Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a accordé aujourd’hui une interview au journal 20 Minutes. Décryptage.
« Si j’avais d’autres renseignements, je ne vous le dirais pas ». Voilà qui est dit. Les services de renseignement alertent depuis plusieurs années le pouvoir politique sur une dégradation sans précédent de la situation sécuritaire dans la zone sahélienne. Six otages français sont retenus dans le nord du Mali et AQMI menace la France d’attentats. Cela suffit à justifier une intervention militaire au Mali sous l’impulsion de la France.
Balayant aussitôt toute polémique sur les contraintes budgétaires qui pèsent les OPEX, le ministre de la Défense précise que « ce n’est pas une opération de type Afghanistan. Les montants se justifient par l’importance du sujet ». Pour autant, l’armée française pourrait-elle se permettre de consommer trois cents millions d’euros au Mali, comme en Libye en 2011, du fait de l’importance stratégique de cette intervention ?
Par rapport à la présence de français dans les rangs djihadistes, le ministre s’en tient à expliquer qu’il ne peut « [...] rien dire. Mais si on laisse les choses en l’état, une filière d’entraînement et de formation au terrorisme va se créer ». Au sujet de la possession de missiles sol-air, il se dit régulièrement qu’AQMI en a reçu en grandes quantités depuis la chute de Kadhafi… Le ministre explique que « cette hypothèse n’est pas pour l’instant vérifiée ». Pour autant, les djihadistes se préparent activement à la guerre. Depuis plusieurs mois, ils recrutent des hommes et achètent beaucoup de matériels (véhicules, carburants, armes, munitions…).
La France attend un soutien européen pour ne pas s’engager seule au Mali. Celui-ci se manifestera le 15 octobre selon le ministre de la Défense. Un soutien vraisemblablement britannique, mais quel autre Etat européen semble avoir intérêt à aller au Mali ? Les Etats-Unis seront eux en mesure d’apporter une aide notamment en guerre électronique. La France se retrouvera quoiqu’il arrive en première ligne avec des militaires des Forces Spéciales au sol ainsi que des hélicoptères (Puma, Cougar, et pourquoi pas des Gazelle et des Tigres ?) et des aéronefs (douze aéronefs sont prépositionnés au Tchad sans compter d’autres prépositionnés en Mauritanie et au Burkina-Faso).
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