Initié après les émeutes en novembre 2005, le débat se prolonge désormais avec la sénatrice Samia Ghali (PS) des Bouches-du-Rhône qui a accordé une interview au Parisien dans lequel elle émet l’idée de dresser des barrages avec des militaires à l’entrée des cités marseillaises.
« [...] je prône le recours à l’armée pour bloquer l’accès des quartiers aux clients des dealeurs. Comme en temps de guerre, avec des barrages. Et même si cela doit durer un an ou deux, il faut tenir ». Nouveau coup d’éclat médiatique en faveur d’une intervention militaire dans les banlieues françaises. Mais de quoi parle-t-on exactement ? L’armée peut être amenée à intervenir sur le territoire national en cas d’état d’urgence. Celui-ci avait été décrété lors des émeutes dans les banlieues en novembre 2005, interdisant les rassemblements, autorisant les couvres-feu ainsi que les perquisitions de nuit. L’armée n’avait pas été appelée en renfort à l’époque, le calme était pourtant revenu au bout de trois semaines de confrontation entre les délinquants, souvent mineurs, et les forces de l’ordre.
« Ce serait une mesure totalement aberrante, c’est impossible d’instaurer des checkpoints pour contrôler tout le monde qui entre ou qui sort d’une cité », confie un policier en Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) dans la police nationale depuis quinze ans. « Nous sommes dans un Etat de droit, nous interpellons les clients des dealeurs et les réseaux de trafics de stupéfiants en flagrant délit, pas en les bloquant à l’entrée d’une barre d’immeuble sur de simples soupçons. Il n’y a aucune base légale pour qu’un tel projet puisse se concrétiser. Et puis, l’armée a autre chose à faire que de dresser des barrages dans les cités de France », renchérit-il.
Quelles solutions alors pour améliorer la situation des banlieues ? « Il faut commencer par casser les barres d’immeubles pour désenclaver les cités. [...] Il faut également rétablir le service militaire pour obliger les jeunes qui arrêtent l’école trop tôt à sortir de leur quartier et à apprendre la discipline », a soutenu la sénatrice dans son interview. « Qu’on nous laisse travailler en nous donnant les bonnes consignes, les politiques feraient mieux d’arrêter de nous demander de nous retirer pour éviter la confrontation avec les délinquants. Tout le monde craint une nouvelle flambée de violence mais il ne faudra pas l’attendre pour prendre le problème à bras le corps », explique notre policier. « Concrètement, nous pouvons avoir besoin ponctuellement d’unités d’intervention comme cela a été le cas lors des émeutes de Grenoble en juillet 2010. Le RAID et le GIPN ont épaulé les CRS et les gendarmes mobiles ».
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