillait exclusivement au profit du GIGN.
Basé à Villacoublay (Yvelines), à 300 mètres du siège du RAID, désormais il va vraisemblablement diversifier sa "clientèle".
Et ce d'autant plus logiquement que pendant l'affaire AZF, le RAID avait utilisé des Puma de l'armée de terre. L'entretien des qualifications d'aérocordage est cependant vital pour la sécurité des opérations.
Tout comme une parfaite connaissance mutuelle est la base du travail des unités particulières.

Les gendarmes mettent aussi en oeuvre quatre véhicules Haras, destinés notamment mais pas exclusivement à l'assaut sur avions (4).
De même, le GIGN dispose d'installations représentatives (bâtiments, landes, permettant le tir libre, dans l'Essonne et dans les Yvelines).
Le RAID , lui, bénéficie à demeure d'un stand de tir ultramoderne (un close quarter battle, en fait) et il aura sans doute à coeur de l'ouvrir à ses homologues.

Enfin, il n'est pas dit que les "terroristes opérationnels" issus de l'histoire demeurent en l'état. D'autant plus qu'ils sont souvent très artificiels. Le RAID s'entraîne régulièrement à l'assaut sur avions et d'ores et déjà, sur l'A380.
Au delà de ce partenariat au sein de la sécurité intérieure, le RAID consolide aussi son assise et sa prééminence au sein de la Police Nationale même. Le nouveau chef de l'unité, Amaury de Hauteclocque (5) entend valoriser l'apport du RAID au contre-terrorisme. Et de le faire revenir sur des terrains qui lui ont donné ses titres de gloire : les terrorismes d'origine basques et d'origine islamique (vague d'arrestations en 1996, assaut de Roubaix, etc..).
Sans abandonner les réseaux corses, mais sans non plus s'y consacrer exclusivement.
Il reste à voir comment, pratiquement, cette vision s'accordera de la refonte des services de renseignement intérieur au sein de la DCRI (voir Police Pro N°6), et qui sera officiellement créée en juillet prochain. Notamment parce que la DST aligne actuellement un groupe d'appui opérationnel (GAO) chargé, entre autres, des interpellations de suspects à risques.

L'untié de Bièvres fournit toujours "à la demande" des éléments pour la protection présidentielle : tireurs, principalement, mais aussi plongeurs et spécialistes de la protection rapprochée, lesquels ont ainsi l'occasion de retrouver d'anciens du RAID qui poursuivent leur carrière au GSPR.

Le RAID consolide aussi la chaîne d'intervention "police" (hors BRI 75, qui reste autonome), autour des GIPN. Avec des procédures communes, la Police pourrait donc engager plus de 400 spécialistes en cas de besoin. Des hommes rompus au tir de précision en milieu urbain, mais aussi aux protections particulières, en France comme à l'étranger.

C'est à peu de choses prés, le format et les compétences alignés par le GIGN, refondu au 1er septembre 2007 (6).


1 : A quelques reprises, les Français des deux services se sont découverts, par surprise, à former des unités étrangères dans le même pays.
2 : La France assurera la présidence de l'Union Européenne au deuxième semestre 2008.
3 : Vu le court délai, cela reste peu pensable ; de plus, cela n'aurait que peu d'intérêt au delà du symbole.
4 : Le remplacement de ces véhicules commence à être envisagé, et ce pourrait être le premier exemple d'achat mutualisé.
5 : Venu de l'UCLAT (voir Police Pro n°7).
6 : A cette date, c'est le colonel Denis Favier, qui commandait le GIGN en 1994 lors de l'assaut de l'Airbus à Marignanne, qui a pris les commandes de cette unité consolidée par l'apport de l'EPIGN et gu GISA."


ARTICLE ECRIT PAR M. JEAN MARC TANGUY paru dans POLICE PRO N°8
Invité
 

Message par didier bac » 22 Fév 2008, 13:15

Superbe article !!!

J'ai acheté ce magazine hier et il est très bien !!

En plus, il y a un article sur les tests de sélection du RAID et des GIPN.
Avatar de l’utilisateur
didier bac
 
Message(s) : 95
Inscription : 14 Mars 2007, 20:15
Localisation : ile de france


Retour vers Gendarmerie / Police

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Bing [Bot] et 2 invité(s)

cron